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Central Cee au MTelus

Montréal dans la mire du UK rap

Crédit Photo: Facebook et Instagram Officiel de l’artiste

Par : Mathieu Pedneault

Hier soir, Central Cee était de retour à Montréal, cette fois dans le cadre de deux concerts solos au MTelus, dimanche et lundi. L’artiste londonien, étoile montante du rap mondial, a livré une performance sans extravagance mais hautement maîtrisée, prouvant qu’il n’a plus besoin d’artifice pour captiver son public.

Déjà aperçu lors du festival Métro Métro et Osheaga ou d’apparitions médiatisées, le rappeur britannique revenait cette fois en tête d’affiche, devant une foule venue l’entendre — et seulement lui.

Un public jeune, vibrant… et patient

Crédit Photo: Facebook et Instagram Officiel de l’artiste

Dès les premières minutes, l’ambiance dans la salle trahissait une attente fébrile. Et pour cause : l’artiste s’est fait désirer, arrivant sur scène avec près d’une heure de retard. Avant son entrée, un DJ a tenté de réchauffer l’atmosphère pendant une trentaine de minutes, mais l’impatience s’est vite fait légèrement sentir.

Le public, composé majoritairement de jeunes entre 17 et 25 ans, est resté en feu du début à la fin. Une génération connectée, qui connaissait chaque parole, chaque beat. Quand Central Cee est enfin apparu, l’explosion d’énergie fut immédiate — à la hauteur de l’attente.

De Shepherd’s Bush à la scène mondiale 

Crédit Photo: Facebook et Instagram Officiel de l’artiste

Né Oakley Neil H T Caesar-Su, Central Cee n’est pas un produit manufacturé par l’industrie musicale. Il est l’expression brute d’un environnement dur, contrasté, qu’il transforme en matière poétique et percutante. Porté par un style mêlant UK drill, mélodies sombres et paroles introspectives, il a su se distinguer dans un paysage souvent saturé.

De ses débuts sur Next Up? en 2019 jusqu’à l’explosion virale de Doja, l’artiste a prouvé qu’il comprenait les rouages de l’époque. Il sait parler à sa génération, directement, sans artifice. Peu de rappeurs britanniques peuvent se targuer d’avoir franchi aussi rapidement les frontières du marché nord-américain — et encore moins avec une telle aisance.

Une prestation millimétrée, sans artifice

Crédit Photo: Facebook et Instagram Officiel de l’artiste

Pas de mise en scène spectaculaire ni d’effets spéciaux tapageurs. Central Cee a opté pour un format épuré, presque intimiste. Un simple écran diffusant des projections discrètes suffisait à poser le décor. Tout reposait sur lui : son flow nerveux, sa gestuelle maîtrisée, sa présence brute.

Et ce bijou — massif, clinquant, à l’effigie de la Reine d’Angleterre — qu’il portait autour du cou attirait les regards. Visible à plusieurs mètres, il semblait presque disproportionné tant il dominait son torse, se balançant à chacun de ses mouvements. Il aurait d’ailleurs été créé par le célèbre joaillier londonien Trotters Jewellers, en hommage à la culture britannique, pesant plusieurs centaines de grammes et incrusté de dizaines de carats de diamants (les détails exacts restent confidentiels, mais sa valeur serait estimée à plus de 250 000 $ CAD).

Central Cee, entre vulnérabilité et contrôle

Crédit Photo: Facebook et Instagram Officiel de l’artiste

Ce qui rend sa proposition artistique si percutante, c’est ce subtil équilibre entre force et fragilité. Dans Obsessed With You, il évoque une obsession amoureuse presque juvénile. Ailleurs, il parle d’isolement, de contradictions, de pression — sans jamais chercher à dissimuler ses failles.

Cette vulnérabilité assumée devient chez lui une posture artistique. Le public, jeune, diversifié, majoritairement francophone, semble s’y reconnaître. Car Central Cee n’incarne pas un idéal. Il reflète une génération entière, avec ses doutes, ses codes, et ses failles.

Un signal fort pour la scène montréalaise

Crédit Photo: Facebook et Instagram Officiel de l’artiste

Ce retour solo en salle confirme une tendance : Montréal n’est plus une simple escale secondaire pour les artistes britanniques — c’est désormais une destination sérieuse sur la carte du UK rap.

Et c’est aussi la preuve que le public québécois est prêt. Prêt à accueillir un anglais teinté de cockney, prêt à vibrer sur des beats drill sans filtre, prêt à embrasser une culture mondiale en mutation constante.

En conclusion : une présence qui laisse des traces

Central Cee n’est pas venu conquérir Montréal. Il est venu la rencontrer, à sa façon. Et cette rencontre, sobre mais marquante, a laissé une empreinte durable. Pas de feux d’artifice, mais une puissance maîtrisée. Pas de grand spectacle, mais une sincérité rare.

Reviendra-t-il? Rien n’est moins sûr. Mais s’il le fait, il ne reviendra plus comme simple visiteur. Montréal lui a ouvert ses bras — et il a su y trouver un écho.