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The Barr Brothers au Festival de jazz

Une belle fraternité musicale

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©Benoit Rousseau

Par Melissa Thibodeau

Pardonnez-moi le jeu de mots, mais la barre était placée haute pour The Barr Brothers. Le Festival international de jazz de Montréal avait mis à leur disposition assez de moyens afin que la formation montréalaise puisse présenter un « un show comme vous en avez pas vu beaucoup », pour utiliser les mots de Laurent Saulnier, VP de la programmation. À l’instar de Patrick Watson, Misteur Valaire et Chromeo de ce monde, The Barr Brothers ont su présenter un “événement spécial” à la hauteur des attentes

Ma première expérience du Festival de jazz de Montréal était justement le spectacle de Patrick Watson sur les mêmes lieux, en 2009. Je me rappelle de la musique, mais surtout du théâtre d’ombres offerts par un artiste que nous sommes allé chercher en Inde (si je m’en souviens bien) et de la folie qui s’était emparée des lieux. J’avais donc hâte de voir ce qui allait se passer sous ce décor de sculptures cubiques suspendues créées par l’artiste québécois Phil Allard.

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La menace d’averses planait toujours, mais dès les premières notes d’Oscilla, garnies des voix du choeur Maha, dirigé par Kathy Kennedy, c’était le moindre de nos soucis. Les chants dissonants avec les instruments semblaient préparer le terrain avant le décollage. Une fois que le groupe a entonné Even the Darkness Has Arms, le public était du voyage. J’ai soudainement compris pourquoi sur la page Facebook du groupe, on décrivait leur genre comme du sci folk / mysterious roots.

On a fait appel aux voix des chanteuses Lauren Sprengelmeyer (Little Scream) et de Michelle Tompkins pour accompagner celles du groupe pour la chanson Wolves. De par leur apparence et leur prestance, celles-ci me faisaient étrangement penser à Maria Doyle et Angeline Ball, deux des trois choristes dans le film The Commitments. Elles avaient du soul faut croire!

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Deacon’s Son, l’americana des Barr Brothers flirtait avec des sons d’Afrique via la guitare quasi prog de Brad Barr et les percussions survoltées d’Andrew Barr. Le puissant jeu de harpe de Sarah Pagé, installée bien à l’avant de la scène était sublime. Brad lance un « Bonsoir Montréal! » avant de repartir sur la vague de Come in the Water.

Pour la pièce Garden, Robbie Kuster, le batteur du groupe de Patrick Watson, a ensuite rejoint l’ensemble afin de mettre à profit cette grosse machine à percussion qui a peut-être été créée pour l’occasion. Joe Grass, un fidèle compagnon des Barr Brothers et de Watson, qui jusque-là, avait joué de sa guitare lap steel, s’est joint à lui ainsi que Parker Shper et Andrew Barr qui a parfois quitté sa batterie pour les rejoindre. À ces sons hors-de-ce-monde arrive le balafon de Mamadou Kouyaté pour Half-Crazy pour compléter cette belle folie.

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Après ces sept pièces hautes en intensité, Brad a avoué, dans l’une de ses rares interventions, qu’il avait besoin de reprendre son souffle. Et nous aussi d’ailleurs. Il avoue que le groupe attendait ce moment depuis si longtemps, il avait peine à croire qu’ils y étaient arrivés.

S’enchaîne ensuite How the Heroine Dies qui a fait taire la foule. Le chanteur a même fait la remarque qu’il n’avait jamais entendu une aussi grande foule être aussi silencieuse. Il nous présente ensuite en solo, une nouvelle pièce Already Change. Andres Vial qui était membre officiel du groupe jusqu’à tout récemment, s’est joint à eux pour jouer des marimbas sur la fusion de Static Orphans et Love Ain’t Enough.

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Ironiquement, un peu de pluie est tombée pendant les premières notes de Lord I Just Can’t Keep From Crying, la dernière chanson prévue sur la liste. Plusieurs parapluies se sont déployés mais ont dû vite être rangés. Dame Nature ne faisait que nous taquiner.

Évidemment, un spectacle de cette beauté demande un rappel et quel retour sur scène! Tout le monde est retourné avec un autre invité surprise, le “savant fou” Patrick Watson, pour reprendre la pièce Shine on You Crazy Diamond, de Pink Floyd. Un moment bijou qui a su bien clôturer le spectacle.

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La barre était décidément haute pour le trio, oui. On a tout de même réussi à relever le défi lancer en nous faisant naviguer de l’Amérique à l’Afrique, de la lune à la terre, réussissant à créer des moments marquants rien qu’avec une narrative musicale, les interventions entre les chansons étant limitées à quelques mots de remerciement. Et c’est tant mieux.

En retournant chez moi, j’ai attrapé au passage une conversation entre deux spectateurs. L’un, extasié, avouait que ce spectacle faisait partie du top 5 des meilleurs concerts qu’il avait vus dans sa vie. Soit, moi, de mon côté, j’en vibre encore deux jours plus tard.

Les Barr Brothers seront à Sherbrooke le 9 juillet pour le Sherblues & Folk Festival et à Québec le 17 juillet pour le Festival d’été.

Liste de chansons

Oscilla
Even the Darkness Has Arms
Wolves
Deacon’s Son
Come in the Water
Garden
Half Crazy
How the Heroine Dies
Already Change
Little Lover
Beggar in the Morning
Static Orphan + Love Ain’t Enough
Never Been a Captain
Lord I Just Can’t Keep From Crying

Rappel
Shine on your Crazy Diamond

Crédit photos : Benoit Rousseau, Denis Alix, Frédérique Ménard Aubin et Victor Diaz Lamich