En quête de l’illimité… à la rencontre d’Hélène Nicole
© Courtoisie Hélène Nicole
Par : Johanne Mathieu
Elle a pour objectif d’amener les gens à dépasser leurs limites. Mais qui est Hélène Nicole? À la suite de la parution de son plus récent livre publié aux Éditions de l’Apothéose, J’illimite ma vie personnelle, MatTv.ca s’est entretenu avec l’auteure pour en apprendre plus sur elle et sur son ouvrage, mais aussi sur son métier, celui d’illimitatrice.
Votre métier est celui d’illimitatrice. En quoi consiste ce métier?
J’ai toujours pensé que j’étais un peu comme un ressort, que je plaçais des ressorts en-dessous des gens et que je les aidais à bondir par en avant. J’avais travaillé avec un spécialiste en marketing, lorsque j’ai décidé de changer de carrière il y a quelques années, et il m’avait fait travaillé très fort pour trouver « Mais qu’est-ce tu fais exactement? » Il y avait vraiment un fil conducteur [durant] toute ma vie à illimiter les gens, à leur faire dépasser leurs limites, mais d’une façon tellement agréable que la peur s’en va. J’ai su créer des environnements qui sont propices au changement, propices au dépassement de soi. C’est un peu ça, le métier d’illimitatrice, c’est de pouvoir amener les gens plus loin sans nécessairement aller sauter en bas d’un avion. C’est vraiment de créer des programmes, des environnements qui nous invitent au dépassement.
Qu’est-ce qui vous a amenée à pratiquer ce métier?
La vie finalement, puisque je suis une personne qui a pas mal toujours été une travailleuse autonome. Je développais sur commande. Quand j’ai commencé dans le spectacle pour enfants, je faisais de la suppléance, et un jour, on m’a dit : « Est-ce que tu pourrais faire un atelier, puisqu’on n’a pas de spécialiste en musique? » Mon rêve, c’était d’être chanteuse, j’ai dit oui évidemment et j’ai créé des ateliers qui permettaient en une heure d’enseigner la grande majorité de ce que les enseignants, diplômés en musique, devaient enseigner. Ça a commencé comme ça. Ensuite, j’ai fait l’art dramatique, la danse, j’ai écrit des spectacles. De fil en aiguille, j’ai fait énormément d’ateliers d’écriture de chansons pour apprendre par les arts, un programme du Conservatoire de musique à Toronto. J’ai aussi eu des contrats pour enseigner à des élèves en difficulté et j’ai pris l’habitude de toujours relier les passions des gens à l’objectif.
Vous avez fait paraître ce livre, J’illimite ma vie personnelle, et dans celui-ci, vous mentionnez Descartes et sa célèbre phrase « Je pense donc je suis ». Dans votre cas, on pourrait dire « J’illimite donc je suis ». Qui êtes-vous plus précisément?
(Rires) Je suis une rêveuse. Je suis une artiste. Je suis une personne très, très, très créative, j’ai toujours des idées. Elles ne sont pas toujours bonnes, mais j’en ai toujours. Je me considère Québécoise, même si j’ai passé une grande partie de ma vie à Toronto. Je suis francophone. J’ai passé quinze ans à faire la promotion du français par des spectacles aux petits anglophones et aux jeunes francophones en milieu minoritaire. Je suis une maman, je suis une sœur, la fille de mon père. Et je suis une personne qui adore lire et écrire. Enfant, on a changé beaucoup d’école, puisque ma mère était probablement bipolaire. J’avais fait, je pense, 26 différentes écoles jusqu’au secondaire 4. J’étais une enfant très, très timide, alors je me suis réfugiée dans les bibliothèques des écoles et j’ai lu tout ce qui me tombait sous la main.
© leseditionsdelapotheose.com
Cet ouvrage de développement personnel en est un de prise de conscience. Il invite les lecteurs à mieux se connaître, à retrouver leur essence et ce qui est essentiel à leur épanouissement, à identifier leurs passions, à faire des choix, à être dans le moment présent, à évoluer… Qu’est-ce qui différencie votre livre des autres?
