Lancement de l’album Le silence des troupeaux
Par : Maxime D.-Pomerleau
L’an dernier, il présentait son fameux spectacle Bienvenue à Enfant-Ville, cette année c’était au lancement de son nouvel album Le silence des troupeaux auquel Philippe Brach nous conviait, dans le cadre du festival Coup de cœur francophone. Le Club Soda était plein à craquer pour recevoir les premières chansons live de cet album, qui ramène la thématique animale, chère à ce Brach. Même la Faucheuse était d’ailleurs parmi les invités au parterre. Dans ce nouvel opus, il pose une question de fond; le troupeau, c’est qui, et si c’est nous, qui prend soin du troupeau? Où se dirige-t-il? À la première écoute, on a l’impression que l’humain ressemble au gnou qui se lance la tête la première dans le ravin. Mais c’est sans compter sur la lumière de l’artiste, qui se présentait en véritable sauveur lundi soir.
Peu après 18 h, le groupe fait son entrée sur scène, pour interpréter une première pièce, Mes mains blanches. Installé de dos au public, c’est rare qu’on aura eu la chance de voir un batteur jouer de si près! Tout le groupe porte des masques sur le derrière de la tête, sauf Philippe Brach… car il n’est pas sur scène! Le coquin chanteur arrive avec le chœur d’enfants de La guerre (expliquée aux enfants), eux aussi le derrière de tête masqué. L’enchaînement de la pièce avec La fin du monde donnait des frissons. L’interprétation rappelle définitivement l’époque des sermons à l’église, qui plus est où le prêtre faisait dos au peuple, Brach étant assis sur une chaise devant le guitariste, donc à l’arrière-scène. Coup de théâtre, à la fin de la chanson un personnificateur de Brach se lève et quitte la scène, le rideau se ferme, et on sent à la fois une mince déception, et une excitation certaine dans la foule. Que nous prépare-t-il?
C’est alors que l’authentique Philippe Brach arrive sur scène, « en retard », pour la pièce la plus rock de l’album. Le courant passe, la salle est survoltée après tant d’attente (certains faisaient la file dehors à 16 h, on imagine qu’ils sont contents). C’est pas compliqué, on est aveuglé par sa magnificence et les puissantes guitares de La peur est avalanche. Tout ceci n’est qu’un avant-goût du spectacle complet qui verra le jour à l’hiver, et qui devrait être sous le thème de l’illusion! Ça promet…
Entre une poignée de remerciements au band et une gorgée d’eau, la scène se vide, et ne reste que lui et Guillaume Bourque, pour interpréter le spleen Pakistan. Il révèle qu’il avait d’abord eu l’idée de faire le spectacle entier de dos, mais a changé d’idée en voyant sur les réseaux sociaux que deux crinqués de Trois-Rivières allaient venir au lancement. On les remercie, car bien que la mise en scène fasse un effet bœuf, il est toujours bon de voir (le vrai) Philippe Brach se laisser aller sur scène, lui qui fait lever la foule au moindre geste.
Devant la déferlante d’affection, et sans doute surpris d’arriver si rapidement à la fin, Brach s’est gâté et a offert une dernière pièce, seul avec sa guitare, Tu voulais des enfants, bien jolie dépouillée de ses orchestrations. Le silence des troupeaux est un album ancré dans son temps, tapissé de pessimisme, mais où la lueur d’espoir est bien là, à qui sait la voir.
En allant chercher de l’amour de l’autre bord, Philippe Brach se rend certainement compte que peu importe où il ira, le public le suivra, enflammé et prêt à lui donner tout son amour, rendu au centuple par l’artiste sur scène, puis renvoyé à nouveau… Un beau cycle qu’on ne veut pas briser, et qui nous préserve de ce monde orageux dépeint dans ses nouvelles compositions.
Liste des chansons
Mes mains blanches
La guerre (expliquée aux enfants)
La fin du monde
La peur est avalanche
Pakistan
Tu voulais des enfants
#CCF17
Crédit photo : © Maryse Phaneuf/MatTv.ca
Texte révisé par : Annie Simard