Pour de la chorégraphe autochtone Daina Ashbee
Par : Sébastien Bouthillier
Avec Pour – qui signifie verser en anglais – la chorégraphe Daina Ashbee lève le tabou sur la relation des femmes à leur cycle menstruel en illustrant les émotions qu’inspirent ces douleurs intimes. L’interprète Paige Culley témoigne du passage de la vulnérabilité de la maladie à l’énergie des mouvements.
Elle se prosterne, puis se languit en tournant sur elle-même comme si c’était un rituel pour extirper le mal de son corps. Stridents, ses cris hantent la pénombre dès le commencement de sa performance. Ses hurlements nous plongent avec elle dans une ambiance sinistre. Quand la lumière crue éclaire subitement la scène, elle éblouit pendant que s’éveille le bourdonnement d’un mécanisme dont le fonctionnement paraît inexorable.
Réputée pour ses pièces lugubres et dérangeantes, Ashbee utilise la répétition dans Pour afin de marquer l’accomplissement du cycle. La répétition n’est pas identique, car plane le présage de dénouements différents grâce à l’idée de transformation qu’instille cette artiste de 26 ans.
Le vécu de cette femme, anorexique au début de la puberté, influence son travail dans Pour, où elle oppose tradition à destruction. Ses origines cries, métisses et hollandaises abreuvent son imagination. Voilà un spectacle nécessaire pour tenter de comprendre comment on ressent le mal de notre corps et envisager une avenue possible pour le supporter.
En plus des femmes, l’environnement et les autochtones marquent le travail de Daina Ashbee. Unrelated, qui porte sur la violence subie par les femmes autochtones, a été l’œuvre de la relève montréalaise finaliste au Prix du CALQ en 2015. When the ice melts, will we drink the water? interpellait le public sur les changements climatiques.
Mardi 27, jeudi 29 et vendredi 30 septembre à La Chapelle.
Texte révisé par : Annie Simard