Ce qui me différencie, c’est que je pense que j’ai pris le temps d’aller en profondeur, à l’intérieur de moi, pour voir de quel bois je me chauffe et comment je pourrais faire pour être encore plus qui je suis. C’est un livre qui est très intime, puisque la première partie [porte sur] qui je suis. Je veux faire prendre conscience aux gens qu’il n’y a pas de fin à être qui on est. La seule fin, c’est nous qui nous limitons à être peut-être plus petit que soi, et on n’est pas vraiment un corps, on est une personne qui pense, qui agit. On est à la hauteur de nos pensées, de nos choix, de nos espérances. On est notre foi en nous-mêmes, en la vie, notre joie de vivre, je ne peux pas dire ça commence ici, ça finit là. Nous sommes illimités par notre nature. Je suis différente dans la façon de comment moi je m’illimite, mais je n’ai pas suivi les traces des autres souvent. Par contre, comme une personne humaine qui n’a pas de limites à ce qu’elle peut devenir, je suis comme tout le monde et c’est là que je voudrais inspirer les gens, s’ils sentent [qu’il y a] des rêves qui ne se sont pas réalisés, « Oh, moi, je suis né pour un petit pain. » Je me souviens, on disait : « L’argent ne pousse pas dans les arbres ». Le pommiculteur, lui, c’est pas vrai! L’argent pousse dans ses arbres! Je n’ai jamais cru ces phrases-là qui condamnaient à vivre petit. Moi, ce que je rêve, c’est qu’il n’y ait personne qui vive plus petit que soi.
Qu’est-ce qui empêche les gens de s’illimiter, d’atteindre leur plein potentiel?
Souvent, la peur. C’est le gros bonhomme sept heures. Les croyances que l’on a, qui disent le contraire de nos rêves. Et si c’était faux? Moi, je dis toujours ça. Je vais aller voir de l’autre côté de la peur si c’est vrai que je suis pas assez bonne, que je suis pas assez intelligente, que ça va prendre trop de temps. On m’a dit : « Tu ne peux pas devenir chanteuse », jusqu’à ce que je rencontre dans mon programme spirituel un gros producteur de musique. Et il y a souvent aussi qu’on est confortable, on est en sécurité, et ça, c’est une grosse limite. On va pas prendre le risque de perdre. Les deux grandes peurs des humains, c’est de ne pas avoir ce qu’ils veulent et de perdre ce qu’ils font. Il faut vraiment peser le pour et le contre de nos valeurs. Si je valoris[ais] énormément le confort et la sécurité, je n’aurais pas eu la vie que j’ai eue. Lorsque j’ai terminé mes études en informatique, on m’a embauchée chez Alcan et j’aurais pu rester là, faire une super carrière et être une retraitée. Maintenant, je n’aurais probablement pas pris de risque de vivre là, j’aurais été très bonne à entretenir des systèmes informatiques, mais je m’ennuyais! Je me souviens, j’avais écouté une entrevue de Richard Branson, le patron de Virgin, qui disait que le secret de son succès, c’est qu’il ne pouvait tolérer l’ennui. Je suis pareille, j’ai besoin qu’il y ait un facteur risque. Le confort est un réel danger à atteindre son plein potentiel.
Vous avez pour but de pousser les gens à dépasser leurs propres limites en partageant vos expériences personnelles. Vous avez dépassé les vôtres à maintes reprises et malgré les difficultés de la vie. En quoi ces épreuves ont façonné votre cheminement, qui vous a menée où vous en êtes aujourd’hui?
C’est la résilience. Je pense, en étant enfant, le fait de changer d’école aussi souvent, ça m’a forcée à sortir de ma gêne. Pour aller sur la scène, j’ai fait plein de cours de stage fright pour le trac. J’ai encore les mains qui tremblent. De faire face à ça, encore et encore, on vient qu’on développe une carapace, on se dit [que] le monde ne s’est pas écroulé. Il a fallu que j’accepte que tout le monde n’allait pas m’aimer, que tout le monde n’allait pas se lancer à acheter mon livre et faire de moi la fille de Harry Potter [J.K. Rowling]. C’est pas un livre de fiction, c’est assez rare que des livres de non fiction soient des grands best-sellers. Malgré qu’on sait jamais… M’approuver, c’était suffisant, et quelques personnes autour de moi [dont] je valorise l’opinion, qu’ils m’approuvent, c’est suffisant. Et là, la vie devient plus facile et tu peux t’illimiter, mais quand j’ai voulu plaire à tout le monde, ça ne fonctionnait pas. Je plaisais même pas à moi-même.
Fondatrice des boutiques La Capoterie, chanteuse et animatrice pour enfants, nommée Personnalité de la semaine La Presse-Radio-Canada pour avoir fait découvrir la langue et la culture francophone à plus d’un quart de millions d’enfants hors Québec… Vous carburez aux projets. Pourquoi vous êtes-vous tournée vers l’écriture?
Ça a été pour ma santé mentale. J’écris les livres que j’ai besoin de lire. Je m’écris mon propre mode d’emploi. Je me dis [que] l’intuition, c’est l’enseignement qui est à l’intérieur de nous, on la couche sur papier, c’est des vérités que l’on connaît. C’est extraordinaire ce que l’on peut sortir de nous si on prend simplement un papier et un crayon. L’écriture, ça me permet de mettre des mots sur mes émotions, faire sortir ça de moi, faire sortir le méchant. On dirait que le méchant cache toujours le beau. En le faisant sortir sur le papier, ça règle pas mal tous les problèmes.
