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« Un Spectacle » : Première heure pour Pascal Cameron

Un spectacle sur le fil

Crédit photo : Jérémi Roy

Par : Elizabeth Stone

Dès que Pascal Cameron entre en scène avec Un spectacle, on sent d’emblée qu’il joue — au sens propre comme au figuré — sur une ligne mince entre prise de risque et retenue. Il s’attarde sur sa propre vulnérabilité, sur les faux-semblants de l’existence quotidienne, lançant des salves d’autodérision et de réflexions grinçantes. La mise en scène, dépouillée, laisse toute la place à la parole, au rythme, et à l’espace que le silence vient parfois creuser.

La salle, comble, vibrait d’une énergie vive et taquine. Un public jeune, curieux, parfois moqueur, oscillant entre rires spontanés et murmures complices. On y sentait une certaine proximité avec Cameron, comme si chacun reconnaissait une part de soi dans ses dérapages volontaires ou ses maladresses assumées. Plusieurs humoristes, acteurs et auteurs étaient présents, contribuant à l’atmosphère d’observation bienveillante propre aux premières.

Crédit photo : Jérémi Roy

Parmi les spectateurs, la présence de Florence Longpré, compagne de Cameron, n’est pas passée inaperçue. Discrète, mais attentive, elle a été mentionnée à quelques reprises au détour de blagues domestiques, souvent tendres, parfois piquantes. Que l’humoriste choisisse d’aborder ainsi leur quotidien devant un public nombreux a quelque chose de surprenant — surtout lorsqu’il s’agit d’une figure artistique d’envergure comme Longpré — mais le tout demeure empreint d’une humanité sincère. Ce jeu d’équilibre entre le privé et le public, entre l’intime et le comique, contribue à la tonalité singulière du spectacle : celle d’un homme qui ne cherche pas la provocation, mais l’authenticité.

Certains passages semblaient construits comme des incursions vers les tabous, mais Cameron réussit la plupart du temps à éviter l’écueil de la complaisance. Il invite à la réflexion plutôt qu’à la simple réplique. À quelques moments, pourtant, l’équilibre vacille : un ton trop appuyé, une digression un peu lourde, pousse le spectateur à se demander, « pourquoi aborder cela ? » plutôt que « comment cela me touche ? ».

Crédit photo : Jérémi Roy

Entre audace et retenue

Ce qui distingue ce premier spectacle, c’est la volonté constante de rester du côté du goût et de l’empathie. Cameron ne se veut pas provocateur à tout prix, mais curieux, parfois provocant sans la provocation de façade. Même quand il flirte avec des thèmes sensibles, il cherche à inscrire son humour dans une certaine bienveillance — ou du moins plus qu’une moquerie gratuite.

À l’issue de la première, on sort partagé : admiratif devant l’exercice, mais avec des réserves quant à la constance du ton. Il y a là une promesse — celle d’un artiste prêt à pousser ses limites, à se mesurer à ses propres contradictions — mais aussi un chemin à tracer, pour affiner ce spectacle, le rendre plus homogène, plus serein dans ses assauts.

En somme, cette première de Pascal Cameron signe un départ prometteur : celui d’un humoriste prêt à tenter l’équilibre, sans s’y perdre — mais aussi sans s’y reposer.

Crédit photo : antoniremillard.com

Première partie : Antoni Remillard, le propos derrière le sourire

En définitive, Antoni Remillard offre une ouverture qui complète bien le spectacle principal : il prépare l’audience, installe une atmosphère de questionnement, sans lourdeur inutile. Il joue un rôle d’introduction pas seulement comique, mais humain — et c’est probablement ce qui le distingue le mieux. e qui frappe, c’est qu’il ne tranche pas toujours net. Il oscille entre l’humour léger (voire absurde) et des moments plus rough, où le doute et l’interrogation prennent le dessus. Pas toujours certains du casting de Remillard ni du ton choisi par l’artiste, on peut sortir de sa prestation avec le sentiment de manquer la cible. Ou peut-être est-ce l’impression que certaines transitions manquent de fluidité : le passage de la blague légère à la réflexion plus pesante n’est pas toujours parfaitement réglé.