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FIJM : Jowee Omicil, retour au bercail!

De la libération à l’exultation!

FIJM
Crédit photo : Benoît Rousseau

Par : Marie-Christine Jeanty 

Sous une pluie fine, j’ai quitté le 3 juillet en soirée, la Place des Festivals pour me diriger vers le Gesù où Jowee Omicil faisait un retour sur scène dans sa ville natale, lui qui vit maintenant en Europe depuis quand même près d’une décennie. Avec Jowee Omicil, on ne sait jamais à quoi s’attendre, mais une chose est certaine, ce sera un moment de haute qualité. Ce spectacle mémorable a eu lieu dans un Gesù quand même assez bien garni malgré l’heure tardive en pleine semaine (disons-le!). La musique de Jowee, c’est une profonde exploration de la spiritualité doublée d’une quête de paix intérieure. Sa musique est aussi teintée de son identité haïtienne tout en restant bien ancrée dans la tradition du jazz.

Alors cette soirée a débuté avec l’arrivée de ses accompagnateurs principaux : Jendah Manga (basse), Yoyo (batterie), Jonathan Jurion (piano) et Frankc Mantegari (batterie). Il est ensuite apparu sur scène avec comme accessoire principal, ses multiples instruments à vent : 4 saxophones (alto, soprano, tenor et bois de wenge), clarinette (basse), piccolo, kalimba et la trompette de sa fille (Marissah Jane Omicil). Durant la soirée, il nous aura éblouis de ses prouesses avec chacun et il s’est aussi beaucoup amusé sur son clavier électrique (Rhodes).

Jowee Omicil
Crédit photo : Benoît Rousseau

La matrice musicale principale de cette soirée était son plus récent et plus audacieux album, paru en début d’année : SpiriTuaL HeaLinG: Bwa KaYimaN FreeDoM SuiTe. La cérémonie du Bois-Caïman, en août 1791, est considérée dans l’histoire d’Haïti comme la bougie d’allumage menant jusqu’à l’indépendance du pays. Cet album évoque donc habilement les sentiments de justice et de liberté qui animaient les esclaves dans leur démarche. D’ailleurs, à certains moments du spectacle, le son émanant de l’instrument de Omicil rappelait celui du lambi utilisé par les esclaves comme moyen de ralliement. Il y avait dans la première partie de la soirée quelque chose de très cérémonial et libérateur, dans l’ensemble des éléments : les arrangements, le non-verbal de Omicil et sa voix. La deuxième partie plus jazzée tout en restant très kreyol, a été marquée par ses premiers invités spéciaux, le vétéran et mentor de Jowee Omicil, le guitariste Harold Faustin et un troisième batteur (que le compositeur et multi-instrumentiste a pris sous son aile) Rony Désinor.

Plusieurs éléments m’ont alors marquée : la complicité Omicil/Faustin, le piano comme fil conducteur, le bassiste qui nous évoquait des accords issus de sons traditionnels haïtiens et Omicil avec son instrument qui évoquait parfois le son de la vacine, cet instrument du rara traditionnel. Il y aurait temps à dire sur ce concert qui était d’une intensité musicale sans pareil. Il y a eu vers la fin de la soirée, qui semblait ne jamais vouloir se terminer, pour notre grand plaisir, des invité.e.s surprises. On parle ici du claviériste Rickey Pageot (bien connu car il accompagne Madonna), de la joueuse de Kora, Sophie Lukacs (une des rare femmes dans le monde à jouer de cet instrument), de l’artiste multidisciplinaire Monk. E et du chanteur Obed Jean-Louis.

Gesù
Crédit photo: Benoît Rousseau

La soirée s’est donc achevée sur des airs de grand jam festif en famille. Le public était alors debout et dansait. Sourire aux lèvres, vêtus d’un enième t-shirt où l’on pouvait lire Casa Del Bash (clin d’oeil délicieux à la populaire série espagnole). D’ailleurs, parlons de BasH!, c’est à la fois un cri de guerre et une déclaration d’amour qui cachent une belle profession de foi de la part de Jowee Omicil dans l’humanité et ces semblables.

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