un magazine web axé sur la culture d’ici

Le Garçon de la Dernière Rangée, au Théâtre la Licorne

Succomber à la tentation de l’art

couverture Théâtre La Licorne
Crédit photo : Facebook du Théâtre La Licorne

Par Luc Lecavalier

Quelles sont les limites que l’écrivain peut ou ne peut pas franchir au nom de l’art? La pièce Le garçon de la dernière rangée, présentée au Théâtre La Licorne, laisse le public en juger par eux-mêmes dans cette plus récente adaptation de l’œuvre écrite par le dramaturge espagnol Juan Mayorga.

Canadienne d’origine égyptienne et ayant traduit de nombreuses pièces pour le public québécois, Maryse Warda assure l’adaptation, tandis que Marie-Josée Bastien et Christian Garon se partage une mise en scène élue comme la meilleure dans sa catégorie par l’association québécoise des critiques de théâtre en 2023. Charles-Étienne Beaulne, Samuel Bouchard, Lorraine Côté, Hugues Frenette, Marie-Hélène Gendreau et Vincent Paquette se partage la distribution de cette pièce «à mi-chemin entre comédie et intrigue policière. » 

La littérature à tout prix 

Professeur de littérature au secondaire aux traits cyniques et désespéré du succès comme de l’échec, Germain (Hugues Frenette) a toutefois un regain quand il lit un rare travail de ses étudiants digne de soutirer…un 7 sur 10. Ce texte est l’œuvre de Claude (Vincent Paquette), étudiant discret et peu bavard, toujours assis dans la dernière rangée de la classe. Il décrit d’une façon intrigante et intrusive le quotidien familial de l’un de ses camarades de classe, Ralph (Samuel bouchard), dont il a récemment visité le domicile.  

Si Germain est, certes, un peu déconcerté par le style et les mots, sa femme voit certaines des descriptions comme du voyeurisme. Quand il se déplace au salon ou se trouve la mère de Ralph (Marie-Hélène Gendreau) et qu’il se dit « attiré par la tendre odeur des femmes de la classe moyenne ». Ou lorsqu’il admire les peintures du corridor pour en fait écouter en toute discrétion les conversations des membres de la famille dans les pièces voisines.

Mais Germain est aveuglé par la façon de raconter l’histoire, convaincu d’avoir un phénomène sous les mains. Il encourage Claude, parfois de façon violente, à trouver des intrigues plus complexes et donc, à s’introduire toujours davantage. Il semble avoir oublier que l’histoire est en fait bien réelle… 

Un «twist» imprévisible 

Si on reste sur sa faim pour la première demi-heure, la pièce prend rapidement son envol grâce à une mise en scène simple et divertissante. Malgré 1h50 sans entracte, le rythme est surprenamment soutenu. Chaque scène s’enchaîne merveilleusement bien; si on commence à trouver le temps long, une nouvelle intrigue tout aussi saisissante que la précédente a tôt fait de venir chercher notre intérêt. 

À l’image d’un roman policier ou d’une minisérie bien ficelée, on est accroché à l’histoire, on veut savoir ce qui vas se passer ensuite. Vincent Paquette joue avec beaucoup de charisme le rôle du psychopathe en herbes, tandis que Hugues Paquette déploie beaucoup (parfois même une peu trop) d’intensité dans son rôle de professeur désespéré, acharné et têtu. Malgré le suspens, l’histoire garde un côté plus comique, donnant un air léger et décontracté à ce récit bien équilibré. 

La pièce est présentée au Théâtre La Licorne jusqu’au 14 septembre, heures de début changeante selon les jours de la semaine. Visitez le site web du théâtre pour obtenir plus d’informations et/ou pour vous procurer des billets.