Trois frères se disent leurs quatre vérités
© Caroline Laberge
Par Sébastien Bouthillier
Plongés dans le ravin, trois frères délient leur langue pour remonter à la source du souvenir douloureux qu’ils engloutissent depuis l’adolescence. Sur le sinueux Chemin des passes-dangereuses, la conduite est périlleuse, cela mène à se demander si l’aîné a fait exprès d’appuyer sur l’accélérateur pour que la fourgonnette capote.
La fratrie se retrouve en détresse près de l’endroit où leur père mourut noyé dans la rivière où il pêchait avec ses fils. Victor (Alexandre Goyette) insistait pour montrer son camp à ses frères le jour du mariage de Carl (Félix-Antoine Duval), le cadet. La psychologie porte à croire qu’il s’agit d’un acte prémédité pour saboter les noces…
Une autre rituel commence alors, les frères se vident de cœur et se dévoilent leur vulnérabilité. Si l’ambiance est funeste, l’espoir s’élève de la vérité stridente des répliques. Le texte n’est pas morbide malgré que la nature sauvage où les rescapés se trouvent soit aussi âpre que leur réconciliation.
Ambroise (Maxime Denommée) étreint son jeune frère, puis Victor le serre dans ses bras à son tour, comme s’ils lui pardonnaient la faute qu’ils lui reprochaient secrètement.
Ils se délestent d’un fardeau sans se douter de l’imminence de leur trépas. «Pourquoi écrire la mort? Parce qu’il n’y a pas de pensée plus lucide que la pensée dépouillée des boucliers-mensonges de la vie ; la pensée de celui que la mort embrasse, de celui qui n’a plus rien à perdre mais une dernière chose à gagner : la franchise», déclare l’auteur Michel-Marc Bouchard, qui situe l’action près d’Alma, dans sa région natale.
Le Chemin des passes-dangeureuses a été joué par 60 compagnies différentes dans 15 pays depuis sa création chez Duceppe, en 1998. Il y reconduit jusqu’au printemps.
Le Chemin des passes-dangeureuses, chez Duceppe jusqu’au 24 mars.
Crédit photos: Caroline Laberge
Texte révisé par : Cloé Lavoie