Le grand classique shakespearien revisité
Par : Hanieh Ziaei
La tragédie des amants de Vérone se dessine telle une fresque murale sur la scène des Grands Ballets, teintée de couleurs vives par le recours à une large palette de costumes, portés avec grâce par les 43 danseurs.
Ce grand classique shakespearien se joue par acte de couleurs : d’abord ce rouge vif de l’amour à la colère, en passant par la légèreté du blanc pur de l’innocence pour enfin s’immortaliser dans le noir profond de la mort tragique. Un dialogue passionnel certes entre couleurs incandescentes et émotions enflammées, mais aussi un va-et-vient permanent entre mouvements fluides et légers et corps intensément expressifs, parfois crispés, parfois sous haute tension! Sur le tempo de Prokofiev, le chorégraphe Ivan Cavallari réussit même, à travers ce mélodrame, à créer des parenthèses cocasses jusqu’à parvenir à décrocher le (sou)rire du spectateur malgré sa mise en scène hautement académique.
Il faudra tout de même patienter avant d’arriver au clou du spectacle et ainsi être témoin du corps inerte et sans vie de Juliette qui s’exprime si puissamment, sans mouvement, en démontrant par la même occasion une performance majestueuse de son corps muet face au cri de Roméo. Alors que les deux familles rivales, les Montaigus et les Capulets, s’agitent, se bousculent, se meuvent, les deux protagonistes principaux se lâchent, se fondent et sombrent dans l’abîme pour encore mieux s’immortaliser dans l’éternité! Cette sublimation de la mort des deux amants les rend encore plus ineffaçables à travers les âges.
La réinterprétation d’Ivan Cavallari semble s’inscrire dans un éclatement volontaire, ponctuée de moments de rupture continuelle, parfois surprenante, parfois saisissante. Une manière peut-être de tenter de moderniser le passé, le classique, l’intemporel.
Roméo et Juliette est à l’affiche à la Place des Arts de Montréal jusqu’au 27 mars, pour plus d’information visitez le site Web des Grands Ballets.