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Fantasia – Films d’un autre monde

Quand l’imagination surréaliste prend vie

© Festival Fantasia

Par : Normand Pineault

S’il y a bien un thème qui revient chaque année au Festival international de films Fantasia, c’est bien celui de l’extraordinaire. Qu’il soit la touche fantastique dans des œuvres réalistes, ou qu’il façonne littéralement un monde hors de nos frontières terrestres, il est omniprésent. Et bien que Prisoners of the Ghostland et Mad God nous proviennent des États-Unis, on ne pourrait pas être plus dépaysés par les lieux surnaturels dans lesquels se déroulent ces films de nos voisins du sud.

Prisoners of the Ghostland

© Patriot Pictures

Dans la ville post-apocalyptique de Samouraï  Town, Hero (Nicholas Cage) et Psycho (Nick Cassavettes) se retrouvent en prison après avoir tenté de braquer une banque japonaise. Mais leur liberté leur est ensuite offerte par le Gouverneur (Bill Moseley) quand celui-ci leur demande d’aller sauver sa fille Bernice (Sofia Boutella), désormais prisonnière d’un gang de hors-la-loi surnommé « The Ghostland« . Ils viendront à se demander s’il s’agissait vraiment là de la chance du moment, ou bien de la plus grosse erreur de leur vie.

Le réalisateur Sion Sono signe ici une folle virée d’enfer, qui pourrait soit être vu comme un futur film culte, soit comme un trip visuel bizarre qui ne se tient parfois pas du tout. En première canadienne, il s’agit d’un intéressant mélange entre Mad Max et Sept Samouraïs, entre un western américain et un film de culture japonaise traditionnelle, où la superbe photographie et les couleurs des costumes et des décors nous font presque oublier le désordre du scénario. Nicholas Cage, fidèle à lui-même, nous offre l’une des interprétations les plus bizarres de sa carrière. Tout comme dans quelques-uns de ses derniers films, son jeu à la limite de la démence réussit encore une fois à nous maintenir devant notre écran jusqu’à la fin, peut-être par simple curiosité ou par plaisir coupable de cinéphile de genre.  Sophia Boutella réussit à infuser une belle performance touchante au film, tandis que Bill Moseley en Gouverneur s’amuse à jouer le cow-boy aux belles paroles. Pour une aventure excentrique aux images qui vous en mettent plein la vue, c’est le film qu’il vous faut.

Mad God

© Tippett Studios

Un agent spécial enfermé dans un conteneur se fait progressivement descendre dans un puits mystérieux avec une seule mission en tête. Il traverse en chemin un monde décrépit et bizarre, ravagé par le temps, mais doit à tout prix garder son sang-froid puisque ce qui l’attend en bas n’en sera sinon que plus terrifiant.
Après plus de trente ans à travailler sur ce projet magistral, le maître de l’animation par volume Phil Tippett (Star Wars, Robocop, Jurassic Park) nous offre enfin son chef-d’œuvre au festival, en première nord-américaine.

Bien que l’animation de première qualité de Phil Tippett soit excellente, fluide et réaliste au point même d’en être troublante, il est difficile de définir Mad God autre qu’en utilisant le terme de cauchemar cinématographique. Fascinant, tout en étant à la fois dérangeant, ce délire visuel est tout à fait digne d’une vision dantesque de l’enfer et de la damnation, et se résume à une suite de scènes horrifiques sans grande continuité. La trame sonore d’ambiance réussit tout de même à l’occasion à nous hypnotiser et à nous immerger avec efficacité dans ce monde lugubre, juste assez pour que nous poursuivions notre visionnement par simple curiosité morbide. Cela en fait une expérience hors de l’ordinaire, mais qui nous porte aussi à se poser la question : est-ce que cette force d’animation et ce talent n’auraient-ils pas pu être utilisés afin de créer un monde et une œuvre beaucoup plus accessibles qu’un simple délire expérimental ?

La 25e édition du Festival international de films Fantasia se poursuit au cinéma et en ligne jusqu’au mercredi 25 août.