Vanille, un vol direct vers le soleil (’96)
© Vanille, photo prise sur l’événement Facebook de son lancement
Par : Myriam Bercier
Ma chronique On vous présente est de retour pour l’année 2021! En guise de rappel, On vous présente vise à vous faire découvrir des artistes qui passent sous le radar de la musique populaire. Aujourd’hui, on célèbre ma 40e chronique (!!) avec Vanille.
Vanille est le projet de l’autrice-compositrice-interprète Rachel Leblanc. Cette chanteuse à la voix douce et aérienne offre de la musique inspirée par la sunshine pop des années 1960 et le rock garage québécois. Son premier EP, My Grandfather thinks I’m going to Hell présentait un mélange d’alternatif, de dream pop et de sad pop. Comme l’artiste l’a dit elle-même : « Vanille, c’est le groupe que t’attendais pour pleurer tes peines d’amour en mangeant des Cheerios à 3 h du matin. »
© Vanille, crédit photo : Dominic Berthiaume
Elle sortira un nouvel album le 22 janvier (demain!) du nom de Soleil ’96. Ce dernier a été enregistré par Emmanuel Éthier, qui est derrière notamment les derniers projets de Corridor et de Jonathan Personne. Trois singles sont déjà sortis, dont Carte de ciel qui aborde les amours qui ne se peuvent pas et Fleur qui est une chanson pop-rock plutôt douce et qui dépeint une relation empreinte de violence (« Et quand tu ne souris pas / moi je chante ma mort. »)
Nous nous sommes parlées au téléphone la semaine dernière afin de discuter notamment de l’inspiration qu’elle a pu puiser dans son ancienne vie de banlieusarde, du fait de chanter en anglais et si on dit une trampolin ou une trampoline. Sans plus attendre, voici notre entrevue!
Myriam : Qu’est-ce qui t’a amenée à faire de la musique?
Vanille : J’ai commencé à jouer de la musique à 15 ans. Il y avait une guitare chez moi qui appartenait à mon père, il m’a montré les accords de base et je suis tombée en amour avec l’instrument. Je n’ai pas vraiment poussé plus loin, je n’ai pas pris de cours comme tel, j’ai appris par moi-même en regardant les accords sur Internet, des vidéos, des choses comme ça et comme ça j’ai commencé à jouer de la guitare et à composer des chansons. Je n’ai pas arrêté (rires).
Myriam : Comment le groupe s’est-il formé?
Vanille : En fait, ce n’est plus un groupe actuellement. C’est plus un projet solo. Avant, quand j’ai commencé avec mon EP, je présentais vraiment Vanille comme un groupe parce que dans ma tête je voulais que ce soit un groupe. Peut-être que dans mon imaginaire de c’était quoi un groupe, c’était plus cool qu’une artiste solo. Dans ma tête, je me disais « on est un groupe de rock. » À ce moment-là, j’ai commencé à jouer avec des amis, deux amis, qui eux étaient un groupe et je me suis greffée à eux. Je leur ai proposé mes chansons, on a fait le EP ensemble. C’est vraiment mes chansons. On dirait que je n’assumais pas le côté auteur-compositeur, mais là je l’accepte pleinement.
Myriam : Pourquoi avoir choisi le nom de Vanille?
Vanille : Honnêtement, j’ai aucune idée encore aujourd’hui pourquoi j’ai stické là-dessus. Honnêtement ce n’est pas le nom que j’adore le plus au monde. J’imagine que ça fite quand même, c’est doux, ça évoque quelque chose de… je ne veux pas dire quelque chose de sucré parce que je suis un peu tannée des analogies de nourriture avec mon groupe. Au départ, ça me plaisait, maintenant je ne sais pas trop, mais il me colle à la peau comme on dit.
Myriam : Qu’est-ce qui t’inspire pour créer une chanson?
Vanille : Je pense que je suis une personne qui vit beaucoup d’émotions dans une journée, je passe souvent d’un extrême à l’autre. C’est dans ces moments-là, autant de mélancolie que de joie extrême, c’est là que je compose. Il y a aussi le cannabis légal. Tout ça ensemble me fait créer de bonnes chansons (rires).
