Un événement rassembleur, touchant et festif au profit de la Maison Adhémar-Dion

Par : Bruno Miguel Fernandes
Il y a des soirs où la générosité déborde de la scène jusque dans le cœur du public. Le spectacle Le ciel est à moi, présenté au Théâtre Lionel-Groulx au profit de la Maison Adhémar-Dion, en était un parfait exemple. Quatre heures de prestations touchantes, festives, parfois drôles, parfois bouleversantes, toujours sincères. Quatre heures où l’art est venu à la rencontre d’une cause profondément humaine : celle d’un organisme qui accompagne les personnes en soins palliatifs et en fin de vie avec douceur, dignité et respect.
Autour de cette mission bienveillante, une foule d’artistes se sont rassemblés pour offrir leur voix, leur talent, leur présence. Tous étaient accompagnés d’un groupe maison étoffé et solide, composé d’un guitariste, d’un bassiste, d’un batteur, d’un claviériste ainsi que de trois violonistes, un ensemble qui a su s’adapter à tous les styles, du folk au country, du rock à la chanson plus intimiste. Et malgré la durée du spectacle, la salle est restée bien vivante jusqu’à la toute fin. Un public fidèle et généreux, qui semblait vouloir, lui aussi, contribuer à cette célébration de la vie.
Partager la scène, partager la mission

La soirée s’est ouverte avec une composition originale de Nathan Loignon, jeune pianiste prodige de 18 ans au talent déjà bien affirmé. Une pièce douce, pleine d’espoir, d’autant plus émotive lorsqu’on sait que sa mère est décédée en juin dernier. Puis, dans un moment de grande beauté, Marie-Hélène Thibert a interprété Le ciel est à moi, donnant le ton à la soirée.
Parmi les moments forts, impossible de ne pas souligner la présence de Steve Veilleux, du groupe Kaïn, qui a offert un hommage intimiste à Serge Fiori avec une interprétation intime avec sa guitare de Pour un instant d’Harmonium. Il a enchaîné avec Adam et Ève et Embarque ma belle, deux de ses propres chansons, invitant la foule à chanter en chœur. Une belle manière de briser la glace et de rappeler que la musique peut rassembler au-delà des mots.
Un peu plus tard, Alain Choquette a pris possession de la scène avec un aplomb et une aisance exemplaires. Taquin sans jamais être moqueur, il a multiplié les échanges complices avec les spectateurs volontaires, tout en livrant des numéros de magie à la fois bluffants et drôles. Le clou : un tour collectif où il pariait que, s’il devinait correctement la carte de chacun, les spectateurs devraient faire un don de 2 $ à la Maison Adhémar-Dion. Autant dire que j’ai sorti mes deux piastres sans hésiter, et pas juste parce qu’il avait raison.
Le duo entre Rita Baga, icône de la scène drag québécoise, et Jeanick Fournier a été un des sommets musicaux de la soirée. Ensemble, elles ont livré Total eclipse of the heart avec puissance et complicité. Jeanick a ensuite enchaîné avec Tous les cris les S.O.S., dans une interprétation bouleversante et d’une justesse remarquable.
Après l’entracte, Claudette Dion est montée sur scène pour partager une anecdote touchante : celle d’une mère et de son fils réunis une dernière fois grâce à la Maison Adhémar-Dion, avant l’aide médicale à mourir. Un témoignage poignant, suivi d’un duo tout en douceur avec Marie-Hélène Thibert.
Des performances vocales marquantes

Le segment suivant a réuni les 2Frères, venus rendre hommage à Karl Tremblay avec une de leurs chansons. Puis, surprise : Édith Butler est arrivée sur scène pour interpréter Paquetville et Dans l’bois. L’énergie, les violons endiablés, les sourires : tout le monde avait envie de taper du pied. Et franchement, ça faisait du bien.
Les transitions entre les numéros étaient souvent assurées par des collaborations entre artistes, un choix judicieux qui renforçait l’esprit de camaraderie et la mise en valeur de chacun. Maxime Landry et Annie Blanchard ont brillé dans des classiques du country, dont Islands in the stream. Les arrangements de cordes et les solos de violon ajoutaient une richesse musicale vraiment agréable.
Margau a aussi livré une magnifique performance, puissante et maîtrisée, avec un extrait du spectacle musical Molière. Christian Sbrocca a pris le relais avec un autre moment fort bien senti. Deux humoristes ont également apporté une touche de rires : Mario Jean, fidèle à son style rassembleur, et Sylvie Tourigny, plus crue mais parfaitement en phase avec le public.
Chanter malgré les épreuves, chanter pour la vie

Dans les moments les plus marquants, impossible de ne pas souligner la prestation de Marie-Ève Côté, qui lutte actuellement contre un cancer du sein. Elle a offert une chanson remplie de résilience, un hommage à la vie malgré les épreuves. Puis, elle a été rejointe par Éric Lapointe pour un duo sur Mon ange. Ensuite, Éric a embrasé la salle avec Terre promise et Marie-Stone. Même après 23 h, la foule était toujours prête à chanter, danser, et vivre pleinement.
Le spectacle s’est conclu sur une note festive avec Jean-Marc Pisapia (The Box), alors que des ballons géants ont envahi la salle, transformant le théâtre en fête colorée. Une belle manière de clore un événement où la générosité, l’art et la solidarité se sont donné rendez-vous.
Impossible de passer sous silence le travail exemplaire de l’animateur Maxime Charbonneau, véritable chef d’orchestre de la soirée. Avec aisance et humour, il a su introduire la diversité des artistes tout en assurant les transitions avec brio. Toujours pertinent, il a comblé les temps morts avec une répartie naturelle, jamais forcée. Mais surtout, on sentait qu’il était là de tout cœur. Sa présence chaleureuse et son désir sincère de rendre hommage à la mission de La Maison Adhémar-Dion ont contribué à créer cette atmosphère à la fois festive et profondément humaine qui a marqué toute la soirée.
Parce que parfois, célébrer la vie, c’est exactement ça : chanter, rire et dire merci.