La maladie mentale démystifiée sur scène
©Théâtre Denise-Pelletier
Par Pascal Leblanc
Pour la pièce Rendez-vous gare de l’Est , l’auteur et metteur en scène Guillaume Vincent s’est improvisé documentariste. Pendant six mois, il a enregistré ses entretiens pris avec une jeune femme maniaco-dépressive lors de rendez-vous quasi-hebdomadaires. En résulte un monologue poignant, crédible et parfois décousue, mais rendu avec justesse et sensibilité par Emilie Incerti Formentini, comédienne qui brille par son indéniable charisme. La scénographie est pratiquement inexistante. Une sobre chaise, tout simplement. Dès les premières répliques, les lumières sont toujours allumées dans la salle. Graduellement, l’éclairage se tamise à l’unisson avec la maladie de la jeune trentenaire qui l’enfonce et l’éloigne d’un rétablissement éventuel.
Les spectateurs quittent la représentation bouleversés, troublés par un portait si authentique de la maladie mentale. Tout y passe. Les épisodes de manies, les internements à l’hôpital Ste-Anne, sa relation passionnelle et parfois houleuse avec Fabien, ses ennuis au travail puis son congédiement, la guérison, l’affection qu’elle porte pour sa nièce, le nombre impressionnant de médicaments qu’elle ingurgite, sa prise de poids… Malgré tout, une certaine lumière émane de ce fait vécu dramaturgique. Même si les propos sont souvent durs, plusieurs passages provoquent sourires et éclats de rire, ce qui évite aux Rendez-vous gare de l’Est de tomber dans le mélodrame.
À voir au Théâtre Denise-Pelletier, salle Fred-Barry, jusqu’au 26 septembre.
Crédit photos : ©Théâtre Denise-Pelletier