Le Quartier des spectacles tout de blanc vêtu
©Huriel Salaun/MatTv.ca
Montréal ne serait pas une vraie métropole culturelle sans avoir sa propre édition de l’un des événements gastronomique et festif internationaux les plus en vue : le Dîner en Blanc. Les invités, mais surtout les organisateurs, se préparent des semaines et des semaines à l’avance pour être à la hauteur de ce pique-nique chic et distingué. Je me suis brièvement entretenue avec le fondateur et organisateur du Dîner en Blanc made in Montréal, Aymeric Pasquier.
« Il y a quelque chose de spécial dans le blanc… On dit que le blanc n’est pas une couleur mais le rassemblement de toutes les couleurs en une seule. Quelque chose rejoint toutes les cultures à travers la couleur blanche. » Plus qu’un souper ordinaire, le Dîner en Blanc, concept lancé en France en 1988, exige de ses convives charme et raffinement. Il faut cuisiner, décorer la table, s’habiller de manière recherchée et surtout, respecter le déroulement de l’événement afin de créer un résultat esthétique surprenant. C’est L’élégance en blanc, pas juste le blanc. Et à juste titre, tout le monde au Dîner en Blanc est BEAU. Les dames sortent leurs grands chapeaux, les demoiselles sont en robes et escarpins de princesse et les hommes portent fièrement leurs costumes de gentlemen.
« C’est un événement très accessible, pas élitiste. La sélection se fait par les connaissances avec qui on connecte davantage que par les moyens qu’on a. Pour y participer, il faut être référé par quelqu’un qui y est déjà allé. Chaque personne peut en inviter une nouvelle chaque année. Ça permet de garder les plus motivés! » Et motivés, les Montréalais l’étaient le 14 août dernier, pour la 6e édition du dîner le plus hype en ville. Ce qu’il a de particulier? On ne connaît le lieu du dîner qu’à peine quelques minutes avant d’y arriver. Les spéculations vont bon train et les réseaux sociaux s’enflamment alors que les plus curieux tentent de deviner l’endroit où on les emmène, à bord de l’autobus qui les y conduit.
Pour avoir une chance de participer à l’événement, il faut être membre du Dîner en Blanc et payer une cotisation annuelle de 5$. « La grande différence avec les autres événements chics de Montréal est cette volonté de garder le prix d’entrée très bas. Ça crée un sentiment d’égalité, d’uniformité. On est tous semblables les uns avec les autres; le temps d’une soirée on est tous unis à travers une esthétique, un art de vivre, il n’y a plus de ségrégation… C’est une énergie qui est particulière à cet événement et on souhaite la garder ainsi ». En effet, l’inscription au Dîner en Blanc tourne autour de 30$ et si vous choisissez le panier de victuailles pour ne pas apporter votre nourriture, plusieurs options vous sont offertes pour déguster tataki de thon, guédille de homard, foie gras en verrine, pâté de lapin, tarte tatin de végé-pâté, fromages du Québec ou encore couscous israélien. Le Groupe Apollo assurait le service de traiteur jeudi et la nourriture était franchement excellente.
Après quelques années à élargir son cercle social et notant l’engouement pour l’événement en à peine trois ans, Aymeric Pasquier a décidé de transporter le concept dans la grosse pomme, et de fonder Dîner en Blanc International Inc. avec sa collègue Sandy Safi. Ensemble ils créent une structure internationale du Dîner en Blanc, donnent des licences à des organisateurs dans différentes villes et s’assurent que le concept ne soit pas dénaturé.
La première édition à New York a eu lieu en 2011 et, quelques jours, 25 000 personnes s’y étaient inscrites. L’ampleur de l’événement permet évidemment d’avoir une emphase médiatique extraordinaire en plus de faire vivre aux New Yorkais une expérience hors du commun. « Ici on vit beaucoup à l’extérieur. On se rassemble dans des lieux extérieurs aussitôt l’hiver terminé. À New York le Dîner en Blanc est perçu un peu comme un OVNI qui n’a pas de précédent ». Au niveau vestimentaire, alors que Montréal tend plus vers le classique, New York fait dans l’originalité : « Le style est souvent original ou personnalisé. Ils osent s’habiller de manière extravagante dans la vie de tous les jours, ça se ressent. Les contrastes de styles dans la rue se retrouvent encore plus dans un événement comme le Dîner en Blanc ». Cette année le happening a lieu le 25 août. Mais on ne connaît toujours pas l’endroit…
Jeudi, c’est la Place des festivals, au cœur du Quartier des spectacles, qui a accueilli le plus grand banquet de son histoire. Le choix du lieu dépend de différents facteurs. Pour accueillir plus de 5000 personnes dans un endroit plat, la taille est évidemment déterminante. Ce doit aussi être un lieu qui n’a jamais été investi et au cœur de la vie urbaine, en interaction avec le trafic, les piétons, bref la vie autour. « C’est un lieu quotidien, transformé le temps d’une soirée en une place festive alors qu’en temps normal on l’aurait traversé pour se rendre au travail, du point A au point B. Le côté esthétique de la place et des bâtiments est aussi considéré ».
Si le temps frais nous a fait la vie dure en début de soirée, les invités ne se sont pas laissé refroidir pour autant! Rapidement ils ont manifesté leur joie d’être présents en agitant leur serviette de table haut dans les airs. Plus tard ce fut autour des feux de Bengale d’illuminer la foule. S’il y a un point sur lequel le Dîner en Blanc ne ment pas, c’est bien sur l’effet visuel puissant que le rassemblement crée.
On a pu profiter de la musique live une bonne partie de la soirée et d’un DJ pour allumer la piste de danse, qui s’est toutefois terminé abruptement au son de 11h. Les cendrillons et leurs princes ont aussitôt ramassé chaises, tables, bouteilles vides et vaisselle pour rentrer à la maison. Si l’on passe outre les codes genrés et un peu stéréotypés de l’événement, on y vit une excellente soirée.
Puisque la volonté de l’organisation du Dîner en blanc de Montréal est de plafonner à 5500 invités et qu’il y a 7000 personnes sur la liste d’attente… vérifiez dans votre réseau qui y était cette année et réservez votre place aujourd’hui!
#DEBMTL
Crédit Photo: ©Huriel Salaun/MatTv.ca