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Angélique Kidjo chante Glass avec l’OSM

Une soirée remplie de surprises

OSM sous Elena Schwartz
Crédit photo : Gabriel Fournier

Par : Lucia Cassagnet

Mercredi soir, la Maison symphonique de la Place des arts a été l’hôte de classiques et de mythes de création sous les sons de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM).

La programmation cette semaine nous offrait des pièces de compositeurs renommés, tels Leoš Janáček et Ludwig van Beethoven, et aussi, un souffle d’air frais provenant tout droit de l’Afrique avec l’interprète Angélique Kidjo.

Sous la direction d’Elena Shwarz, on part la valse avec La petite renarde rusée de Janáček. Dans cet opéra en trois actes composé en 1924, on découvre un monde où les animaux – les renards et toutes les autres bêtes qui partagent leur écosystème – déambulent à travers une flore insouciante.

La protagoniste, la petite renarde rusée, s’échappe d’un garde-chasse qui veut la domestiquer. En courant à travers les bois, elle tombe amoureuse d’un renard. Comme toute histoire canonique, le couple de renards se marie, et les enfants s’ensuivent.

C’est dans cette atmosphère de légèreté que l’oeuvre s’enchaîne pour ensuite nous surprendre par un retournement dans l’action, illustré par les tonalités graves qui prennent le dessus et viennent briser les harmonies des violons.

Enfin, le dernier jour de la petite renarde rusée est arrivée, tout comme celle de l’oeuvre.

Après cette première histoire d’amour, de nature et de création, on attend avec impatience la grande visite de la soirée. C’est alors qu’Angélique Kidjo, vêtue d’un vêtement traditionnel africain, arrive finalement sur la scène.

Jumelant des poèmes de Kidjo avec les notes de Philip Glass, on découvre Ifétrois chants Yorùbá.

Les trois chants, Olodumare, Yemandja et Oshumare nous font voyager au commencement de l’expansion du monde dans la mythologie Yorùbá

On retrouve Olodumare, le dieu suprême du panthéon yoruba, qui créé l’univers. Ensuite, on découvre Yemandja, la mère de l’humanité. Un esprit fort et associé à l’eau; elle donne la vie. Finalement, on fait la connaissance d’Oshumare, l’esprit de l’arc-en-ciel.

Avec une voix forte, assez basse par moments, et surtout, très bien projetée, Angélique Kidjo nous emporte avec elle dans cette création du monde qu’elle a écrite et composée avec le compositeur américain. De leur travail est né un pont entre deux cultures, entre deux pays, entre deux continents, entre deux styles et deux époques musicales complètement opposées.

La quintuple lauréate de Grammys délivre une puissante performance qui éblouit la salle au complet. C’est d’une beauté caractéristique qui garde en vie la tradition du partage des mythes et des histoires de création par la langue parlée, ou bien dans ce cas-ci, chantée.

Cette oeuvre représente un petit détour sur la chemin de la musique classique pour la programmation 2024-2025 de l’OSM, mais elle devient finalement un des plus beaux arrêts inattendus sur la route.

Angélique Kidjo avec l'OSM
Crédit photo : Gabriel Fournier

La beauté de la nature classique

Après ce spectacle imposant, on continue dans la thématique de la nature avec nul autre que Ludwig van Beethoven et sa Symphonie numéro 6, « Pastorale ». 

On embarque alors dans la nature belle et heureuse, le premier mouvement connu comme « l’éveil de sensations réjouissantes en arrivant à la campagne ». On sent le vent qui flotte entre les cordes des violons, heureux. On ferme les yeux et on s’image sur un gazon vert au découvert d’un ciel bleu brillant.

On arrive alors au bord d’un ruisseau, où les oiseaux virevoltent dans leur royaume aérien. Les flûtes, les clarinettes et le hautbois donnent vie au rossignol, le coucou et la caille.

Puis arrivent les humains. Ils se rassemblent, font la fête sous un tempo allegro rempli d’enthousiasme. Mais, parfois les rassemblements qui vont de bon train s’enveniment… et c’est exactement ce qui se produit dans cette oeuvre.

L’orage amène la tempête et vice versa. En un instant, les oiseaux ne volent plus, la rivière est effrayée et le ciel est rendu sombre. Un première averse se pointe, et elle amène avec elle la foudre et le tonnerre.

Toute cette histoire, elle est racontée par les divers instruments de l’orchestre qui se partagent le récit entre les notes jouées par les musiciens talentueux de l’orchestre.

C’est sans surprise qu’on termine la soirée emballés par le génie de Beethoven. Son habileté à recréer le monde à travers des sons est toujours aussi épatante.

Ce programme, qui se voulait très connecté à la nature – peut-être car le printemps pointe le bout de son nez finalement! – nous rappelle autant la beauté innocente du monde que les côtés plus obscurs qu’on oublie parfois.

Entre mythes et réalités, on voit naître le monde, des animaux vivre et mourir, et des gens être soumis aux caprices de la nature.

Crédit photo de couverture : Gabriel Fournier

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