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Ainsi parlait Zarathoustra

Saisissante soirée!

Rafaël Payare
Crédit photo : Gabriel Fournier

Par : Lynda Ouellet

À la Maison symphonique, ce mercredi 22 octobre, nous sommes heureux d’assister au concert Ainsi parlait Zarathoustra. En vedette, le tromboniste, James Box, et le violoncelliste, Brian Manker. Bien sûr, les solides musiciens de l’Orchestre symphonique de Montréal et leur chef, Rafaël Payare complètent parfaitement l’ensemble de cette programmation.

La soirée commence avec Tannhäuser, « Ouverture » suivi du Concerto pour trombone « Yericho ». Après la pause, nous poursuivons avec la troisième œuvre Schelomo, Rhapsodie hébraïque pour violoncelle et orchestre et la finale attendue, Ainsi parlait Zarathoustra.

Coup de foudre!

Orchestre symphonique de Montréal
Crédit photo : Gabriel Fournier

La première œuvre de Richard Wagner, Tannhäuser, « Ouverture », parle de celui-ci qui, après avoir vécu auprès de la déesse Vénus, revient sur terre afin de conquérir le cœur de sa flamme d’antan, Elisabeth. On commence tout en douceur et en retenue avec les cuivres et les bois et, délicatement, Payare fait monter la pression avec un crescendo appuyé par les cordes qui répondent bien aux cuivres. L’échange entre le premier et le second violon suivi du rythme des cordes contribue à cette histoire. La finale, dirigée par un Payare déchaîné, démontre un orchestre engagé et puissant.

Quant à la seconde œuvre écrite par le renommé compositeur canadien Samy Moussa, Concerto pour trombone « Yericho », elle relate une partie de la bataille de Jéricho. Moussa a mis en musique comment a eu lieu l’écroulement du mur par le peuple d’Israël. Moussa et l’orchestre nous ont fait vivre un sérieux coup de cœur, pour ne pas dire coup de foudre. Tout d’abord, cette œuvre met en évidence le trombone interprété par le virtuose, James Box.

Maison symphonique
Crédit photo : Gabriel Fournier

Membre de l’OSM, le tromboniste joue de son instrument avec précision, puissance et justesse. Il tire de son instrument les sonorités que Moussa recherchait certainement. Appuyé par quatre cors et deux trompettes, Payare a intelligemment intégré totalement l’orchestre pour soutenir le soliste et unifier toute cette splendeur.

Cette œuvre est relativement lugubre et nous prend au cœur. La progression dramatique saisit l’auditeur dès le début, et la tension monte. L’œuvre parle par elle-même, et on se surprend à reprendre notre souffle tant nous avons été frappés par le langage sonore de Moussa (qui est aussi un chef). C’est une saisissante découverte.

Un violoncelle et l’OSM!

violoncelle
Crédit photo : Gabriel Fournier

En troisième lieu, on entendra l’œuvre du compositeur Ernest Bloch, Schelomo, Rhapsodie hébraïque pour violoncelle et orchestre. Sa création traite d’une rhapsodie hébraïque, aux allures de grand poème épique. Il y a le Roi Salomon qui incarne le violoncelliste et les musiciens de l’orchestre qui personnifient le monde qui l’entoure. On dit de la composition de Bloch qu’elle est « une fantaisie orientaliste du tournant du siècle ». Cette rhapsodie est une conversation, un dialogue entre la sagesse et le tumulte.

Orchestre symphonique de Montréal Maison symphonique
Crédit photo : Gabriel Fournier

Nous commençons avec le violoncelliste, Brian Manker, qui nous présente des couleurs un peu orientales avant de passer au dialogue agité entre le violoncelle et l’orchestre. Bien joué, l’OSM (vraiment beaucoup de musiciens) a parfois pris un peu trop d’importance face au seul violoncelle. La grave finale nous plaît.

Apothéose, Kubrick nous revient en tête!

Payare
Crédit photo : Gabriel Fournier

Enfin, Richard Strauss nous transporte dans l’univers d’Ainsi parlait Zarathoustra. Un poème symphonique inspiré par le célèbre ouvrage philosophique éponyme de Nietzsche. Cette œuvre, nous la reconnaissons dans l’écoute de l’introduction du film 2001 : l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick. Strauss a voulu transcender par la musique l’élévation d’un homme, ce sentiment de puissance et de réussite de lui-même et l’amener encore plus haut.

Pour ce faire, la scène s’enrichit d’une vingtaine de musiciens de plus, elle est complètement occupée. L’introduction est telle que nous l’imaginions, c’est ici que prend toute la signification d’avoir l’OSM au grand complet. Sous la direction précise de Payare, les musiciens ne font qu’un avec le maestro, c’est l’apothéose.

Et nous entreprenons les mouvements suivants avec des cordes passionnées et les cuivres pour la grandeur cosmique. Nous avons apprécié que chaque section soit claire et apporte les atmosphères différentes. Le travail de Payare trouve tout son sens.

Une seule autre fois sera présentée à la Maison symphonique ce concert saisissant soit le samedi 25 octobre. Faites-vous ce plaisir ici!