Fragilité et intensité
© Antoine Saito
En février dernier, l’annonce de la collaboration entre le groupe montréalais anglophone Half Moon Run et l’Orchestre Symphonique de Montréal dans le cadre de la fameuse série OSM Pop a suscité un vif engouement. Sur papier, l’idée pique en effet la curiosité et elle va de soi car Half Moon Run utilise abondamment le violon dans l’arrangement de leurs pièces à saveur rock alternatif. Est-ce que le mariage s’avérera aussi spectaculaire et émotif qu’escompté? Lors du concert du 26 septembre affichant complet, journalistes et fans ont agréablement pu répondre par l’affirmatif! En d’autres termes, les qualificatifs inoubliable, magique, magistral ainsi que leurs synonymes s’appliquent grandement ici.
Parés de leurs plus beaux atours, les membres sont arrivés sur scène au son de l’orchestre dirigé avec brio par Adam Johnson pour envelopper de douceur le public déjà en liesse avec Sun Leads Me On, pièce-titre du deuxième album. Dès les premières minutes, les spectateurs savaient qu’ils assistaient à une expérience unique, et qu’ils n’auraient pas assez de leur deux yeux et de leur deux oreilles pour la savourer pleinement. Les morceaux regorgeaient de subtilités. Ils formaient une harmonie tantôt somptueuse, tantôt percutante qui donnait constamment des frissons. Les applaudissements chaleureux et les cris après presque chaque chanson en ont été la preuve.
La sélection rassemblait avec un bel équilibre les titres des deux disques de la formation. Tous les amateurs ont été comblés. Les arrangements de Blair Thomson n’ont point dénaturé l’essence des pièces originales; ils ont plutôt bonifié la portée des mélodies, leur conférant une interprétation différente et céleste. La qualité des deux versions s’équivaut. Les deux univers, avec leurs caractéristiques propres, se sont rencontrés dans le plus total des respects, prenant l’avantage aux moments opportuns, toujours dans une symbiose savamment calculée. Impossible pour le public de rester de marbre. Des petits détails comme une harpe ou comme le claquement surprenant de deux cymbales plongeaient dans un état de sensibilité et de vulnérabilité. Par exemple, Narrow Margins et 21 Gun Salute invitaient à la sérénité, alors que la sensationnelle Give Up arrachait les larmes.
Évidemment, la voix feutrée de Devon Portielje a également apporté d’émouvants moments. La richesse et la puissance de son timbre donnaient l’impression aux spectateurs de s’envoler, de se libérer du poids parfois lourd du quotidien. Des instants amusants se sont insérés à cette luminosité dont les mouvements de danse loufoques et totalement assumés de Conner Molander.
Le spectacle s’est terminé avec une rafraîchissante intensité grâce à l’enfilade de succès comme Call Me In The Afternoon (qui a reçu une impressionnante ovation), Full Circle et She Wants To Know en guise d’hallucinant premier rappel. Un second, complètement spontané, a suivi quelques minutes plus tard tellement les gens ne voulaient pas partir! Half Moon Run a profité de l’acoustique de la salle pour offrir une chanson toute simple sans micro.
Bonne nouvelle pour ceux qui ont manqué les deux représentations. Sur sa page Facebook, le groupe a laissé sous entendre qu’il va peut-être répéter l’expérience…
Crédit photos : © Antoine Saito
Texte révisé par : Bianca Beato