Un premier jour du festival marqué par le talent d’ici

Par : Myriam Bercier
Dans le cadre du Festival OFF JPR, une formule qui n’est pas sans rappeler le Zoofest, j’avais rendez-vous au Studio TD pour assister aux spectacles 100 % MTL animé par Sinem Kara et David et ses amis chantent drôle, animé celui-ci par David Beaucage.
100 % MTL animé par Sinem Kara
« C’est le début d’un flop ou d’un grand rêve », nous a lancé l’animatrice de la soirée en montant sur scène, soulignant que le festival faisait peau neuve avec une nouvelle équipe.
Avec ses anecdotes succulentes, son énergie solaire et son crowdwork super dynamique, Sinem Kara a vraiment donné le ton pour l’heure qui attendait le public.
Sa première invitée, Erika Suarez, a continué dans la même veine, avec sa voix forte et ses mouvements énergiques qui venaient appuyer ses propos. Du haut de ses 31 ans, elle s’est lancée dans une longue discussion sur le vieillissement et ses effets, autant sur le corps que sur l’esprit, ajoutant qu’elle savait qu’elle n’était pas vraiment vieille, plutôt une « jeune vieille ». La salle a très bien répondu à son enthousiasme, répondant et riant à plusieurs reprises à gorge déployée.

Crédit photo : Rashad Bedeir
Puis, Sinem Kara est remontée sur scène pour remercier son amie, et a fait du pouce sur son numéro. Tout au long de la soirée, elle s’assurera d’être le liant entre chacun de ses invités, en revenant sur l’une des blagues ou des thèmes abordés, permettant ainsi une transition douce et réfléchie.
Le second invité, Radi, a commencé fort en indiquant que lui, humoriste français marocain, animait des soirées d’humour en Abitibi (Rouyn-Noranda et Val-d’Or pour être précis), égratignant au passage le manque de main-d’œuvre. Au Québec depuis 6 ans, l’humoriste a joué aux jeux des comparatifs entre le Québec et la France (l’endroit où il est né). Son passage sur les déjeuners, très intelligent et bien ficelé, a bien amusé les spectateurs. Arrivé au Québec depuis 6 ans, Radi est revenu sur l’importance de s’intégrer. Il a choisi la voie de l’humour, et disons que cela semble lui convenir à merveille.

Crédit photo : Rashad Bedeir
La troisième invitée, Douaa Kachache, occupe une place importante dans la vie de Sinem Kara, qui l’a décrit comme étant « son amie musulmane, avec qui elle fait des trucs musulmans comme ne pas manger et écouter du Diam’s ». À la liste, on peut ajouter qu’elles animent ensemble le balado Drôles 2 dames, disponible sur toutes les plateformes.
Si Douaa est moins explosive qu’une Erika Suarez ou même moins dynamique qu’une Sinem Kara, son talent de conteuse a véritablement conquis la foule, qui était pendue à ses lèvres. Dans un spectacle où l’on promettait de « mettre de l’avant et célébrer la diversité culturelle en humour à Montréal », disons que ses récits d’enfant immigrante qui n’a pas connu son pays d’origine avant l’âge adulte ont franchement tapé dans le mille.

Crédit photo : Rashad Bedeir
La tâche de clore le spectacle a été confiée à Émile Khoury. Celui qui a grandi à Ahuntsic-Cartierville s’est chargé d’expliquer les différences entre les deux côtés de ce quartier. Il est depuis peu déménagé à Laval, et a parlé de l’importance de son balcon dans sa vie.

