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La séduisante finesse de Black Rebel Motorcycle Club

Les 20 ans de Howl avec Black Rebel Motorcycle Club au Théatre Beanfield

Crédit Photo : B.R.M.C

Par : Marin Agnoux

Vingt ans que Black Rebel Motorcycle Club a sorti Howl. Profitant de cette très bonne excuse, ou plutôt de ce prétexte, ils sont partis en tournée. Ce mardi 7 septembre, nous marchions prestement vers les portes du Théâtre Beanfield pour ne pas arriver en retard au pied de la scène, tous un peu timides à l’idée de voir un groupe qui a bercé notre adolescence.

Le projet collaboratif du guitariste et auteur-compositeur Rob Marshall, Humanist, ouvre les écluses d’une soirée qui commence à s’écouler apaisée. Connu pour ses guitares cinématographiques et lancinantes, le projet de Marshall, invitant différents musiciens venus de plusieurs horizons (Mark Lanegan, Depeche Mode, BRMC…), s’accompagne sur scène d’un groupe de tournée constitué de Wendye Raw Fowler à la basse, Scott Pemberton à la batterie et Jimmy Gnecco au chant.

Crédit Photo : Humanist

Des compositions qui frappent lentement par une présence silencieuse des musiciens : on est amené à fermer les yeux pour écouter. Batterie et basse se complètent dans une lourdeur grasse, les guitares superposées de Marshall caressent les autres instruments tandis que Gnecco chante, insufflé par l’esprit de Mark Lanegan, avec une voix grave et suave. Humanist dégage une ambiance de nuit désertique qui recouvre la salle, et le public plongé dans le noir semble très introspectif.

Black Rebel Motorcycle Club est attendu dans le calme ce soir-là. Peter Hayes (guitariste et vocaliste) monte seul sur scène, silencieux, avec sa guitare et son harmonica. Des spots de lumière jaune s’allument, et dans une mélancolie intime, le concert commence. Robert Levon Benn (bassiste et vocaliste) et Leah Shapiro (batteuse) arrivent sur les dernières notes de guitare de Hayes. BRMC, distant, s’installe dans la salle du Théâtre Beanfield. Levon Benn prend la parole pour le groupe et brise un peu la glace avec le public.

Crédit Photo : B.R.M.C

Les compositions entre blues rock et psychédélique s’enchaînent, sans artifice, brutes et acoustiques. Les voix presque folk de Hayes contrastent avec celle de Levon Benn, plus rock, tandis que la batterie phrase subtilement et logiquement les instruments. Hayes, en retrait, timide ou peu présent, se cache de temps à autre au fond de la scène pour revenir durant ses morceaux solos acoustiques. À d’autres moments, ses guitares affirmées reviennent pour suivre les basses et la voix enthousiaste de Levon Benn. Le public, heureux de retrouver leur groupe qu’ils écoutaient il y a déjà vingt ans, se laisse emporter par les vieilles chansons et profite simplement de la soirée.

Malgré l’énergie assez monotone que Peter Hayes aurait pu dégager à certains moments du concert, le son, les ambiances et la particularité que dégage le groupe ont su marquer et laisser une trace sur le public ce soir-là. Si certains questionnent encore la raison emblématique de BRMC, c’est dans la finesse qu’elle se trouve : celle de chaque instrument joué minutieusement avec douceur, celle qui dessine ce son empli d’influences méticuleusement apportées par chaque musicien, celle qui n’en fait jamais trop. C’est cette finesse-là que BRMC maîtrise à la perfection et qui, en concert, séduit subtilement au fur et à mesure, même si on veut y résister.