Force estompée
Par : Jean-Claude Sabourin
L’histoire d’Henri VIII a toujours fasciné. L’ambivalence lascive de ce souverain britannique ayant morbidement collectionné les épouses, a provoquer un schisme religieux qui a changé la face de l’Angleterre pour toujours et a inscrit son nom dans tous les livres d’histoire. Une histoire qui a inspiré pièces de théâtre, films et séries télévisées.
Or, près de 500 ans après la mort du roi, le Théâtre du Rideau Vert présente un spectacle sur ce personnage funeste et tumultueux : Sa dernière femme. Une pièce écrite par Kate Hennig et mise en scène par Eda Holmes. Vous aurez compris que le souverain n’est pas le héros du spectacle, mais bien Catherine Parr qui fut sa dernière épouse.
La pièce repose sur la force et l’intelligence de cette femme plus mûre et aguerrie que les autres femmes qu’avait eu le roi. Plus courageuse aussi. Connaissant le sort peu enviable des femmes précédentes, on imagine bien la dose de courage nécessaire pour se lancer dans cette entreprise conjugale aux côtés d’un féminicide.
Malheureusement, le choix d’un esthétique contemporain pour le décor et les costumes du spectacle vient atténuer ce message. On sent mal cet univers moyenâgeux où les femmes n’avait qu’une place de reproductrice docile, où leur vie ne tenait qu’à un fil. On a plutôt l’impression de se retrouver devant un mononcle d’aujourd’hui, misogyne et réactionnaire. Ce n’est pas la force de la femme qui ressort, mais plutôt la stupidité de l’homme.
Il s’agit d’un aspect plus qu’important, puisque l’on se retrouve devant un extraordinaire paradoxe historique ici. Un souverain qui traitait les femmes plus ou moins comme du bétail, est à l’origine des premières véritables reines d’Angleterre, ses filles Marie et Élisabeth. Un paradoxe signé Catherine Parr. Celle-ci aurait mérité que l’on ressente davantage le profond courage et l’implacable jugement dont elle a fait preuve.
Néanmoins, malgré une ou deux scènes dont le contenu est un peu confus, le spectacle a un aspect didactique vraiment intéressant et nous fait mieux comprendre certains aspects de cet invraisemblable monarque dont la marque sur l’histoire reste indélébile.
Une mention spéciale à Henri Chassé et Lauren Hartley dont le jeu est d’une grande crédibilité. Les autres membres de la distribution sont Mikhaïl Ahooja, Julien Désy, Marie-Pier Labrecque, Nathan Savoie et Mounia Zahzam.
Les billets pour Sa dernière femme sont disponibles au Théâtre du Rideau vert.