La fin de l’été commence avec une tournée à ne pas rater

Par : Marin Agnoux

En ce lundi 8 septembre, tandis que le monde se ruait vers le concert de Deftones au Centre Bell, on se retrouve dans une petite salle du boulevard Saint-Laurent avec une centaine de personnes pour un concert que l’on attendait impatiemment. Ce soir, Radio Free Alice, accompagné de Zastava, sont à la Casa del Popolo pour présenter un show que je dois vous dire n’est sûrement pas à manquer. Je suis très content de pouvoir aujourd’hui soutenir et mettre en avant ces groupes dont on n’est pas près d’avoir fini d’entendre parler.

La foule discute tranquillement dans une heureuse soirée de lundi en attendant la venue de Zastava sur scène. Sans trop savoir à quoi s’attendre, la salle s’assombrit et le silence pèse. Le groupe de Détroit lance le concert, brutal, la mélancolie se pose et percute le public dès les premières notes des guitares. Les amplis tournés à fond, Zastava dévoile ce son clair et violent parfaitement maîtrisé, laissant le public abasourdi par cette entrée sur scène. Les morceaux de leur premier album Buildings, sorti il y a quelques mois, s’enchaînent, enivrant la salle au fur et à mesure que le show progresse.

Truth, Out Here, Fences déroulent, aux influences traversant la musique punk hardcore américaine des années 2000 au post-punk actuel, on écoute sans relâche le groupe à quelques mètres de nous. Un concert silencieux, où quelques mots du chanteur se glissent parfois, un peu hésitants. Sans trop savoir de quoi parler, il préfère laisser la musique faire, et leur musique est plus que bavarde. Les musiciens, humbles, jouent, s’amusent, avec technicité, un jeu droit et millimétré plein de liberté. Au même moment, face à nous, le chanteur absorbe le public d’une voix suave et puissante, avec un charisme réservé, hypnotisant.

Le concert se termine, les oreilles encore prises dans le bruit crachant des amplis que l’on enlace avec plaisir. Autour d’un verre avec le groupe après le concert, dans une discussion un peu loin de la musique, montrant des photos de nos chats respectifs, une amie leur dit : « but your music is like cat music » (« mais votre musique est comme de la musique pour chat »), un compliment que le chanteur a dit avec enthousiasme être le meilleur qu’il ait reçu. Mais vous me direz pourquoi je vous raconte cela ? Pour moi, tout cela fait beaucoup de sens. Zastava, c’est une musique solitaire mais que l’on veut avoir proche de nous, douce et parfois brutale quand il le souhaite, mais remplie d’un réconfort tendre et déconcertant avec lequel on n’hésite pas à se laisser faire.

Une découverte que je vous conseille de suivre de très près. Après leur passage à l’Escogriffe en juin et la Casa del Popolo ce lundi, on espère les revoir très vite à Montréal. En attendant, d’ici là, le concert n’est pas vraiment fini : les jeunes Australiens de Radio Free Alice prennent la relève pour la suite.

Le public impatient regarde le groupe s’installer, attendant tous très jovialement leur arrivée. Avec trois EPs sortis au cours des deux dernières années, Radio Free Alice a su construire une fanbase déjà très présente. Après une tournée des festivals cet été, ils lancent tout juste leur première tournée nord-américaine. Les premières dates entre Toronto et Montréal annoncent un très beau tour descendant ensuite vers Boston et New York. Heureux d’être là, et nous heureux qu’ils soient là, le concert s’annonce bon.

Il a suffi des premières mélodies des guitares que l’on connaît déjà tous très bien pour se laisser emporter. Enchaînant leurs musiques Paris Is Gone, Spain, Chinese Restaurant, l’on se rend vite compte que la formule de Radio Free Alice fonctionne à la perfection. Une voix atypique du chanteur, avec laquelle il n’hésite pas à se balader, et des guitares déjà très réputées pour leur son singulier et mélodique que l’on reconnaît maintenant très facilement, le groupe dégage l’énergie des rockstars des années 2000, rappelant les Strokes à leurs débuts. Les compositions du groupe mélangent très bien ce rock alternatif à une new wave des années 80 assumée, qui nous rend nostalgiques des tubes de The Cure de ces années-là.

Les rythmes de batterie d’une efficacité à faire danser et les saxophones posant des nappes mélodiques sur certains morceaux traversent le public déjà fou du groupe, dans une salle où nous sommes à peine une centaine. Le groupe joue leurs morceaux les plus connus, Johnny et Look What You’ve Done, que tout le monde chante à tue-tête, bougeant plein d’énergie dans la salle, juste avant que le concert se finisse sous les applaudissements d’un public admiratif. Je suis prêt ici même à écrire que je prends le pari avec vous, lecteurs, que ce n’est pas prêt de s’arrêter : Radio Free Alice deviendra un groupe plus qu’important pour le rock dans les prochaines années.
S’il y a une tournée à ne pas rater en ce moment, c’est celle-ci. Zastava et Radio Free Alice offrent un show impressionnant qui nous a remplis de joie.