Un gala engagé dans une vague d’émotions
© Angéline Gosselin/MatTv.ca
La 39e édition du Gala de l’ADISQ se déroulait dans la salle Wildfrid-Pelletier à la Place des arts. Il va sans dire que l’événement prenait place dans de lourdes circonstances dues à l’actualité des dernières semaines. En plus de l’industrie de la musique qui bas de l’aile, le milieu artistique a vécu une vague de dénonciations concernant le harcèlement et les agressions sexuelles. Même si certains artistes se sont prononcés sur ces sujets, l’ensemble du gala était tout de même festif et émouvant.
Le gala a commencé avec un numéro d’ouverture plus court et moins diversifié qu’à l’habitude. La prestation a inévitablement commencé par Alaclair Ensemble qui ont improvisé leur chanson Ça que c’tait version ADISQ. Charlotte Cardin a enchaîné le spectacle d’introduction au piano suivi de Daniel Bélanger. Ces choix d’artistes principaux ne relevaient pas du hasard. Effectivement, cette édition de l’ADISQ mettait de l’avant le Hip-Hop ainsi que les femmes. Daniel Bélanger, quant à lui, a gagné deux prix, soit celui d’auteurs-compositeurs-interprètes, spectacle de l’année et album pop de l’année.
Effectivement, le hip-hop avait une place de choix cette année puisque c’était la première fois en 39 ans que la catégorie artiste hip-hop de l’année se trouvait dans le gala du soir au lieu de celui en après-midi. Ce prix a été présenté par François Bellefeuille qui soulignait lui-même l’absurdité de sa présence sur scène avec beaucoup d’autodérision. C’est les gars d’Alaclair Ensemble qui ont reçu le prix en soulignant avec fierté l’importance de ce changement pour le Hip-Hop québécois et en dédiant ce Félix à l’ensemble des artistes de ce genre musical. Dans cette même ère de changement, Klô Pelgag a gagné le prix Auteur-compositeur de l’année . Elle mentionne, entre autres, être la première femme en 24 ans à gagner ce prix avec des remerciements très honnêtes et fidèles au personnage.
Patrice Michaud a lui aussi été récompensé à deux reprises pour chanson de l’année et interprète masculin de l’année. Patrice Michaud a d’ailleurs donné une performance dynamique en duo avec Émile Bilodeau qui a gagné son premier Félix pour révélation de l’année. L’an dernier, ce prix avait été gagné par Safia Nolin. Ses remerciements et son habillement avaient d’ailleurs créé un tollé sur les réseaux sociaux. C’était donc un beau dénouement de la voir gagner cette année le prix d’Interprète féminine de l’année. C’était une première de voir quelqu’un passer d’une nomination à l’autre en un an. Safia Nolin est montée sur scène avec humour en revenant légèrement sur les événements de l’an dernier. Pour ses remerciements, elle s’en est tenue à soutenir les femmes qui ont dénoncé leurs agresseurs et inciter à continuer la dénonciation.
Gagnant du spectacle de l’année, Serge Postigo a donné un remerciement qui n’a pas fait l’unanimité. Il a pris le temps de remercier Juste pour rire en affirmant que c’est l’ensemble des artistes qui forment cette compagnie. Comme quoi il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Sur une note beaucoup plus légère, Louis-José Houde a encore une fois su tenir le fort avec un humour agile. Il a lui aussi fait un clin d’œil aux événements des dernières semaines avec beaucoup de délicatesse afin de ne pas laisser cette situation freiner la célébration de la musique québécoise. Il a lui aussi souligné le manque de consommateur de musique en parlant notamment de la fermeture des magasins de disque. Louis-José Houde a réussi pour une douzième année à défendre sa place au sein de ce gala.
Bien que certains artistes ont parlé des différents problèmes du milieu du showbizz, le gala de L’ADISQ n’en fut pas moins festif et émouvant. Parmi les nombreuses et excellentes performances des divers artistes, un hommage éclair au grand auteur Réjean Ducharme, décédé plus tôt dans l’année, a trouvé sa place. Robert Charlebois a chanté ses mots, avec The Brooks, Alex Nevsky et Alexe Gaudreault. Afin de continuer à émouvoir le public, le Félix honorifique a été dédié dans l’émotion à Leonard Cohen. Après une vidéo hommage touchante, plusieurs artistes se sont levés pour chanter a cappella sa chanson hallelujah. C’est son fils qui est venu recevoir le prix en donnant un remerciement tellement émouvant qu’il avait de la difficulté à contenir ses émotions. Bref, ceci n’est qu’un aperçu du spectacle livré avec brio. Parmi cette multitude d’artistes, de prestations et de prix, le Gala de l’ADISQ a été un franc succès tout en passant par une gamme d’émotions partagées.
Crédit photo : © Angéline Gosselin/MatTv.ca
Texte révisé par : Cloé Lavoie