À gros traits
Par : Jean-Claude Sabourin
La pièce Whitehorse présentée au Théâtre Duceppe jusqu’au 16 décembre prochain a connu une première vie avant de se retrouver sur les planches. Elle a vu le jour sous la forme d’un roman graphique du même nom, créé par le bédéiste Samuel Cantin. L’adaptation d’une bédé en spectacle théâtrale reste encore un exercice inusité. C’est à cette démarche que se sont prêtés Guillaume Laurin, Sébastien Tessier et Samuel Cantin.
À cet égard, la question qu’il est permis de se poser est celle-ci : doit-on conserver l’esthétique bédé ou non? Les auteurs de la pièce Whitehorse ont choisi de la préserver, avec une grande efficacité il faut bien le dire. Que ce soit dans le décor, le mouvement des acteurs ou l’éclairage, Simon Lacroix a pris bien soin de nous transposer en chair et en os, un univers sur papier à l’origine.
Le récit de Samuel Cantin tourne autour d’une série de jeux de pouvoir plus ou moins malsains. On reconnaîtra la jalousie toxique d’un homme face à sa blonde qui est pourtant aimante; le contrôle qu’exerce sur son entourage un réalisateur de cinéma faussement génial et absolument stupide, l’envie que suscite une jolie et talentueuse actrice ou l’incapacité à essuyer un refus.
Tout est construit sans trop de subtilités, car l’objectif est de faire rire. D’ailleurs, plusieurs des situations illustrées par la pièce semble résonner dans une assistance en grande partie formée de personnes issues du monde du spectacle. Les rires sont nombreux et sincères tout au long du récit.
Une mention spéciale pour l’actrice Frédérike Bédard pour son rôle de médecin déjantée qui annonce à un des personnages, Henri, qu’il souffre du syndrome de la tortue. Son total manque d’empathie est hilarant et nous rappelle sous certains aspects les vicissitudes de notre système de santé. Quand elle revient sous la forme d’une clinicienne rock star lors d’un « bad trip » d’Henri on ne peut s’empêcher de s’esclaffer et de l’applaudir pour sa performance.
Bref, Whitehorse nous dépeint un monde dépourvu de délicatesse, que Laura, la belle actrice, décidera de quitter à juste titre. Y arrivera-t-elle vraiment?
La distribution est composée des interprètes suivants : Charlotte Aubin, Frédérike Bédard, Éric Bernier, Sonia Cordeau, Oscar Desgagnés, Vincent Kim, Guillaume Laurin et Sébastien Tessier. Les billets pour le spectacle sont disponibles au Théâtre Jean-Duceppe.
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