Myriam : Sur Bandcamp on peut lire que tes chansons sont plongées dans la tristesse mélancolique de la banlieue, qu’est-ce qui t’inspire dans la banlieue?
Vanille : En fait, c’est que j’ai grandi à Laval. Donc toute mon adolescence, quand j’ai écrit les chansons, il y a même des chansons qui figurent sur l’album que je vais sortir pour dire que ça fait un petit bout, ça fait au moins cinq ou six ans. Je composais dans ma chambre principalement, j’imaginais tous les instruments dans ma tête, je savais où ça allait, mais j’étais toute seule et je ne le partageais pas vraiment. C’était mon quotidien de banlieue qui m’inspirait. Maintenant c’est plus autre chose, comme la ville, parce que je suis rendue en ville, mais à l’époque c’était ça quand je composais. C’est plus le fait de je prenais des marches seule, j’allais dans des parcs, je pensais à mes amours déchues de 17 ans, c’était ça mon quotidien. J’étais vraiment enfermée dans la musique, j’écoutais beaucoup beaucoup de musique, je prenais ça très au sérieux ce que j’écoutais. C’était mon petit univers de banlieusarde.
Myriam : Quel est ton processus de création?
Vanille : En général, je vais avoir un air dans la tête, des fois dans la douche et je dois sortir de la douche pour aller l’enregistrer et je mets de l’eau partout (rires). Ça commence toujours comme ça. C’est un air. C’est toujours la ligne mélodique de chant qui commence. Après ça, tranquillement je vais prendre ma guitare, je vais trouver les accords que je veux et je finis toujours avec le texte. Ce n’est pas ça qui me vient en premier. J’ai un peu de misère à écrire des textes, ce n’est pas ça qui sort le mieux, c’est plus le chant, les intentions vocales, mélodiques.
Myriam : Ton EP, My Grandfather thinks I’m Going to Hell, était bilingue alors que ton prochain album sera juste en français, pourquoi ce changement linguistique?
Vanille : Honnêtement, ça n’avait juste pas de sens que je fasse ça en anglais. Je pense que dans ma tête, je visualisais plus le groupe comme un groupe qui fait des chansons en anglais alors qu’au final, je n’ai rien d’une anglophone, ça n’a juste pas rapport. Donc je voulais écrire en français, c’est ma langue, je parle cette langue-là chaque jour, pourquoi j’irais dire des textes avec des intentions dans une autre langue, on dirait que ce n’est même pas moi. Je pense que c’est ça aussi, je n’étais pas vraiment moi quand je chantais en anglais, je jouais plus le personnage d’être dans un groupe que de révéler quelque chose de sincère.
Myriam : Justement si tu veux aller dans quelque chose de plus sincère, peux-tu nous parler un peu de ton nouvel album, Soleil ‘96?
Vanille : Oui! C’est drôle cet album-là parce que c’est un album qui a beaucoup de chansons qui ont été écrites il y a longtemps, quand j’avais 18 ans, il y a aussi des petites fraîches des derniers mois. C’est comme un ramassis de toutes mes influences que j’ai eues musicalement, comment je comprends la musique c’est vraiment beaucoup parce que j’aime la musique, que je suis une fan des groupes, que j’écoute beaucoup de musique, des disques, je veux essayer que ça sonne aussi bon que ça, ça part de là, mon intention. J’ai vraiment, dans cet album-là, donné beaucoup de moments de vérité de ma vie, des histoires d’amour. Je suis allée à fond. Musicalement ça va être vraiment le reflet de ce que j’aime dans la musique en général. J’ai beaucoup écouté de musique française, des fois ça se peut qu’il y ait des petits élans de France Gall, de François Hardy par-ci par-là, mais en même temps j’écoutais beaucoup de rock psychédélique, de gros fuzz, des fois ça va plus vers le psych-médiéval que j’écoute. Il y a des touches de ça au travers. Ça fait un beau melting-pot de mes influences et de ce que j’aime.
