Un concert dans tous ces états

Par : Marin Agnoux
Une soirée qui commence assez bizarrement, il faut le dire. On se retrouve ce samedi 20 septembre au Café Campus pour le concert de Tropical Fuck Storm, une date que l’on attendait beaucoup après la sortie marquante de leur dernier album Fairyland Codex.
Après une heure de retard, la première partie, Tha Retail Simps, prend place sur scène, dans une salle emplie d’impatience. Tha Retail Simps, un punk à l’énergie égarée et aux erreurs de jeu — sûrement un effet du stress ou de la précipitation — ne fait pas l’unanimité. Des longueurs dans leur performance laissent le public dans une forte attente du groupe principal.
Tropical Fuck Storm effleure la scène de quelques pas à peine, s’installe près de ses instruments, et la salle se métamorphose. Une ruée d’applaudissements éclate, retenus pendant toute cette heure de retard, qui sera vite oubliée.

En quelques notes, le bruit lourd et fort perce la salle. Tropical Fuck Storm porte leur nom comme rares le pourraient. Les amplis soufflent le vent de leurs mélodies houleuses et stridentes pour former une harmonie violente, magnifique, comme la nature. Dans des regards ébahis, le punk psychédélique des Australiens dépasse sûrement ce que l’on attendait.
On ne comprend pas tout : les guitares criardes du chanteur et la batterie sourde, frappée avec force, mêlent les sons pour n’en faire qu’un. La bassiste et la guitariste maintiennent l’ordre, dans des accompagnements rythmiques et mélodiques qui laissent des espaces pour respirer. Mais il ne faut pas tout comprendre — c’est la beauté de l’orage, celle qui est spectaculaire.
Le chanteur mouvoie son corps dans l’espace, transcendé par sa musique. You Let My Tires Down, Fairyland Codex et Irukandji Syndrome s’insufflent de sa voix éraillée, laissant dans l’air une odeur presque surnaturelle.
L’expérience live de Tropical Fuck Storm ne laisse que très peu de monde indifférent. La foule dégage des centaines d’émotions que je ne peux recueillir. On a tous vécu ce moment qui bouscule le temps — quelques heures de violence sonore qu’on serait prêt à revivre depuis le début.
Malgré un début étonnant pour cette soirée, rattrapée par l’intensité des événements, le public sort avec la bonne fatigue. Celle qui donne le sourire, et qu’on a hâte de retrouver.