Loin d’être le thriller de l’année escompté
Par : Marie-Claude Lessard
Il faudra attendre encore avant de trouver un thriller psychologique sous fond de meurtre qui surpassera ou égalera l’excellent Gone Girl (Les apparences) de David Fincher, ce succès commercial et critique fulgurant qui a bouleversé les cinéphiles en 2014. Le résultat final de The girl on the train, adapté du roman du même nom de Paula Hawkins, ne remplit pas les promesses engendrées par sa bande-annonce léchée, intrigante et inquiétante. Sans être d’une médiocrité totale, ce film décevant s’avère, hélas, peu mémorable alors qu’il possédait tous les éléments nécessaires pour l’être.
Tous les jours, Rachel Watson (Emily Blunt) prend le train et contemple la rue qu’elle a jadis habitée avec Tom (Justin Theroux) avant de divorcer. Ce dernier demeure toujours dans la maison et y élève son premier enfant avec Anna (Rebecca Ferguson), sa maîtresse maintenant devenue sa femme. Psychologiquement instable et très penchée sur la bouteille, Rachel les admire à distance, eux et un autre couple qui réside à quelques pâtés de maison. Selon elle, Megan et Scott Hipwell (Haley Bennett et Luke Evans) représentent l’union idéale. Elle se plait à les dessiner et leur imaginer une vie loin de tous tracas. Or, cela change du tout au tout lorsque Rachel, à bord du train, s’avère être la seule personne ayant vu Megan avant sa tragique disparition.
L’intrigue élaborée par Hawkins a conquis les lecteurs partout dans le monde, ce qui n’étonne guère car, effectivement, elle renferme un énorme potentiel. Mettant de l’avant-plan des personnages complexes et dévoilant graduellement des indices trompeurs, l’histoire, qui alterne entre les divers points de vue des narratrices (Rachel, Megan et Anna), captive au plus haut point. Cependant, c’est le traitement cinématographique accordé qui fait déchanter. Vraisemblablement, Tate Taylor, qui a réalisé le bouleversant Help (La couleur des sentiments), a voulu imiter le style troublant de David Fincher, qui maîtrise à merveille l’art d’instaurer une atmosphère froide et fascinante de laquelle émanent de véritables émotions fortes. Or, n’est pas Fincher qui veut. Rien d’authentique ne se dégage de l’effort de Taylor.
Les éléments contradictoires culminant à une finale supposément renversante tombe ici à plat, répliques ridicules et gestes risibles en prime. S’il est heureusement difficile d’identifier le tueur avant les dix dernières minutes du film, en revanche, le sort de Megan laisse étrangement de glace. Les spectateurs ne ressentent pas d’empathie envers les protagonistes, outre celui de Rachel grâce au tour de force signé Emily Blunt. Elle est absolument spectaculaire en campant une alcoolique qui ne parvient à gérer ses nombreuses pertes de mémoire. Allure négligée, regard vide, démarche aussi chancelante que le scénario… L’actrice pressentie pour interpréter le rôle-titre dans la reprise de Mary Poppins saisit avec brio la vulnérabilité et la détresse de Rachel. La sensation britannique devra fort probablement libérer son agenda pour assister à quelques galas prestigieux en tant que nommée…
À l’affiche depuis le 7 octobre, The girl on the train constitue un divertissement aux limites de l’acceptable qui est toutefois idéal pour meubler une journée pluvieuse…et constater de nouveau l’incroyable talent d’Emily Blunt.
Note : 2.5/5
Texte révisé par : Arlene-Bianka Guillemette