Un splendide voyage orchestral à travers les continents
©Denis ALIX, FIJM
Par : Marie-Claude Lessard
En 2011, à bord d’un brise-glace, Emilie-Claire Barlow a parcouru l’Arctique, là où le jour ne s’endort jamais. Complètement transformée par cette aventure, l’interprète, réputée pour faire un minutieux travail de sélection dans les chansons de répertoire qu’elle choisit de revisiter, a encore une fois pris le temps nécessaire pour pondre un album rendant parfaitement justice à toute la beauté de son périple canadien. C’est donc en octobre 2015 qu’est apparu chez les disquaires Clear Day, un opus aux sonorités jazz et mexicaines conduit par nul autre que le Métropole Orkest et son chef Jules Buckley. Invitée par le Festival International de Jazz de Montréal à transposer cet univers sur la scène de la Maison symphonique de Montréal, la chanteuse de 40 ans, avec l’aide de son amoureux et producteur Steve Webster, a mis en branle un orchestre temporaire mené par Alain Trudel, ce qui a résulté en un fabuleux concert le 6 juillet dernier.
Du propre aveu de la Torontoise, les pistes contenues dans Clear Day s’assemblent toutes pour raconter une histoire infiniment personnelle et enrichissante. Pour satisfaire les fans de la première heure, des pièces issues d’albums précédents (The beat goes on, Raindrops keep falling on my head…) se sont incorporées dans le spectacle sans briser le rythme et la cohérence des thèmes proposés. Les réinterprétations symphoniques de ces titres étaient impressionnantes et se fondaient à merveille dans le concert. Chaque musicien, des violonistes aux trombonistes en passant par les percussionnistes, a eu l’occasion de briller. Mélissa Lavergne, la co-animatrice de Belle&Bum et bonne amie d’Emilie-Claire, est apparue en coup de vent pour offrir un rafraîchissant solo avant de partir pour un autre spectacle. Cette envolée musicale a été l’une des plus mémorables parmi la multitude présentée. Bien évidemment, les orchestrations que l’on entend sur Clear Day, dixième album de l’artiste, ont subi une incroyable seconde vie sur scène, particulièrement On a clear day de Burton Lane et Because de John Lennon et Paul McCartney. Le mariage des instruments, mêlés à des mélodies douces et paroles regorgeant d’authenticité, a complètement séduit les spectateurs forts attentifs, même si la musique, spécialement lors des trente premières minutes, enterrait la voix pourtant puissante d’Emilie-Claire Barlow.
La chanteuse, sublime dans sa robe de soirée aux teintes de beige et de bleu, a avoué apprendre la langue de Molière par le biais de chansons françaises. Celle qui habite sur le Plateau-Mont-Royal depuis peu s’est exprimée en français durant la plupart du spectacle. Ses petits accrochages étaient mignons et ses efforts fort louables. Pour démontrer tout son amour envers notre langue, elle a proposé au public québécois de splendides reprises de Si j’étais un homme de Diane Tell, Comme je crie, comme je chante, T’es pas un autre et quelques pièces de Seule ce soir, disque entièrement en français.
Débordante de charisme et de joie de vivre, Emilie-Claire Barlow a tout simplement été étincelante dans cette soirée symphonique qui symbolise un renouveau prometteur dans sa carrière.
Texte révisé par : Louise Bonneau