Quelle soirée avec cette n°6 !
Par Lynda Ouellet
C’est ce soir à la Maison Symphonique que Rafael Payare et l’Orchestre Symphonique de Montréal démontrent leur virtuosité en nous offrant la Symphonie n°6 de Gustav Mahler avec, en première partie la mezzo-soprano, Beth Taylor.
Pour la mise en bouche, Beth Taylor, grande finaliste du concours BBC Cardiff Singer of the World 2023 et lauréate du prix Elizabeth Connell 2022 interprète cinq des douze lieder d’Alma Malher, d’une durée de 17 minutes.
Le terme allemand « lieder » signifie « chansons » soit une mélodie pour voix et piano sur un texte poétique allemand. On dit qu’Alma Malher, épouse de Gustav, aurait composé ces lieder dans le cadre de deux étés où elle s’est inspirée de la réconfortante pensée que lui apportaient la nature et l’amour.
L’intrigante symphonie !
Après la pause, Rafael Payare et l’OSM déploient cette intrigante Symphonie n°6. Les quatre mouvements reflètent une œuvre grandement bouleversante. La Sixième de Mahler est pour un public averti, qui sonde les profondeurs d’une musique ombrageuse, voire pénétrante et chargée de noirceur. C’est sombre et cela finit sombrement. On en sort frissonnant, pantois, songeur et où on doit remettre l’angoisse à sa place. Toutefois, on en sort aussi béat d’admiration à voir le maestro Payare s’exécuter devant tant de subtilité musicale. Il arrive à entraîner ses musiciens dans une cadence hallucinante et une célérité enivrante.
La tragique !
On entend dans le 2e mouvement, des cloches de vaches qui symbolisent « la solitude de l’homme au sein de la nature ». Il y a aussi le marteau, l’énorme marteau dans la finale, qui représente « le destin » et le xylophone qui personnifie le « rire du diable ». Il faut être attentif, il a y aussi des cloches graves pour un « credo religieux ».
Tout est songé, tout sort de l’âme torturée du compositeur qui malgré une apparence de sa vie réelle plutôt heureuse au moment où il l’a composé dira : « là, j’ai essayé de rassembler les morceaux épars de mon moi intérieur ». C’est sa symphonie la plus personnelle. Une Sixième Symphonie en la mineur qu’il a intitulée Tragique, c’est tout dire.
Pour l’histoire, Alma a laissé entendre que son mari l’avait composé en présage des drames qui l’ont assailli quelques années plus tard, soient la perte de leur fille de quatre ans, son état de santé fragile et la perte de son poste comme directeur de l’Opéra de la Cour de Vienne. Une vraie tragédie!
À revoir !
Toutefois, le chef Payare et l’OSM lui ont rendu tout un hommage en interprétant cette Symphonie n°6 majestueusement. À la sortie, nous reprendrons notre souffle et, pour la route du retour, remettrons à nos oreilles la Sixième Symphonie afin de la réécouter pour en découvrir encore toutes ses subtilités.
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