Les mots semblent importants dans votre vie. Que signifie le mot dépassement pour vous?
[Le] dépassement, c’est de devenir une autre personne. Je ne suis plus qui j’étais hier, il s’est passé toutes sortes de choses hier qui m’ont changée. Et là, je vais assumer ce changement-là. C’est accepter qu’il s’est passé des choses qui ont changé ma manière de voir les choses, des façons de penser, des croyances que j’avais qui ne sont plus bonnes. Et avec tout ce que je sais maintenant, je suis une autre personne. Qui j’étais est dépassé. Si je reste qui j’étais, je vais devenir un vieux croûton moisi. Alors j’ai besoin toujours de m’actualiser. La nature s’actualise toujours. Donc, pour moi, se dépasser, c’est tout simplement s’actualiser.
Est-ce qu’il y a d’autres mots qui sont importants pour vous?
Tous les mots sont importants. Tous les mots nous donnent une grande liberté de nous exprimer. J’ai toujours aimé les mots et la musique. On ne trouve pas de limites, ni de fin à la musique. Les enseignants. L’enseignement que les gens nous donnent, pour moi, c’est de l’or. C’est des enseignants qui ont changé ma vie, des coachs, des mentors, des gens qui ont vu qu’est-ce que je pouvais accomplir, qui m’ont poussée vers l’avant, qui m’ont alignée dans la bonne direction. Alors, enseigner, je trouve qu’il n’y a rien de plus beau que ça.
© Courtoisie Hélène Nicole
Vous dites que relever des défis est un élément des plus importants pour vous maintenir dans le flot de l’illimité. Quels sont vos prochains défis? Vous allez entamez prochainement une tournée nord-américaine pour une série de concerts et d’ateliers basés sur vos livres, et ce, à bord d’un autobus converti en minimaison…
Le ciel m’est tombé sur la tête, jeudi soir (le 12 août), dans la nuit. J’ai eu des convulsions, j’ai fait ça durant mon sommeil. Et là, on m’a enlevée mon permis de conduire. J’attends de voir qu’est-ce qui se passe avec les circuits électroniques dans ma tête, puisque je dois avoir un test normal pour [le] récupérer. Mais j’avais interviewé une jeune fille extraordinaire pour la prendre comme assistante et elle a son permis de conduire. Je me suis dit, le pire [c’est qu’]elle va conduire l’autobus. Le projet, c’est qu’à chaque fois que j’étais en tournée, j’arrivais à la fin d’une tournée, j’allais d’une région à l’autre, je me retrouvais toujours à l’autre bout du pays et je me disais : « Wow! C’est beau ici! Pourquoi il faut que je retourne à Toronto? » J’avais envie de vivre cette expérience-là. Premièrement, c’est Angel Forrest, l’artiste des Cantons-de-l’Est, qui a fait ça. Elle a vendu sa maison. Elle a acheté l’autobus pour Québec Rock, et elle et son mari l’ont complètement rénovée, ils ont fait leur maison là-dedans. Ça m’a énormément inspirée, je lui ai parlé à quelques reprises, puis finalement, je me suis décidée d’acheter mon autobus. Moi, par contre, je l’ai confiée à une compagnie qui s’appelle Québec Skoolie, à Québec. Le jeune Steve Perron est en train de tout m’installer les équipements, et moi, je vais faire le décor. Je le peins à l’extérieur et Steve m’installe tout ce qui est plomberie, le chauffage, le système solaire, etc.
Est-ce que la tournée va être retardée en raison de vos problèmes de santé?
Je ne crois pas. On a prévu partir à la fin novembre, après le Salon du livre de Montréal et j’ai une agente en Floride qui est en train de m’organiser une tournée, donc au pire, c’est pas moi qui va conduire l’autobus. C’est comme ça que je vais m’illimiter! Parce qu’il y a des gens comme moi qui ont des problèmes de santé qui viennent bousculer leurs plans, mais ça ne veut pas dire que notre vie s’arrête et qu’on va se limiter. Il faut juste mieux s’entourer. J’ai prévu vivre dans mon bus quelques années, puis voir si j’aime ça. Je ne vois pas si loin que ça d’habitude. Je suis une fille qui saisit les opportunités. J’aimerais éventuellement passé janvier, février, mars dans la Floride, l’Arizona, ces places-là où il fait chaud. Mais moi, j’ai une petite-fille qui est née au Japon, pendant la pandémie. Elle aura un an et je ne l’ai pas vue en personne encore, je suis un personnage du téléphone. C’est sûr qu’aussitôt que la frontière entre le Japon et le Canada va être ouverte, je saute dans un avion et je m’en vais passer cinq-six semaines au Japon pour rencontrer ma petite-fille.
