Quand foncer dans un mur est formateur
Après une chaude lutte entre trois excellentes candidates, Marily Dorion n’a pas rejoint ses amis dans l’autobus de Star Académie. Quelques heures après son élimination, l’Académicienne a enchaîné entrevue par dessus entrevue, et elle a bien voulu répondre à quelques unes de nos questions. Nous avons voulu revenir avec elle sur quelques moments de son aventure.
Comment s’est passé ta dernière semaine à l’Académie?
Ma dernière semaine s’est super bien passé, pour vrai! J’ai repris des forces. J’avais une autre manière de penser et de voir l’aventure. Pour vrai, je suis vraiment contente.
Tu as chanté Le tour de l’île de Félix Leclerc. Que veut dire cette chanson-là pour toi?
Cette chanson est un hymne à nos racines. C’est une belle pièce francophone. Félix Leclerc est l’un des plus grands auteurs-compositeurs-interprètes du Québec. Aussi, quand Félix a écrit cette pièce-là, c’est quand ils ont commencé à installer les lignes Hydro-Québec sur l’île d’Orléans. Il dénonçait qu’on détruisait ces beaux paysages de l’Île et qu’on touchait à l’environnement. Je trouve que ça peut aussi se rapporter à maintenant à quel point on perd parfois de vue la guerre climatique qu’on avait un peu avant la pandémie. Je trouve ça beau qu’il ait chanté la beauté des paysages plutôt que de parler seulement du négatif. Il y a pleins d’éléments que je trouvais important de mettre de l’avant.
Comme tu l’as mentionné tout à l’heure. Tu as dû reprendre des forces parce que tu as nommé à plusieurs reprises sentir une fatigue. Selon toi, elle a été causée par quoi?
Oui, c’est demandant Star Académie, mais ce n’était pas tant le travail qui était demandant que ma tête qui avait tendance à tourner le soir. J’avais de la difficulté à mettre ma tête à off. Veut veut pas, avec une télé-réalité et à cause des caméras, il y a de gros néons dans la maison. Parfois, ils m’empêchaient de m’endormir. Ce sont des éléments qui m’empêchaient de dormir. C’est sûr que j’avais des problèmes de sommeil qui ont commencé depuis l’hôtel. Alors, j’ai traîné une bonne fatigue avec moi. Dans les deux dernières semaines, j’ai appris à accepter cela comme une force au lieu de me taper sur la tête.
Il faut dire qu’à l’Académie, tu étais aussi l’oreille de tout le monde. À la longue, cela a dû être lourd à porter.
Ouais, ça n’a pas aidé. C’est exactement ça, et je n’osais pas en parler. J’ai tendance dans la vie à être toujours l’oreille de tout le monde. Je suis vraiment une éponge hyper sensible. Donc, bien souvent, quand quelqu’un ne va pas bien, je vais absorber son énergie négative. Je dois éventuellement me créer une certaine carapace. En même temps, je ne peux pas changer ma personnalité. Quand quelqu’un ne va pas bien, je ne peux pas ne pas aller vers cette personne-là. C’est sûr que ça, ça ne pourra pas changer, mais je pense que j’ai appris à l’Académie à prendre soin de moi plutôt que de toujours prendre soin des autres. Ça n’a clairement pas aidé à ma santé mentale et à ma fatigue émotionnelle.
Tu as eu une discussion avec Lara Fabian où tu lui disais que tu as été foudroyée sur les réseaux sociaux en raison justement de cette fatigue. Ça me semble t’avoir atteint beaucoup, je me trompe?
Oui… Une aventure comme Star Académie, tu évolues humainement, mais tu évolues devant tout le Québec. C’est assez particulier. Je pense qu’il n’y a personne qui est fait pour évoluer devant autant de gens. Je pense qu’au début, j’avais tellement envie de concorder avec tout ce que les gens de l’extérieur attendaient de moi. Dans la vie, tu ne peux pas plaire à tout le monde. Que ce soit dans une téléréalité ou dans la vraie vie, c’est le cas. Je pense que d’habitude, on n’est pas habitué de recevoir ça en pleine face ce genre de commentaires.
