un magazine web axé sur la culture d’ici

Viviane Audet : Le piano et le torrent

Des pièces qui nous abondent littéralement l’âme en émotions

Viviane Audet : La pluie et le torrent crédit photo : Martin Paquin

Par :

Nous étions conviés au Gesù pour la première montréalaise de La pluie et le torrent de Viviane Audet. C’est dans une atmosphère feutrée que les convives ont pu apprécier autant les morceaux tirés de son récent album que les histoires qui ont animé les notes noires et blanches du piano toute la soirée.

Rendant les mélodies pleines de sensibilité, les récits nous ont transportés dans son univers où la petite ville de Maria l’a vue grandir. Un univers bucolique, où l’âme des habitants se transpose en envolées d’oiseaux caractéristiques de la péninsule gaspésienne. Là où les noms de rues relèvent de l’ornithologie.

Ses histoires ont des odeurs salines. Des sons de mouettes et de ressacs qui déferlent sur les récifs. On ressent les crépuscules qui font craquer l’horizon.

Ses mains qui glissent sur le piano sont un hymne à Maria et ses habitants qu’elle respecte avec une délicatesse, un amour profond. Elle habite chacune des notes déposées sur les touches de son piano. Les cordes de celui-ci s’ajustent aux émotions que lui procure son coin de pays.

Le piano et le torrent, c’est une parenthèse dans laquelle on chavire avec une volonté d’en ressortir transformé.

La présence sur scène de Éveline Grégoire-Rousseau à la harpe insuffle une magie et de la résonnance aux récits de Viviane.

Des histoires attachantes

Viviane Audet : La pluie et le torrent crédit photo : Martin Paquin

Les magnifiques partitions n’auraient pu exister s’il n’y avait pas eu, sur le parcours de vie de Viviane, des gens qui ont animé ses souvenirs. Tout débute par l’arrivée de Maria Carleton, en 1795, avec son mari et gouverneur anglais du Canada, Guy Carlton pour qui les noms de Carlton et Maria s’en sont inspirés. Terres d’accueil pour les Acadiens, elle se sont donné pour vocations l’agriculture et la pêche entre autres.

Dolorès, Pauline, Suzanne, Madame Cyr et Les Vieux Goélands sont une parcelle des rencontres improbables que nous propose, avec de l’amour, de la délicatesse et parfois de l’humour à leur endroit, l’auteur et musicienne.

Ce qui est remarquable avec ce territoire, ce lieu qui, lors des périodes estivales se remplit de touristes à qui l’on sourit (en tout temps, même les jours de pluie) c’est que, au-delà de la nature et du dépaysement, il y a un espace qui habite des souvenirs, des mémoires que Viviane a su transposer sur ses notes blanches et noires et nous laisser un héritage musical qu’il fait bon visiter avec l’âme.

Les filles montagnes

Viviane Audet : La pluie et le torrent crédit photo : Martin Paquin

Entre les beautés de la péninsule gaspésienne se dessinent aussi des tragédies qui affectent des gens sans histoires, les infligeant à préserver, pour toujours, les mémoires des autres. C’est le cas d’une amie, Suzanne, rencontrée par une missive en courriel et que son récit personnel s’est relié à l’album de musique instrumental Les filles montagnes.

Composé en hommage aux 14 femmes victimes de la Tuerie de la Polytechnique le 6 décembre 1989. Conçu à l’origine pour le documentaire de Judith Plamondon : Polytechnique : Ce qu’il reste du 6 décembre.

Une femme dans l’assistance a reçu une acclamation lors de l’interprétation de la prestation Des filles montagnes. Suzanne, qui survivra, pour le reste de sa vie, à sa fille partie trop tôt comme 13 de ses consœurs d’études.

La présence de cette femme, résiliente, a apporté une forte puissance à l’expression musicale que nous a offert Viviane. La pièce à elle seule fut hautement saluée, mais voir Viviane chercher, dans la foule SA Suzanne, a ému l’auditoire au grand complet. Une acclamation de profond respect et d’amour enveloppant s’en est suivi.

La prémisse au piano qui a fait rire les oiseaux

Viviane Audet : La pluie et le torrent crédit photo : Martin Paquin

Son amour pour les touches blanches et noires, la vibration sous ses doigts viennent d’une maison. Elle sied à l’autre bout de la ville et qui a accueilli Viviane en 1989.

La même année où le sort de 14 femmes s’est dessiné, celui de Viviane a pris, aussi, son envol. Sous des airs de La Compagnie Créole, Madame Cyr a soufflé l’amour de la musique dans le cœur d’une enfant. Cette même musique qui deviendra sa source inépuisable d’inspirations pour nous offrir de jolies histoires sur fond de musique instrumentale. Des récits pianistiques profonds et ressentis.

Merci Madame Cyr d’avoir croisé la route de Viviane pour notre plus grand plaisir.

Un concert, des histoires

Viviane Audet : La pluie et le torrent crédit photo : Martin Paquin

Viviane Audet transpose tout d’elle-même dans ces œuvres tirées du Le piano et le torrent. Un cœur aussi ouvert que Les chroniques de Maria signées par Dolorès.

C’est dans sa pleine candeur qu’elle nous offre de partir à la découverte de Maria. Avec ses envolées d’oiseaux marins côtiers. Ses odeurs d’air salin. Sa nature. Sa grève et ses ressacs. Son tourisme et ses lieux mythiques. Ses sourires les jours de grisailles et toute ses beautés naturelles.

Un voyage à parcourir les yeux fermés et le cœur grand ouvert. Un trajet à emprunter à maintes reprises.

Un spectacle à voir, entendre et ressentir absolument. C’est magistral!!

Voici la galerie photo de notre journaliste Martin Paquin :

Vous pourriez être intéressé par ces articles :

John Williams – L’univers symphonique du cinéma

J’aime ça quand t’es là de Marc Déry