Myriam : Est-ce que ça va être très différent de ton dernier EP?
Vanille : Je pense que oui. Moi je trouve qu’il est vraiment différent, en même temps, tout le monde qui est près de moi dit que ce ne l’est pas. Je pense que je ne peux pas vraiment juger (rires).
Myriam : Comment s’est passée la création de cet album?
Vanille : La création s’est faite tellement sur un maudit bout de temps que j’ai comme eu trois vies depuis que j’ai commencé l’album (rires). Il a été enregistré en plus en 2018, donc ça a pris énormément de temps à mixer parce que les disponibilités de tout le monde étaient un peu mêlées. Je travaillais avec Emmanuel Éthier, j’étais vraiment contente de travailler avec lui, c’est un gros nom, mais vu que je n’étais pas la top priorité, comme il faisait Corridor, Jonathan Personne, Pierre Lapointe en même temps, j’étais tout le temps la dernière fin de semaine qu’il restait. Ça a pris au final deux ans et demi (rires)! Mais là, ça va enfin sortir, je n’en reviens pas moi-même! Je suis très contente. J’ai un peu d’appréhension parce que comme ça fait si longtemps, je ne connais même plus bien mon album. Il est comme rendu loin de moi, j’ai trop appréhendé pendant deux ans la réaction d’un public que là on dirait que je suis face à un précipice.
Myriam : Avec le lancement de ton album, qu’est-ce qui t’attend en 2021?
Vanille : Il va y avoir, espérons, des spectacles pour de vrai. Là, on en a un qui va avoir lieu. Ça va être un spectacle diffusé le 5 février en collaboration avec Le Ministère, diffusé sur le point de vente. Il y aura déjà ça, un petit spectacle de lancement. Ensuite, est-ce qu’on va avoir une tournée pendant l’été au Québec? Ça reste à voir, c’est sûr que je le souhaiterais fort fort, mais on verra quand ce sera le temps.
Myriam : Si tu pouvais prendre ma place de journaliste pour une question, quelle question te poserais-tu, en y répondant?
Vanille : Je vais me poser une question qui me tracasse depuis longtemps : je veux savoir est-ce qu’on dit une trampolin ou une trampoline? (rires) Mais je ne peux même pas y répondre donc je me suis eue ben raide! (rires)
Myriam : Je pense qu’on dit un trampoline, mais c’est confus comme histoire.
Vanille : Mais peut-être que c’est une trampolin. Je pense que les gens ne le savent pas, c’est un secret grammatical, et c’est correct que ça reste de même.
Myriam : C’est peut-être un des trésors cachés de la langue française.
Vanille : Faudrait demander à Dany Laferrière.
Myriam : C’est sûr qu’il a la réponse.
Vanille : Sûrement, il a la réponse pour tout!
1. Ton lecteur de musique plante sur une île déserte, tu peux seulement écouter une chanson, c’est laquelle?
Cotton Eye Joe – Rednex
2. Ta chanson de rupture préférée?
Quand t’es pas là – Louise Forestier
3. Ta chanson d’amour préférée ?
Wouldn’t be nice – The Beach Boys
4. Un.e artiste que tu aimerais que les gens connaissent davantage ?
Larynx. Chaque fois que j’écoute son album Ruche de mouches, je ris et je suis émue par ce qu’il est.
5. Si tu pouvais écouter un seul album pour l’année à venir, ce serait lequel?
Les Smiles Sessions des Beach Boys (Brian Wilson)
6. La chanson qui te rend le plus heureux ?
Un garçon en mini-jupe – Karo
7. Un.e artiste / groupe qui t’inspire beaucoup ?
Margo Guryan, l’album Take A Picture
8. La chanson qui t’obsède en ce moment?
Buzz –Diane Dufresne
9. Une chanson que tu aimerais avoir écrite?
Something On Your Mind – Karen Dalton
10. Ta chanson (à toi en tant qu’artiste) préférée?
Si je pleure. C’est celle qui capture le plus l’essence de Vanille (HAHA!)