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Passovah : célébrations entre amis

Belle lancée pour cette 4e édition

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© Jean-Michael Seminaro

par Mélissa Thibodeau

Le Festival d’été Passovah bat son plein depuis mercredi. Aux quatre coins du Mile-End et de Parc-Extension, c’est dans une ambiance très conviviale, décontractée et quasi familiale que le public a droit à des performances musicales d’artistes de Montréal.

Le directeur du festival Noah Bick est pas mal fier des débuts de cette 4e édition : « Le public est là. Juste pour l’ouverture, c’était complet! C’était la première fois que l’on fêtait l’ouverture dans une plus grande salle et c’était une très belle soirée avec certains de mes artistes préférés! » Au niveau de la programmation, l’organisation a voulu faire autrement cette année : « Au lieu de mélanger les styles, nous avons préparé des line-ups réunissant des genres plus semblables et c’est réussi comme résultat. »

Pour le lancement au Théâtre Fairmount, Passovah s’était associé avec Yelp Montréal. Une belle foule de plus de 600 personnes s’était rassemblée pour voir et entendre MoonfaceMiracle Fortress et LA FosterUne soirée principalement électronique qui aura permis d’amasser 2 465 $ pour le Camp rock pour filles ainsi que pour Mission Mile-End.

J’ai eu l’occasion d’y découvrir Moonface. Né Spencer Krug à Penticton, en Colombie-Britannique, il est un artiste prolifique ayant évolué au sein de nombreux projets musicaux dont Wolf Parade, Swan Lake et Sunset Rubdown. Il possède une voix particulière, fragile sur les bords, mais tout agréable qui se love dans une trame sonore brumeuse donnant l’impression de faire une marche nocturne en forêt. Musique pour introvertis, avec des textes personnels et émouvants, sa poésie s’est attardée longtemps dans mon esprit.

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©Jean-Michael Seminaro/Yelp

Grosse soirée jeudi soir. Deux artistes bien connus de la scène faisaient leur rentrée. Katie Moore lançait son tout nouvel album Fooled by the Fun  au Rialto et Tim Kingbury dévoilait Sam Patch, son nouveau projet solo, au public montréalais au Bar Le Ritz PDB.

J’ai décidé de me rendre au Ritz sur Jean-Talon Ouest pour découvrir ce que le bassiste d’Arcade Fire tramait pour nous. D’ailleurs, à l’origine, Sam Patch ainsi que les artistes qui le précédaient dont The Muscadettes, James Irwin, Michael Feuerstack et Bantam Wings, devaient jouer à la Brasserie Beaubien. L’engouement du public a fait en sorte que les organisateurs de Passovah ont dû trouver une salle plus grande pour accueillir tout ce beau monde.

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© Anne-Sophie Lacroix

Une salle plus grande, oui,  mais qui offrait tout de même un cachet très familial à la soirée. Les groupes se suivaient et s’interchangeaient instruments et musiciens. Une certaine fébrilité flottait dans l’air alors que les gens présents semblaient curieux de voir et d’entendre le nouveau projet de Tim Kingsbury.  Sans enregistrement dévoilé et aucun autre spectacle prévu pour le moment, on avait la chance d’assister à une vraie primeur!

Accompagné sur scène de l’artiste folk Basia Bulat à la basse (dont il a coréalisé le plus récent album d’ailleurs), du batteur Jeremy Gara également dans Arcade Fire et Matthew Brown aux claviers, Tim nous a présenté du bon rock introspectif avec un brin de distorsion. C’était un plaisir de le voir prendre les devants et d’entendre sa voix. Le gars s’est donné une liberté qu’il n’a pas habituellement au sein d’un grand groupe et le résultat est très louable.

Ce dernier prenait bonne place comme leader de groupe et une chimie incroyable était percevable entre lui et ses collègues de scène. Basia était toute souriante, sautillant avec sa guitare basse au rythme de la musique. C’était une belle première démonstration et j’ai hâte d’en voir plus.

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 © Anne-Sophie Lacroix

Vendredi, je l’ai pris un peu plus tranquille. Je suis arrivée à la Casa del Popolo tard, mais assez tôt pour entendre les sets de Black Le Gary et de Joe Grass. Si je m’étais donnée comme mission de n’aller voir que des artistes que je ne connaissais pas, j’ai fait une exception pour ce dernier. Il joue beaucoup pour accompagner d’autres artistes, donc ce n’est pas souvent que l’on a l’occasion de le voir interpréter ses propres trucs.

Tout d’abord, Black Le Gary : un « supergroupe » de musiciens frustrés qui compose la section rythmique du Patrick Watson Experience, entre autres. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est écrit dans leur bio sur le site de Passovah. Éclatés, fous, un brin pas sérieux, Mishka Stein (basse), Robbie Kuster (batterie) et Morgan Moore (aussi à la basse) ne sont pas avares de notes et de bons grooves. Humour et virtuosité musicale font ici très bon ménage. C’était leur deuxième spectacle en quatre années d’existence et ils en voudraient d’autres, si l’on se fie à leurs dires. Cool.

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© Véronique Côté

Joe Grass a terminé la soirée. J’avais rejoint ce dernier quelques jours auparavant afin de savoir ce qu’il tramait comme spectacle. Il m’avait informé qu’il allait jouer de la nouvelle musique accompagné du batteur Sam Joly et du claviériste François Lafontaine. Il avait aussi promis un set fort et bizarre, doux et luxurieux, nu et habillé (je traduis librement ici). Tout cela en laisse assez à l’imagination. Une chose dont j’étais certaine, par expérience, j’allais passer un bon moment.

Originaire de Moncton, Joe Grass habite Montréal depuis plus d’une décennie. Il accompagne de nombreux artistes en tournée, réalise plusieurs albums tout en créant sa propre œuvre musicale. Ses performances sont livrées à la fois avec confiance et en toute humilité. Il peut passer du style bluegrass au prog au punk de façon harmonieuse. Une amie l’a comparé à Daniel Lanois pour cette polyvalence.

Rythmes lourds, voix smooth, jeux de guitare époustouflants avec des riffs parfois dissonants, Joe Grass est le genre de musiciens qui commande l’attention sans effort apparent. Lorsqu’il joue, on écoute, on est attentif. La salle est tellement silencieuse, les bruits du bar contrastaient parfois avec la musique. Il sait aussi s’entourer d’autres artistes tout aussi talentueux. Le trio Grass-Lafontaine-Joly était sublime. Une fois le show terminé, on ramasse nos morceaux de cervelles sur le plancher à la suite à l’explosion de nos têtes. Une autre bonne soirée Passovah!

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© Véronique Côté

Le Festival d’été Passovah se poursuit ce soir  et demain avec entre autres, CRABE, Mehdi Cayenne Club, KRoy, Monogrenade, Nancy Pants, Wintersleep et Jesse Mac Cormack. Pour la programmation complète www.passovah.com