Petits hommes verts et amnésie
© Columbia Pictures
Par : Normand Pineault
Regardez bien ici la petite lumière bleue… Zap! D’un coup, tout est oublié. La technique classique des hommes en noir avait été une blague bien amusante lors du premier volet avec Will Smith et Tommy Lee Jones en 1997. Après trois films, et une utilisation excessive de cette même blague dans le quatrième, sans compter les rappels de presque tous les moments marquants qui avaient fait la popularité de Men In Black, on ne se demande plus pourquoi l’humour dans celui-ci semble aussi préfabriqué, prévisible et sans poids. Nous avons cette impression de déjà-vu, comme si cette franchise avait déjà utilisé dans le passé ce même « neuralisateur » sur leurs spectateurs, rien que pour les duper et avoir l’opportunité de ressortir une autre copie sans originalité.
C’est cette sorte de confusion que nous laisse Men In Black International à la sortie de la salle. Le problème n’est pourtant pas le manque de vedettes, puisque de gros noms font partie de la distribution. Tessa Thompson (Thor : Ragnarok) reprend presque le rôle de Will Smith, mais au féminin, jouant la jeune agente avec de l’attitude, tandis que Chris Hemsworth (Thor, Avengers) échange le ton maussade de Tommy Lee Jones pour une confiance arrogante (ce qui n’est malheureusement pas sans nous rappeler le personnage qu’il avait incarné dans Ghostbusters 2016). Liam Neeson, Emma Thompson, ainsi que Rebecca Ferguson, jouent de leur côté des directeurs du MIB ou de gangs qui ne sont là que pour combler les trous et sans plus. Ironiquement, la performance la plus authentique et comique vient presque de Kumail Nanjiani, qui interprète un minuscule extra-terrestre de trois pouces du nom de Pawny.
Malgré de bons effets spéciaux, et une abondance d’apparitions gratuites (et parfois inutiles) de monstres de toutes sortes, le scénario et la direction n’arrivent pas à leur donner assez d’espace pour souffler. C’est la classique histoire de l’arme absolue que les agents du MIB doivent protéger, et des ennemis venus d’ailleurs qui tentent de s’en emparer. Les vilains ont toutefois une apparence intéressante, et nous rappellent les jumeaux albinos du film Matrix, mais sont eux aussi perdus dans une suite de rebondissements éclatés qui partent de tous côtés.
Les amateurs de la franchise se réjouiront peut-être de voguer en terrain connu, tandis que ceux qui n’ont jamais vu les autres films pourront apprécier le monde extravagant et coloré des hommes en noir. La chimie est aussi encore au rendez-vous entre les deux protagonistes, et leur interaction réussit à soutenir le film. Seulement, ce quatrième volet pourrait partager la marche avec le deuxième en tant que moins bons de la série. Il sera certainement même vite oublié, dans un flash de lumière bleue, car peu de choses réussissent à accrocher assez notre attention pour se donner la peine de s’en rappeler.
Men In Black International, en salle partout au Québec dès le vendredi 14 juin 2019.
Texte révisé par : Johanne Mathieu