Le mois de juin appartient au FRINGE Montréal
Depuis 25 ans, le mois de juin attire une foule d’artistes audacieux et de créateurs indomptables venus de partout dans le monde pour le FRINGE Montréal, ce festival hétéroclite qui repousse les limites de l’art performatif. Démarré par la communauté anglophone gravitant autour de l’université McGill, aujourd’hui le FRINGE investit la Main, symbole historique de la séparation entre les anglophones et francophones de la ville. À la différence qu’on célèbre maintenant ces deux cultures ensemble, tout au long du festival, l’un des seuls dans le monde qui présente des spectacles où les deux langues s’entremêlent. Coup d’œil sur la programmation démocratique (déterminée par tirage au sort) de cette nouvelle édition qui s’amorce.
En survolant la centaine de spectacles programmés, certaines productions ressortent du lot pour leur besoin criant de s’exprimer sur des sujets propres à la génération Y. Problèmes de communications, états d’âme troublés, désirs confus et crises identitaires sont au menu. Moé pis toé promet un spectacle doux, mais qui va prendre au corps. T.A. l’économie du désir c’est l’histoire de quatre femmes avec un trouble alimentaire racontant leur relation au corps, à la beauté et à la bouffe. Triptych de la compagnie new-yorkaise Luciani’s Absolute Theatre présente un rare et précieux regard masculin sur la sexualité humaine. Maelström – Moi qui parle à rien et toi qui entend tout – Entre nous, le silence navigue entre sexe, dialogues déconstruits et Twitter alors que Vide. Tout ce qu’on fera de moi explore cette tendance à trop vouloir être tout, qui fait qu’en bout de ligne on est rien. Finalement, la philosophie #Yolo s’incarnera dans la pièce Réussir son hypermodernité et sauver le reste de sa vie, une adaptation du roman de Nicholas Langelier par le Théâtre des Barbus.
Fringer avec la langue
Comme c’est coutume, le Fringe présente aussi des spectacles en franglais (sorry P.K.P.) dont l’intrigant Sexe, drogues et Kurt Weill, la vie et la mort de Boka, la valse comique Je pense donc je suis, et le prometteur Laureen, Queen of the Tundra, performance de drag queen inspirée de la femme de notre premier ministre canadien. Territoires voit plus large, avec son questionnement sur la nature d’un peuple et son appartenance à une étendue de terre, d’eau, de neige… Finalement, plusieurs spectacles se donnent dans la langue universelle de la danse, notamment Eunoia, un langage muet, qui explore le corps en mouvement, la performance d’athlète de la chorégraphe Liliane Moussa avec Finale au sol, le cabaret contemporain La Playlist! de la compagnie montréalaise Tuque et Capuche [TeC] et le spectacle de cirque The New Conformity.
Mais où est la musique?
Si on est moins du type théâtre et danse, les copains d’Indie Montréal présentent encore cette année une belle sélection d’artistes locaux en prestation au Fringe. Ça commence le 4 juin avec la meute de We Are Wolves, accompagnée des redoutables Duchess Says et Meta Gruau en premières parties. Ce sera l’occasion de voir le groupe montréalais en format intime car ça se passe au Divan Orange, qui accueille à peine une centaine de personnes toutes cordées. Le 5 juin, Lakes of Canada lance son vidéo Eden (à surveiller dans nos chroniques à venir!) et le 6 juin place à la pop vaporeuse d’APigeon, que j’avais d’ailleurs nommée dans mon Top 5 de découvertes musicales de 2014. Le deuxième week-end présente des soirées davantage axées sur le folk indie-rock avec Old Man Luedecke et Elephant Stone en prestation puis on se lance dans l’électro sous toutes ses formes avec Human Human, Pif Paf Hangover et les excellents Beat Sexü le 18 juin et Mozart’s Sister le 19 juin. Pour terminer cette autre édition en beauté, Medhi Cayenne Club et Choses Sauvages vous attendent pour une soirée rock-funkadelic le 20 juin.
Considéré comme un tremplin pour la relève autant qu’un laboratoire de création pour les vétérans, le Festival St-Ambroise Fringe Montréal est le festival des rencontres improbables et des découvertes surprenantes. Osez l’une des 700 représentations au calendrier, du 1er au 21 juin.
#FRINGEBuzz
Photos : © courtoisie