Qu’est-ce qui vous reste à accomplir?
Rencontrer ma petite-fille. Être grand-mère. Je n’ai pas l’expérience d’être une grand-mère. C’est quelque chose que je trouve vraiment important. J’ai un autre livre que j’ai écrit qui s’intitule Sept jours pour devenir plus sensuel, qui est une étude des sens, que j’aimerais publier. Je suis en train de traduire mes livres, j’aimerais les lancer en anglais. Me marier. Je ne me suis jamais mariée, je pense que c’est la seule chose que je n’ai pas fait encore. J’ai toujours eu peur que ça allait limiter ma vie. Je dis toujours que quand je rencontrerais quelqu’un qui allait illimiter ma vie, j’allais l’épouser (rires). [Quelqu’un] qui fait bien la cuisine aussi (rires)!
Encore plus sur Hélène Nicole… entrevue illimitée!
Si vous n’aviez pas été illimitatrice et auteure, quel métier auriez-vous aimé exercer?
Dessinatrice de mode. Je ne suis pas assez bonne pour dessiner des vêtements et tout, mais j’adore le linge. Fleuriste probablement aussi. Je suis passé super proche, il y avait une boutique de fleuriste à vendre quand je vendais ma maison, avec toute la clientèle. Mais je me suis dit c’est trop tôt, dans vingt ans, je vais le faire.
Quel est le plus bel exemple d’une personnalité publique qui s’illimite?
Québécoise? Julie Payette. S’illimiter, c’est aller hors de notre zone de confort, c’est essayer des choses et souvent, se casser la gueule. Se casser la gueule publiquement, c’est beaucoup plus difficile. Je dis chapeau à Julie qui a essayé, qui est allée complètement en dehors de sa zone, qui s’est plantée et je suis certaine qu’elle en est sortie grandie, qu’il va arriver quelque chose qui va l’illimiter. Mais quel dépassement de soi! C’est pas toujours des success stories. La plupart du temps, on se plante jusqu’à temps qu’on ait appris ce qu’on a besoin pour réussir ce qu’on veut faire.
À l’international?
J’adore Michelle Obama, parce qu’elle aurait pu faire une grosse carrière d’avocate. Elle a lâché cette grosse job-là pour s’en aller dans le communautaire, parce qu’elle avait les personnes à cœur. Céline Dion m’inspire. Je trouve ça toujours drôle quand le monde dit « As-tu vu Céline? » Elle a bien le droit de s’habiller comme elle veut, c’est son argent, c’est son corps, c’est son linge! À chaque fois qu’elle achète un morceau, elle vient de faire vivre quelqu’un d’une manière spectaculaire. Quelqu’un qui a un talent bizarroïde que seulement elle a vu. On sait pas quand un artiste qui est connu comme [elle] va utiliser notre produit. Je trouve toujours ça drôle quand il y en a qui vont rire de Céline. Allez vous dépasser comme elle et après, vous rirez moins.
Quel est l’auteur.e ou le livre qui vous a aidée le plus à vous illimiter?
La personne qui m’a impactée dans mon jeune âge, c’était Janette Bertrand. Janette s’est divorcée, elle a marié un homme plus jeune elle a écrit des histoires [comme] Avec un grand A. Elle nous a illimités, elle nous a montrés à ne pas jouer petit et de nous illimiter encore et encore et à être mieux. C’est une personne extraordinaire. Pendant la pandémie, elle a fondé un projet de biographie pour que le m0nde sorte de leur solitude. Je veux faire comme elle. Au Québec, c’est vraiment Janette qui m’a inspirée à écrire et à croire que je pouvais faire plus que ma petite vie.
Vous aimez l’aventure, vous aimez les voyages. Quel est ou quel serait le lieu (pays ou ville) qui vous permettrait de vous illimiter pleinement?
Ce n’est pas un lieu, c’est de plus en plus quand je suis avec les gens que j’aime. C’est des instants avec mon père, il ne m’en reste plus long. Des instants avec ma sœur qui vit en Suisse. J’ai une nièce qui est en France, une autre qui est sur la côte ouest, ma fille qui est au Japon. Les gens que j’aime ne sont pas proches de moi. C’est relié aux gens que j’aime, aux moments que je passe, plutôt que la géographie.
Pour en apprendre plus sur les livres, les ateliers et autres projets d’Hélène Nicole, mais aussi pour en connaître plus sur elle, allez visiter son site officiel à l’adresse www.helenenicole.com. Vous pouvez également la suivre via sa page Facebook.