Petit diable fort attachant
Par : Sara Bouhenni
Samedi dernier, la salle Le Ministère, l’une des plus en demande à Montréal, a accueilli l’artiste Adib Alkhalidey pour la première médiatique de son 3e album intitulé : Sale Arabe en thérapie (ou Les charmes discrets d’un transfuge de classe), sorti en 2023. Le sympathique trentenaire était accompagné de Dominique Plante (basse électrique), Julien Fillion (saxophone, flûte, guitare électrique), Mathieu Quenneville (clavier), et Thomas Sauvé-LaFrance (batterie).
Bien connu comme humoriste pétillant et coloré, plus méconnu comme chanteur-compositeur-interprète, Adib Alkhalidey a abandonné sa belle coiffe frisée pour faire place à un style différent; cheveux rasés sous une casquette, vêtu d’un t-shirt et d’une paire de jeans noirs. Dans une petite enceinte remplie de spectateurs de tous âges, l’artiste s’est livré corps et âme à travers différentes de ses compositions, certaines emplies de douleur et d’amertume, d’autres plus rythmées en dépit des maux qui l’habitent.
Une pluie d’émotions exhumées
Les œuvres Fake Smile, Pas assez et Arabe du hood en thérapie lui ont visiblement permis de transcender de profondes émotions, lesquelles font écho à un chagrin perçant provenant de différentes périodes plus sombres de sa vie. L’artiste multidisciplinaire nous a notamment raconté, en prélude de sa chanson Tu sais Mélo, le racisme et la persécution qu’il a vécus, entre autres, de la part du personnel d’un hôtel lors d’un voyage au Costa Rica. Seul et peiné devant cette haine injustifiée, il s’était enfui de l’hôtel pour se réfugier dans une petite cabane de location disponible à plusieurs kilomètres de la plage.
Heureusement, cette triste aventure s’est bien terminée puisque ses voisins de chambre, un couple de Terrebonne bienveillant, l’ont reconnu et ont passé la semaine avec lui, l’initiant à plusieurs activités et faisant de ce voyage l’un des plus beaux à ce jour apparemment. Ah ce qu’on on aime les belles fins!
Bêtes immondes
La chanson Bêtes immondes (ancien album) est tout simplement un bijou artistique, une ode mélancolique au déchirement que peut provoquer la trahison en amour. La douce mélodie annonçait un mal-être poignant et accompagnait une écriture écorchée, des paroles dépouillées de bonheur. Chantée avec le timbre de voix brisé peu connu d’Adib, cette prestation en particulier était complètement hypnotique. La foule dansillait tranquillement et ressentait vraisemblablement la laideur que l’adultère peut engendrer auprès des victimes.
T’inquiète, quant à elle, ressasse plutôt les regrets d’une relation perdue, mais qu’on ne parvient pas à oublier. Le besoin que l’on ressent parfois de prendre des nouvelles de notre ancienne flamme sachant pertinemment qu’une réconciliation est impossible.
G.T.F.O.D.M.S. (Get The F*ck Out De Mon Soleil), J’appréhende le pire et Painkillaz, ont ironiquement amené les fans à se dandiner sur des notes plus cadencées, malgré des paroles empreintes de morosité. Elles laissaient clairement résonner toutes les sombres émotions qui tergiversent parfois au plus profond d’une âme meurtrie.
Mille et un maux
Bien que cet album résume un parcours pavé de plusieurs maux, cachés ou à plaie ouverte, c’est avec une saisissante authenticité et une vibrante transparence qu’Adib Alkhalidey a généreusement partagé avec son public les abysses des coulisses hasardeuses de sa vie. Un brillant cheminement patché en raison de navrants événements, mais qui ont fait de lui l’artiste accompli et tant apprécié qu’on connaît aujourd’hui. L’écoute de son 3e album est un must, merci Adib!