Et c’est parti!
Un signe que le printemps n’est pas bien loin : les Francouvertes sont de retour! Ce concours mettant de l’avant l’émergence musicale francophone entamait sa 21e édition lundi soir avec une toute nouvelle animatrice, Mellissa Larivière, au Cabaret Lion d’Or (ou du Roi Lion si on voudrait croire au sympathique lapsus de Miss Sassoeur). La place affichait complet alors que ces finalistes cassaient la glace dans cet ordre précis : Mélanie Venditti, Shawn Jobin et Antoine Lachance.
Mais avant toute chose, les « ex » Miss Sassoeur et les Sassys réchauffaient la salle avec leur gospel de ruelle. Dans le cadre de « J’aime mes ex », les Francouvertes reprennent, le temps d’une soirée et en partenariat avec la SOCAN, un ex qui a marqué à sa façon son histoire.
© Jean-François LeBlanc
Ce quatuor montréalais est un ex très récent d’ailleurs. Finalistes l’an dernier, ils frôlaient cette même scène il y a de cela presque 365 jours. La formule de ce groupe est plutôt inusitée dans le cadre des Francouvertes. Sous le leadership de la claviériste et chanteuse à voix rauque mais powerful Miss Sassoeur, Rosa Royce, Tiny Turner et Féline Dion harmonisent en mode post-motauwn à propos des frasques du quotidien. Ils nous ont proposé trois pièces, dont une toute nouvelle, la dernière, une commande des Francouvertes où l’on parle de twerking et de Julie Masse, entre autres. Je suis ok avec cela.
Le tout a été livré avec assurance, humour et enthousiasme et aura réussi à me faire tirer mon premier sourire de la semaine. C’est encourageant de savoir que le groupe travaille présentement à un premier EP à paraître plus tard cette année. (https://misssassoeuretlessassys.bandcamp.com)
Mélanie Venditti
Cette dernière a eu la tâche pas trop aisée de casser la glace. Et elle s’en est quand même très sortie en mettant la barre haute pour ceux qui vont s’ensuivre. Elle s’était entourée de musiciens de feu : Blaise Borboën (Hôtel Morphée), Guillaume Guilbault (Kroy), Étienne Dupré (Câltar-Bateau, Mon Doux Saigneur) et Mandela Coupal (Câltar-Bateau) appuyaient avec force cette jeune artiste qui a plutôt l’habitude d’accompagner les autres.
Mélanie Venditti joue sur les contrastes. On la sent pondérée et mélodique pour ensuite partir sur des bouffées musicales plus intenses. On reconnaît une grande influence de Klô Pelgag sur sa musique. Mélanie l’a d’ailleurs accompagnée dans le passé en tant qu’altiste. J’entends aussi du Julie Doiron dans sa livraison.
Mon seul bémol dans ce qui était tout de même une agréable performance (s’il faut vraiment gratter la chose) était peut-être la voix de Mélanie qui manque un peu d’assurance. On devine toutefois assez rapidement que ce n’est qu’une question d’acquérir un peu plus d’expérience de scène, car la proposition offerte vaut le détour malgré tout.
Elle a d’ailleurs profité de cette vitrine pour lancer son EP sans titre à écouter et à acheter ici. Ça vaut décidément la peine.
Shawn Jobin
Contre toute attente, c’est un Fransaskois, Shawn Jobin, qui est le seul représentant du genre hip hop cette année. Il est aussi l’un des trois hors Québec à prendre part aux 21e Francouvertes. Je vois son nom passer depuis quelques années. On m’informe qu’il a plus de 160 spectacles sous la ceinture. Il a trimballé son rap aux quatre coins de la francophonie canadienne ainsi qu’en Europe.
Cette vitrine francouvertienne était aussi une occasion de présenter plus récent projet Éléphant (dont la sortie d’album est prévue cet hiver). Il était accompagné sur la scène de Mario Lepage (de PONTEIX, un finaliste 2016), un complice de la première heure ainsi que le réalisateur de l’album Éléphant et de Kyle Grimsrud-Manz (aussi de PONTEIX) à la batterie.
Le rap de Shawn Jobin est éloquent. Il nous propose ses pensées à la fois intimes et engagées, relatant les différentes contradictions qui se heurtent dans son esprit. Il est soutenu de façon exceptionnelle par une direction musicale qui nous fait promener entre le hip hop et l’électro.
Même si ce n’est pas mon genre de prédilection, le résultat est très bien foutu. J’aurais aimé peut-être un peu plus de prestance sur scène de la part de Shawn Jobin, mais ce dernier a réussi à charmer public et jury et c’est tant mieux. À suivre. (www.shawnjobin.com)
Antoine Lachance
C’est le Sorelois Antoine Lachance qui a eu la tâche de terminer la soirée. Ce chanteur de On a créé un monstre possède 10 ans d’expérience de scène derrière lui en plus d’avoir été sacré grand gagnant de Ma première Place des Arts l’an dernier. Son premier album Cimetière d’avion aura un an en avril. Il a aussi été de passage à la dernière édition du Festival en chanson de Petite-Vallée.
Sans arrogance, Lachance démontre une assurance sur scène quasi impeccable. À l’occasion des Francouvertes, il était entouré d’une claviériste, d’un batteur, d’un bassiste, d’un guitariste ainsi que de deux cuivres. Le principal était au centre, au lap steel.
L’homme propose une pop soupçon rock adulte intelligente bien ficelée avec des textes interprétés clairement avec une voix des plus impressionnantes. Sans tomber dans la facilité, ce que nous offre Antoine Lachance mériterait certainement de jouer davantage dans les radios commerciales.
Je parie que les Francouvertes ne sont qu’un autre élan dans sa lancée. (www.antoinelachance.com)
Résultats préliminaires
Les trois finalistes de cette première soirée auraient tous mérité de se rendre en demi-finale, selon moi. Mais concours l’exigeant, voici le palmarès en date d’aujourd’hui :
1 – Shawn Jobin
2 – Antoine Lachance
3 – Mélanie Venditti.
Les prochains finalistes ont certainement une barre haute à surmonter. Maxime Auguste, Projet Coyote et Juste Robert prendront la scène du Cabaret Lion d’Or le lundi 27 février prochain.
Texte révisé par : Johanne Mathieu