D’une grande puissance émotionnelle
Par : Anny Lemire
J’ai toujours de la difficulté à aller voir l’adaptation cinématographique d’un livre. Comme plusieurs, je suis une fervente amoureuse de l’objet papier et je suis la première à commenter les moindres différences qu’il y a entre le film et le bouquin. On ne se le cachera pas, voir une adaptation avec moi, ce n’est pas une partie de plaisir. Quelques minutes après minuit (A Monster Calls) me faisait un peu peur, ayant été très déçu par Miss Peregrine et les enfants particuliers, je redoutais un peu le visionnement, mais dès les premières images du film, j’ai été conquise.
Signé J.A. Bayonna (The Impossible et The Orphanage), ce film raconte l’histoire de Conor, un jeune garçon de treize ans pour qui rien ne va plus. Sa mère, atteinte d’un cancer, dépérit à vue d’œil. Puisque celle-ci ne peut plus s’occuper de son garçon, il devra emménager chez sa grand-mère avec laquelle il n’a aucune affinité (son père ayant quitté l’Angleterre pour s’installer à Los Angeles avec sa nouvelle famille). À l’école, il est tabassé par des voyous et ne peut même pas profiter d’un petit moment de répit la nuit puisqu’il est affligé d’horribles cauchemars qui le tiennent éveillé. Un soir, quelques minutes après minuit, il invoque sans le savoir une force sauvage, puissante et ancienne pour l’aider. Afin de permettre à Conor de faire face à ses peurs et ses problèmes, l’if (un arbre à l’écorce rouge qui aurait apparemment des propriétés médicinales), lui racontera trois histoires en échange de quoi, Conor devra lui raconter la sienne.
Dosant avec justesse la fantaisie avec la triste et froide réalité, Bayonna réussit à créer une œuvre visuellement époustouflante qui exploite des thèmes comme le harcèlement et le deuil. Le producteur a confié les animations qui illustrent les trois contes du monstre à la compagnie Headless animation qui ont irrémédiablement assuré. Aussitôt la première fable entamée, des images dans le style aquarelle apparaissent à l’écran. Couleurs vives, éclaboussures, personnages sans visages défilent devant les yeux ébahis du spectateur et contrastent magnifiquement avec le vrai monde, qui lui est plongé dans des palettes de couleur terre, représentant un monde terne et froid, comme les sentiments du jeune homme.
Je suis rarement en accord complet avec le choix de la distribution dans les films, il y a toujours un personnage qui me semble sans intérêt ou qui n’offre pas son plein potentiel, mais ce n’est pas du tout le cas dans cette production. Le petit Lewis MacDougall est tout simplement extraordinaire pour son âge. À seulement 14 ans, le jeune acteur que vous avez pu notamment voir dans le Peter Pan de Joe Wright (2015), réussit à nous fait vivre très intensément toute une gamme d’émotions, un talent qui n’est pas donné à n’importe qui.
Il est accompagné au grand écran par Felicity Jones qui interprète avec brio un personnage déchirant, celui de la maman de Conor. Toby Kebbell, Sigourney Weaver et Liam Neeson complètent la distribution de ce film touchant en étant tout aussi éblouissants. C’est également très rafraîchissant de voir Kebbell, qu’on connaît surtout pour ses rôles dans des films comme Ben-Hur, Warcraft et Prince of Persia, jouer le rôle d’un simple papa.
https://www.youtube.com/watch?v=bvRArIhGXpQ
En somme, même s’il a fallu attendre deux mois supplémentaires avant la sortie du film (la date prévue était le 21 octobre 2016), ça a valu la peine. Il y a fort à parier que même les plus coriaces verseront quelques larmes en visionnant le tout.
Quelques minutes après minuit prend l’affiche le 6 janvier 2017.
4/5
Crédit de l’image à la une : Wired.com
Texte révisé par : Marie-Eve Brisebois