Un regard sur le passé pour mieux illustrer le futur
Par: Ariane Monzerolle
Mercredi soir, pour célébrer leur cinquantième anniversaire et ouvrir leur saison, les Ballets Jazz de Montréal ont décidé de nous offrir un programme triple avec leurs spectacle Essence. Ils nous ont proposé des réinterprétations de deux œuvres à succès, chorégraphiées par des artistes ayant débuté leur carrière aux Ballets Jazz de Montréal, ainsi qu’une création spécialement conçue pour l’ouverture de la saison par une jeune chorégraphe de la compagnie.
Avec ce programme triple, on revisite les premières inspirations des Ballets Jazz de Montréal. Sur scène, on retrouve une dizaine d’interprètes engagé.e.s et prêt.e.s à nous offrir une prestation solide et ancrée. Soixante-huit minutes peuvent sembler ambitieuses, mais elles ont été très bien utilisées au final !
1er tableau : We can’t forget about what his name par Ausia Jones
Ce premier tableau de vingt-deux minutes m’a beaucoup plu. Il a été créé uniquement pour l’ouverture de la saison en s’inspirant de la nature propre de la compagnie. On y retrouve une petite touche post-moderne, ce qui apporte une esthétique très intéressante à revisiter selon moi. La gestuelle basée sur la contamination des mouvements et les isolations apportait une force à l’œuvre. De plus, les différentes répétitions utilisées tout au long donnaient un effet poétique à ce premier tableau. J’ai définitivement beaucoup apprécié, et il s’agissait d’un tableau évoquant un côté un peu plus expérimental que l’on connaît bien de la compagnie. Un beau mélange de ce qu’étaient, de ce qu’est, et de ce que seront les Ballets Jazz de Montréal.
2ème tableau : Ten Duets on a theme of rescue par Crystal Pite
© Sasha Onyshchenko
Ce deuxième tableau beaucoup plus lyrique et remet en question les conséquences liées aux choix que l’on fait et aux relations que l’on entretient autour de nous ! Crystal Pite, la chorégraphe à l’origine de ce spectacle, se cache derrière ce nouveau souffle de cette œuvre. En effet, cette œuvre, d’abord présentée en 2008, a été reprise à plusieurs endroits dans le monde par la suite. C’est une œuvre totalement différente du premier tableau, plus lente et dramatique, avec un caractère romantique qui s’en dégage. Les éclairages disposés autour de l’espace scénique créent une atmosphère intime. La pièce ne dure que quartorze minutes, c’est son seul défaut, j’en aurais pris davantage ! J’aurais aussi souhaité des transitions plus longues entre chacun des tableaux. Mais quand on en redemande plus, j’imagine que c’est bon signe !
3ème tableau : Les chambres de Jacques par Aszure Barton
Cette dernière œuvre, performée pour la première fois en 2005 et acclamée par les critiques à l’époque, nous transporte dans des univers totalement différents de ceux que l’on connaît. En explorant divers types musicaux et styles chorégraphiques, nous avons droit à une œuvre riche qui s’interroge sur l’identité. On y retrouve quelques subtiles notes sensuelles qui ajoutent une couche de plus à cette œuvre déjà riche en texture. J’ai beaucoup apprécié les moments d’ensemble où l’on ressent l’étourdissement du personnage principal dans sa quête identitaire et amoureuse. Une œuvre assez singulière mélangeant la danse contemporaine, Gilles Vigneault et Vivaldi, entre autres, qui réussit à nous charmer!
Avec ce spectacle d’ouverture, les Ballets Jazz de Montréal ont de nouveau réussi à nous offrir une soirée charmante mêlant audace et nostalgie. Quoi de mieux pour célébrer leur cinquantième anniversaire !