Une hilarante revue pour une année incorrigible
Par : Marie-Claude Lessard
Avouons-le, employer des termes dithyrambiques pour résumer 2016 relève de l’exploit. De nombreux décès de personnalités publiques, la victoire de Donald Trump, les controverses provoquées par les réseaux sociaux, le débat sur la liberté d’expression qu’a engendrée la saga Mike Ward/Jérémy Gabriel… Cette année fut assez pitoyable, lamentable et décourageante. Néanmoins, le Théâtre du Rideau Vert a trouvé moyen d’en rire avec son traditionnel spectacle du temps des Fêtes. 2016 revue et corrigée s’avère fort réussi malgré quelques faux pas.
Conduit de main de maître par six merveilleux acteurs polyvalents (Julie Ringuette, Marc St-Martin, Martin Héroux, France Parent, Amélie Grenier et François Maranda), la pièce enchaîne pendant plus de deux heures dans un rythme relativement constant sketchs et capsules vidéo. Plongée dans un décor alliant habilement projections numériques et accessoires tangibles, la troupe excelle autant dans les imitations que les numéros chantés et dansés. Les costumes de Suzanne Harel regorgent de réalisme, spécialement la robe rose de Pénélope McQuade (brillamment incarnée par France Parent) et la tenue du dernier Gala de l’ADSIQ portée par Marie-Mai (sensationnelle Julie Ringuette).
Pas facile de condenser en 120 minutes tous les rebondissements qui ont caractérisé 2016, mais le collectif d’auteurs composé de Jean-Philippe Durand, Pascal Roberge, Simon Leblond et Nadine Massie (sous la direction de René Brisebois) y est parvenu haut la main, et Alain Zouvi, metteur en scène de la revue pour la quatrième année, lie le tout sobrement et efficacement. Le scénario regroupe de manière originale tous les scandales et déclarations-chocs de nos politiciens et vedettes ainsi que des stars internationales.
Les exceptionnels numéros sur la victoire de Jean-François Lisée (convaincant François Maranda) comme nouveau chef du PQ et la venue de Donald Trump (Martin Héroux qui imite sa voix à la perfection) sur le plateau de l’émission de Marina Orsini (encore plus convaincant François Maranda !) possèdent des répliques acides inoubliables. L’arrivée de Mary Poppins au bureau de Philippe Couillard pour faire du ménage dans son cabinet clôt à merveille la désopilante première partie. Même si la deuxième partie ne s’avère pas aussi mordante, elle renferme le meilleur segment de la soirée : un hommage a cappella de tous les disparus de 2016. Poignant et magnifique.
Les vidéos, qui servent principalement à donner le temps aux techniciens d’installer le décor du prochain numéro, sont pratiquement tous tombés à plat, spécialement celui sur Louis Morrissette, fort cliché et pas très applicable à 2016. Ceci dit, même quand les textes ne faisaient pas rire aux éclats, les personnifications incroyablement justes des comédiens sauvaient la mise. Ceux qui impressionnent le plus sont sans contredit Marc St-Martin, épatant en Denise Filiatrault, Ron Fournier et Mike Ward (on se ferme les yeux et on jure être en présence des vrais), et Julie Ringuette, éblouissante en Cœur de Pirate, Céline Dion et Marina Bastarache (animatrice de Célibataires et nus). Mention spéciale à Martin Héroux lors du numéro retraçant la légende du burkini. La dernière ligne fait particulièrement réfléchir.
Crédit photo de la galerie : ©Mélodie Guay/MatTv.ca
Texte révisé par : Ho-Chi Tsui