Sept spectacles présentés à nouveau
© Simon Couturier
Par : Sébastien Bouthillier
Daniel Léveillé Danse propose de rejouer sur les scènes montréalaises une série de sept spectacles de danse acclamés pour leur innovation et leur audace.
Puisque les représentations que connaît un spectacle de danse s’avèrent plutôt limitées, voici l’occasion idoine pour les revoir et inviter un ami à découvrir le travail des créateurs Daniel Léveillé, Frédérick Gravel, Étienne Lepage, Nicolas Cantin et Stephen Thompson.
Parce que Tout se pète la gueule, chérie, Frédérick Gravel provoque le « mâle américain contemporain » et suscite le désarroi masculin en déconstruisant l’idéal de l’homme et en présentant l’histoire de gars désemparés où bobettes, bières et bedaine révèlent l’ordinaire du mâle. Dave St-Pierre, Nicolas Cantin et le musicien Stéphane Boucher entourent Gravel sur scène.
Gravel propose aussi This duet we’ve already done (so many times), présenté à l’Agora il y a un an. Brianna Lombardo et lui s’émancipent des codes habituels d’un spectacle de danse pour en élaborer un où les imprévus se traduisent en mouvements surprenants à travers lesquels la désinvolture apparente des interprètes dévoile leur vulnérabilité, leur humanité.
Avec Solitudes duo, les couples possibles imaginés par Daniel Léveillé interpellent le public sur les formes qu’une relation peut emprunter. Quelles identités défendre et quelles identités préconiser à travers les contraintes inhérentes à la relation avec l’autre dans un couple mixte ou formé d’hommes ou de femmes. De l’indifférence à la passion, de la pudeur à la gourmande passion, les sept interprètes se soumettent à la danse exigeante aux sons du clavecin, mais aussi du pop-rock des années 70.
Nicolas Cantin révèle minimalement dans un souci tragicomique, dans Grand singe, les brèches d’une rencontre entre une femme et un homme grâce à l’absurde d’une situation intime. Puis, dans Belle manière, deux clowns tristes émeuvent à propos de la vie ordinaire, ratée.
Après un passage au FTA au printemps dernier, la Logique du pire d’Étienne Lepage occupe le théâtre La Chapelle, qui a déjà ajouté une supplémentaire. Les cinq interprètes livrent leur pire vision du monde en relatant des anecdotes du quotidien dans un texte cru décapant la banalité. Aucun spectateur ne s’en extirpe indemne.
Série B rime avec petits budgets, approches artistiques hors de l’ordinaire et chorégraphes ingénieux à découvrir. Instigatrice du projet qui allonge la longévité d’œuvres chorégraphiques, la compagnie Daniel Léveillé Danse se donne pour mission de mettre en valeur les créateurs talentueux.
La programmation réservée aux professionnels accorde aussi une place à Catherine Gaudet, Dana Michel et Stéphane Gladyszewski, car Série B figure au volet OFF de la programmation de la biennale Cinars 2016, la conférence internationale des arts de la scène où convergent 1500 professionnels et 170 diffuseurs en provenance de plus de 40 pays.
Série B, aux Maisons de la culture Frontenac et Mont-Royal et au théâtre La Chapelle, jusqu’au 20 novembre.
Crédits photos : Nans Bertuzzo (This duet), Simon Couturier (Grand singe) et Denis Farley en couverture (Solitudes duo).
Texte révisé par : Annie Simard