Fuir la réalité par peur. Y revenir par orgueil et jalousie
Crédit photo : Gunther Gamper
Par Sébastien Bouthillier
Après une décennie de séparation, Perdican (Francis Ducharme) retrouve Camille (Alice Pascual). La naïveté de l’enfance dissipée maintenant qu’ils ont dans la vingtaine, les amoureux demeurent cependant incapables de se révéler leurs sentiments. Camille préfère devenir nonne et retourner au couvent. Perdican essaiera de provoquer sa jalousie en feignant d’en aimer une autre.
« Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux », assène cruellement Perdican.
L’orgueil guide les amoureux, qui se mentent l’un l’autre, mais qui paraissent aussi douter de leurs propres sentiments. C’est à se demander si l’amour déclaré peut être authentique. À force de se questionner sur leur amour, il se dissipera.
Les amoureux s’écrivent des billets comme on s’envoie des textos et des courriels. Autour d’eux, chacun tente d’intercéder auprès d’eux, de se consulter sur l’influence à jouer ou d’espionner comme on publie des états d’âme sur les réseaux sociaux.
Camille réserve son amour pour l’être divin afin d’éviter l’amour profane. Pourtant, elle craint d’être déçue, trompée par celui qu’elle aime. Afin de conserver une image idéale de lui, elle refusera de concrétiser leur amour par le mariage.
Publiée en 1834 par Alfred de Musset après ses déboires tumultueux avec George Sand, la pièce possède un caractère autobiographique. Scandaleuse à son époque, George Sand irrite par son pseudonyme masculin et ses romans qui narrent la rébellion féminine. Dépressif et alcoolique, Musset décède à 46 ans en 1857, après avoir abandonné ses études vers 18 ans pour se consacrer à la littérature romantique.
Claude Poissant signe sa première mise en scène depuis qu’il dirige le théâtre Denise-Pelletier. On ne badine pas avec l’amour est la troisième pièce de Musset qu’il présente, après Laurenzaccio en 1999 et Les caprices de Marianne en 2001.
Au théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 24 octobre. Aussi avec Adrien Bletton, Henri Chassé, Olivier Gervais-Courchesne, Martin Héroux, Rachel Gratton, Denis Roy et Christiane Pasquier.
Crédit photo : Gunther Gamper