Par: Anny Lemire
Publié pour la première fois en 1966, le roman L’Avalée des avalés a été écrit par Réjean Ducharme alors que celui-ci avait à peine 24 ans. Le mystère a longuement plané sur cet auteur qui refusait toute entrevue et toute apparition publique. Cela n’a toutefois pas empêché le succès de son ouvrage, un pionnier de ce genre littéraire, qui a eu 50 ans cette année. Le Festival international de la littérature présentait, les 1er et 2 octobre dernier à la Cinquième Salle de la Place des Arts, une adaptation du livre, signée Lorraine Pintal en collaboration avec le Théâtre du nouveau monde. Le spectacle oscillant entre le théâtre et la lecture mettait en vedette Sophie Cadieux dans le rôle de Bérénice, Maxime Dénommée dans le rôle de Christian et Louise Marleau dans le rôle de Chamomor (la mère).
L’histoire se déroule lors de la révolution tranquille tout près de Montréal dans une abbaye désaffectée. Elle met en scène la jeune Bérénice Einberg qui, à onze ans seulement, voit le monde d’une manière bien obscure. Étant ballotée à travers les intempéries de sa vie familiale, elle développe un fort amour et une quasi obsession pour son frère Christian.
©Pierre Crépô/Facebook FIL
Le décor est très épuré : une table de DJ trône dans un coin, quelques tabourets ici et là, des micros et des lutrins. Il y a aussi une grande boîte qui a été déposée au centre de la scène, la boîte de Bérénice, son monde. Cet espace, conçu par Charles Binamé à la manière de Joseph Cornell, s’adapte facilement aux diverses parties du roman. Les panneaux de bois s’ouvrent afin de créer de nouveaux espaces représentant une chambre d’enfant ou encore une fenêtre. La boîte est également munie de tiroirs permettant de dissimuler divers accessoires. Sophie Cadieux passe la majorité de la représentation dans la boîte, alors que Dénommée et Marleau, eux, clament leur textes derrières un micro et un lutrin. Un narrateur est également présent sur scène, pour accompagner le trio.
Tout comme le roman, la mise en scène nous prend par les tripes. Les réflexions de Bérénice sont profondes et remettent en questions plusieurs sujets tels que la religion et la guerre. Sophie Cadieux rend très bien la naïveté de l’enfant, mais également la rudesse de l’esprit. Elle émeut et captive. Les comédiens ont étés choisis avec justesse, les lectures sont fluides et pleines d’émotions. On retient même ses larmes par moments. La longueur de la représentation est probablement le seul bémol, puisque deux heures sans entracte pour des thématiques aussi lourdes que celles abordées dans l’Avalée des avalés, c’est vraiment trop.
Une des boîtes de l’installation Les avalures / ©Facebook FIL
Une exposition liée à cette oeuvre était également mise en place pour la totalité du festival. Du 23 août au 2 octobre, il était possible d’observer Les avalures, situées à la librairie Gallimard et dans le foyer de la Cinquième Salle. Ces installations imaginées par Mélanie Guilbault, Maud La Rue et Céline Poisson regroupaient diverses boîtes représentant des tableaux tirés du roman. Un amalgame d’objets, de mots et d’images représentant le monde de Bérénice.
Texte révisé par Gabrielle Demers