Le compte à rebours est amorcé pour Alerte Amber
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Par : MYLÈNE GROLEAU
C’est ce lundi, 9 septembre à 21 h sur les ondes de TVA, que sera déclenchée Alerte Amber. Vous y ferez la connaissance de la famille Charbonneau. Valérie et Jonathan (Madeleine Péloquin et Vincent Leclerc) sont les parents de Logan et Éliot (Lévi Doré et Elijah Patrice-Baudelot). Ils habitent des quartiers bien ordinaires où vivent des gens bien ordinaires. Rien de spécial si ce n’est qu’il s’agit d’une famille éclatée, comme tant d’autres, par l’usure du temps, les circonstances et le quotidien d’avoir à vivre avec un enfant grandissant avec le spectre de l’autisme. Rien qui ne laisse présager toutefois la disparition soudaine d’Eliot. Une disparition? Une fugue? Un enlèvement? L’Escouade spéciale pour les personnes disparues tentera de décortiquer l’histoire pour remonter la piste vers Éliot et ainsi le retrouver le plus rapidement possible. Rien n’est laissé au hasard. Le compte à rebours est amorcé. On décortique, on fait des suspicions et on épluche les historiques. Toutes les informations sont nécessaires. Aucunes questions ni pistes ne sont négligées ou écartées. Tout le monde est suspect. On s’accuse, on se pardonne difficilement de ne pas avoir été là au moment présent du drame. Il y a un protocole à suivre avant d’enclencher l’Alerte Amber.
Alerte Amber est un suspense palpitant. Un enchevêtrement d’un drame humain et d’une chasse à l’homme avec comme toile de fond une conscientisation sociale sur l’autisme.
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La famille Charbonneau au grand complet saura vous émouvoir. On croit en la douleur qui les habite à divers degrés. Au sein de cette union, il y a eu un avant et un après la pose du diagnostic de l’autisme d’Éliot. Un enfant qui dépendra pour toujours de ses deux parents. La rigidité de celui-ci oblige les parents à recadrer, à restructurer leur vie familiale. Puis, l’image de la famille espérée se dépeint petit à petit obligeant le couple à se choisir individuellement. Madeleine Péloquin est parfaite dans le rôle de Valérie Sénéchal. Une mère désabusée par l’autisme. Ses craintes, ses peurs, ses envies de savoir son enfant en sécurité, à ses côtés et son abandon sont vivement ressentis. Vincent Leclerc dans le rôle de Jonathan Charbonneau, le père de famille, est toujours dans l’espoir de revoir celle-ci réunie à nouveau. Il transmet à son personnage une émotion tout en retenue. La fraterie, composée de Lévi Doré et Élijah Patrice-Baudelot, qui incarnent Logan et Éliot, est tout à fait remarquable. Les émotions véhiculées sont poignantes. On vit la déchirure, la tourmente. Elijah interprète parfaitement un adolescent vivant avec le spectre de l’autisme. Ses gestuelles, son regard fuyant, ses manies et sa rigidité verbale nous font croire au personnage en tout point. Il aurait été facile de tomber dans la caricature, mais pas ici. Vous croirez en la famille Charbonneau.
Les autres personnages qui accompagneront le clan Charbonneau font partie de l’Escouade spéciale pour les personnes disparues. La mise en contexte des personnages qui mèneront l’enquête a été un peu bousculée pour mettre l’accent sur la disparition d’Éliot. Les épisodes suivants nous permettront probablement de mieux comprendre leurs implications personnelles au sein de cette enquête. Une chef d’escouade, campée par Sophie Prégent, remplie de détermination qui mettra tout en oeuvre pour retrouver Éliot. L’enquêteur de la Sûreté du Québec, spécialisé en disparition, Frédéric Pierre, sera secondé d’une jeune recrue, Mylène St-Sauveur. Le duo travaillera d’arrache-pied pour tenter de mener à terme et rapidement l’enquête. Des raisons personnelles les pousseront à se dépasser dans ce compte à rebours.
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La série de dix épisodes a été écrite en solo par Julie Hivon à qui nous devons notamment la coscénarisation des séries : L’Échappée, Au secours de Béatrice, Toute la vérité et O’. L’auteure a su mettre en lumière la solidarité des gens qui sont impliqués dans ce drame ainsi que de ceux qui soutiendront la famille. La sympathie du public envers la famille Charbonneau sera assurément au rendez-vous.
Réalisée par Stéphan Beaudoin, Alerte Amber n’aurait pu être mieux chapeautée que par ce jeune et prometteur réalisateur. On lui attribue les réalisations de l’Heure Bleue entre autres, ainsi que de Yamaska et de La promesse. Lors de la projection, les comédiens étaient unanimes envers le réalisateur en saluant son approche très humaine qui rend indéniablement les mises en scène remarquables et sensibles.
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Sur toile de fond, Alerte Amber nous fait découvrir les univers parallèles de l’autisme et de notre monde qui les entoure. Notre réalité se confronte à la rigidité du spectre de l’autisme, aux quotidiens rythmés par les routines très encadrées et à tout ce qui est mis en place afin de sécuriser les gens vivant avec ce trouble. Tout cela est prenant, exigeant et socialement encore méconnu. Chapeau à l’interprète d’Éliot, Elijah Patrice-Baudelot et bravo à la mise en scène qui nous fait découvrir mieux ce trouble. En parler, c’est de permettre notre éveil à l’importance de l’intégration à la société de ceux qui resteront toujours remplis de candeur même une fois adulte. L’oeuvre de Gilles Vigneault, reprise admirablement par Fred Pellerin, Le grand cerf-volant, que vous pourrez entendre à maintes reprises dans la série, nous rappelle qu’ici, avec le spectre de l’autisme, leur liberté ne sera jamais acquise et qu’ils ne pourront s’envoler tout comme le cerf volant, par eux-mêmes.
Texte révisé par : Annie Simard