Une histoire d’amour en multimédia
©AJ Korkidakis/collaboration spéciale
Par : Mélissa Thibodeau
Le musicien, DJ, producteur musical et bédéiste Eric San, alias Kid Koala présente Nufonia Must Fall Live, un spectacle multidisciplinaire réunissant musique, théâtre de marionnettes et cinéma afin de raconter une histoire d’amour des plus particulières. La production était en première à Montréal hier soir à la Cinquième salle de la Place des Arts et sera présentée jusqu’au 5 septembre.
Nufonia Must Fall Live nous emporte dans un monde monochrome qui se situe dans un futur incertain. Un automate mélomane au coeur analogue nous sert de protagoniste. Obsédé par la musique, il se promène toujours avec ses écouteurs sur la tête. Mais dans la cité de Nufonia, où avoir du plaisir ne semble pas être permis, ce robot n’est plus à la fine pointe de la technologie. D’emploi en emploi, il se fait constamment renvoyer au profit d’une machine à cinq bras, beaucoup plus performante.
Une lueur d’espoir semble jaillir alors que notre personnage principal fait la rencontre de Malorie, une humaine qui lui retournera bien son affection. Évidemment, parce que tout ne peut pas être simple, la dame cache un secret. Est-ce que Robot trouvera le bonheur malgré tout, ou au contraire, restera-t-il à jamais enfermé dans ce monde terne et sans agréments?
©AJ Korkidakis/collaboration spéciale
Nufonia Must Fall Live tire ses origines d’un roman graphique paru en 2003 et signé par Kid Koala. Publié à l’origine avec une trame sonore, le principal intéressé a voulu redonner une nouvelle vie à son oeuvre. Des rencontres avec le directeur artistique K. K. Barrett (Lost in Translation, I Heart Huckabees, Where the Wild Things Are), le marionnettiste Félix Boisvert ainsi que le musicien Adrian Fung (Afiara Quartet) finiront par aboutir à la concoction de ce spectacle multimédia.
Cette collaboration artistique nous emporte dans un univers à la futuristique et nostalgique. Pour reprendre les mots de l’idéateur, ce spectacle pourrait se décrire comme du Charlie Chaplin postmoderne. En entrant dans la salle, on remarque tout d’abord les multiples maquettes qui sont réparties de façon stratégique sur la scène. Au fond, on voit la configuration où s’installeront Kid Koala et le Afiara Quartet. Les artisans : musiciens et marionnettistes, prennent ensuite leur place, le spectacle peut commencer.
Ce que l’on voit ensuite est une prestation filmée en temps réel. L’action se situe dans une douzaine de décors miniatures dans lesquels prennent vie une quarantaine de marionnettes. Une trame sonore originale qui va du « turntablisme » au jazz swing à la Duke Ellington accompagne le tout et nous transporte d’émotion en émotion. La pièce est majoritairement non verbale à part les fois où notre pauvre automate se fait virer par ses méchants patrons ou lorsque le personnage principal chante une chanson d’amour qu’il a écrite pour sa prétendante (interprétée via vocodeur par Kid Koala lui-même).
©Pierre Borasci/collaboration spéciale
Nos yeux veulent se concentrer sur ce qui se passe au grand écran, mais ils passent beaucoup de temps sur la scène aussi, à voir les silhouettes des marionnettistes s’activer afin de donner vie aux personnages. Nous avons l’impression de retourner dans le passé, aux premiers balbutiements du cinéma lorsqu’un orchestre accompagnait la projection. Je regarde les gens dans la salle, le sourire aux lèvres, on rigole souvent. On y aperçoit également quelques enfants, les yeux écarquillés, l’histoire s’adresse autant à eux aussi, l’histoire étant universelle.
Si cette production était en grande première hier soir à Montréal, elle avait été présentée auparavant dans plusieurs villes dont New York, Toronto et Adélaïde en Australie, attirant de bonnes critiques. Le New York Times l’a même décrite comme une production multimédia primitive et moderne. Nufonia Must Fall Live est en constante évolution, une production ne ressemblera jamais complètement à la prochaine. C’est le plaisir de voir l’oeuvre se former devant nos yeux, en direct.
Nufonia Must Fall Live sera présenté jusqu’au 5 septembre à la Cinquième salle de la Place des Arts.
Texte révisé par : Annie Simard