Par la suite, l’humoriste libanais a lui aussi joué le jeu des comparaisons, mais entre les enfants italiens et ceux québécois. Il s’est également permis quelques blagues salaces, qui ont bien plu aux gens rassemblés. D’ailleurs, mention spéciale à l’écoute du public tout au long de la soirée. Sinem Kara, d’entrée de jeu, a demandé aux gens de rire fort, même à ceux qui habituellement rient de l’intérieur, et on peut dire que l’appel a été entendu!
David et ses amis chantent drôle

En me rassoyant dans le Studio TD pour une seconde fois dans la même soirée, je me suis demandé à quoi m’attendre du prochain spectacle.
À un spectacle d’humour chanté, évidemment, mais étions-nous plus dans le spectre d’un spectacle des Trois Accords? Les deux micros et les trois guitares sur scène ont donné un indice avant même le début.
Tout juste après le message invitant les spectateurs à profiter du spectacle et ranger leur téléphone cellulaire, David Beaucage est entré sur scène en chantant sa pièce Power Nap qui cumule une centaine de visionnements sur sa page Facebook. C’était l’un des objectifs de ce spectacle : lui permettre de présenter sur scène certaines de ses chansons qui n’ont que vécu sur internet, notamment Gosser sur mon cell et Mousqueton.
Avec l’absurdité qu’on lui connait, l’humoriste a vraiment donné le coup d’envoi de cette soirée complètement éclatée (dans le meilleur des sens!). Sur scène, armé de son micro, Beaucage a une présence incroyable et vit à fond son moment.
Pour l’occasion, il avait invité des « humoristes musiciens, à ne pas confondre avec des musiciens qui sont drôles, comme Nicola Ciccone » a-t-il badiné.
Il a par la suite accueilli Daniel Grenier, que David Beaucage a lui-même découvert à l’adolescence alors qu’il faisait partie des Chick’n Swell. Fidèle à lui-même, Grenier a été décalé pendant toute sa présence sur scène, autant par ses paroles que ses réactions que même ses commentaires entre les chansons. Chacune de ses performances était plus intense que l’autre, à un tel point où après Voyage en amoureux, il commentera « fallait que ça s’arrête, sinon ma veine allait éclater! » en pointant son front.
Ses pièces originales, tirées pour la plupart de ses albums J’ai un poussin sur la tête (2014) et Pizza extra croûte (2023) ont beaucoup plu au public, qui a bien fait entendre son plaisir, à coups de rire et d’applaudissements.
Puis, David Beaucage est réapparu sur scène, indiquant qu’il avait préparé des duos avec chacun de ses invités. Avec Daniel Grenier, la paire a choisi d’interpréter Vélo tandem, tiré aussi de son album J’ai un poussin sur la tête.

Ce fut ensuite le tour de la deuxième invitée de la soirée, Daphné Létourneau. Celle que certains ont peut-être reconnue comme étant la voix derrière le thème musical du balado Tout le monde s’haït semblait nerveuse sur scène, mais sa voix très solide a rapidement fait oublier le tout.
J’aurais aimé, personnellement, qu’elle assume davantage le personnage de Daphné-la-chanteuse, mais comme elle a déjà indiqué dans le balado susmentionné avoir de la difficulté avec cet aspect, je lui pardonne. Sa chanson regroupant toutes ses mauvaises blagues était un vrai coup de génie.
Pour son duo avec David Beaucage, ils ont choisi d’offrir une chanson d’amour, Le gars weird (dans les party), tiré de l’album Une émotion dans la nuit (2018) de Beaucage.

Pour le dernier invité de la soirée, David Beaucage a fait semblant de ne pas l’apprécier et même de se l’être fait imposer sur son spectacle, propos qui ont bien fait rire, considérant l’amitié qui le lie à Pierre-Yves Roy-Desmarais. Le nouveau papa avait énormément d’énergie. Toujours aussi déjanté, l’humoriste a démontré tout son talent et son charisme.
Très rapidement, la foule riait de bon cœur à ses propositions musicales, notamment celle sur son père qui m’a, personnellement, fait pleurer de rire. Ses mises en scène, ses commentaires entre les chansons, sans oublier ses mouvements si caractéristiques ont fait lever le party.
Pierre-Yves Roy-Desmarais Crédit photo : Rashad Bedeir
Pour clore la soirée, David Beaucage est venu interpréter leur chanson BFF à distance, qui était très thématique, car Roy-Desmarais venait d’aborder le passé et la nostalgie.