Il a fallu que je fasse la part des choses entre un commentaire constructif et un commentaire négatif. Il faut comprendre qu’il y avait des commentaires constructifs que je trouvais très pertinents. Dans ces cas-là, je les mettais dans mon baluchon de connaissances. Toutefois, il y avait des commentaires négatifs que je prenais à la même hauteur que ceux positifs et constructifs. Il a fallu que j’apprenne à faire la part des choses. Je devais me reculer la face du mur parce que j’avais le visage en pleins dedans finalement!
Parlant de commentaires, les professeurs ont souvent souligné ton talent d’auteur-compositeur-interprète. D’ailleurs, ils disaient que tu réussissais à mettre tes couleurs dans une chanson qui n’était pas la tienne. Cette aptitude-là n’est pas pas donné à tous. J’imagine que de voir que les professeurs croyaient en toi a dû faire du bien.
Vraiment. Ça, c’est un aspect qui m’a permise de me démarquer en tant qu’Académicienne. Je suis vraiment contente parce que c’est exactement ça que je voulais faire pour me démarquer. Gregory Charles aimait beaucoup mon style. Ça m’a aidée dans ma confiance parce que veut veut pas une expérience comme celle-là peut brusquer une confiance assez facilement. On scrute beaucoup à la loupe. C’était vraiment important pour moi d’avoir leur soutien.
Je suis une fille vraiment franche dans la vie, mais les professeurs le sont aussi. J’aime le monde franc puisque je veux savoir les vraies affaires. Avec les professeurs, lorsqu’ils veulent te dire quelque chose, ils te le disent. C’est bien beau dénaturer une pièce, mais ils m’ont appris qu’il y a une façon de doser. Ça, c’est un apprentissage que j’ai fait à l’Académie.
As-tu eu un moment marquant à l’Académie durant ton parcours?
Oui, j’en ai eu plusieurs. Il y a eu la rencontre avec Pierre Lapointe qui m’a vraiment aidée dans ma période un peu plus difficile il y a deux semaines. Il a dit que des artistes, c’est un peu comme des artisans. On crée des produits. Ce n’est pas tout le monde qui peut aimer. Tu vas te créer un fan base qui aime ce que tu fais, et ça, ça m’a parlé parce que justement c’est à ce moment que j’avais la face un peu trop dans le mur. Quand il est venu, il nous a dit qu’on ne pouvait pas plaire à tout le monde. Il ne faut pas que tu te dénatures pour essayer de plaire à tout le monde. Ça m’a vraiment parlé cette rencontre-là avec Pierre Lapointe. C’est un bon pep talk au bout moment dans l’aventure pour moi.
C’est arrivé à point!
Ouais! J’aurais aimé ça que cette discussion soit là la première semaine. Je n’aurais peut-être pas eu de break down à moitié de l’aventure.
La bonne nouvelle, c’est que tu as eu la chance d’avoir cette conversation-là. Tu n’es pas partie avant!
En fait, ses paroles ont plus résonné en moi à ce moment-là que s’il me l’avait dit au début. J’avais déjà foncé dans le mur.
Est-ce qu’il y a un côté de toi que tu aurais aimé nous montrer sur scène et que tu n’as pas eu la chance de nous montrer?
Oh mon dieu! Tellement! Moi, j’ai commencé à chanter à l’église. Je faisais beaucoup de gospel et de soul. Ça, c’est quelque chose que j’aurais vraiment aimé montrer. Je trouve que j’ai été beaucoup casé comme étant la fille qui fait des chansons douces. J’aurais aimé ça montrer ce côté soul et ce cran-là que je peux avoir aussi dans les variétés, mais ce n’est pas grave. Je vais le montrer au Québec dans mes compositions.
Parlant de composition, travaillais-tu sur un projet avant d’entrer à Star Académie ou depuis cette aventure, il y a des idées de projet qui ont germé dans ta tête?
C’est sûr qu’en sortant de l’Académie, je vais continuer à être chansonnière. Je fais beaucoup de pubs et de bars, et je vais continuer à le faire. Je suis vraiment crinquée de composer un EP. J’avais déjà quelques compositions avant que je n’osais pas montrer au grand public, mais là je vais complètement les travailler. J’ai le goût de faire un EP et de proposer ça cette année au Québec.