La beauté de l’obsession
Par Lucia Cassagnet
La lègende raconte qu’Hector Berlioz, compositeur français, est tombé éperduemment amoureux de l’actrice Harriet Smithson en 1827 lorsqu’il l’a vue sur scène jouant le rôle d’Ophélie dans la pièce Hamlet de Shakespeare.
Entre la dépression et l’obsession, déterminé à conquérir sa bien aimée malgré des refus constants de sa part, Berlioz décide de créer une oeuvre concue spécialement pour elle. Deux mois plus tard apparaît la Symphonie fantastique. Avec cette pièce, du haut de ses 27 ans à l’époque, Berlioz se positionne comme un maître de l’orchestration de la musique classique. L’oeuvre en question est novatrice, originale et audacieuse. Elle marque le début d’une nouvelle vie pour le compositeur.
Près de 200 ans plus tard, elle est encore jouée par les orchestres partout dans le monde, dont l’Orchestre Symphonique de Montréal (OSM) ce mercredi à la Maison Symphonique.
Il faut dire aussi qu’une pièce musicale de cette résonance mérite d’être accompagnée par des instruments de taille. Tout juste avant la représentation de Berlioz, l’OSM a dévoilé leurs nouvelles cloches de carillon. C’est une première pour l’orchestre ! En petit avant-goût de la beauté de cet instrument, l’oeuvre La Chapelle de Michael Oesterle a introduit ce nouvel instrument, au grand plaisir de tous ceux présents.
Une soirée pleine de passion
La passion est ce qui a marqué cette soirée de l’OSM.
Le pianiste Daniil Trifonov, qui démontre son talent à cet instrument depuis son plus jeune âge, n’a pas hésité à donner son énergie entière au Concerto pour piano en la mineur de Robert Schumann. Son dévouement pour la musique était visible dans son visage, qui à la fois réagissait aux mouvements de la musique, et qui en même temps prévenait l’émotion qui était sur le point d’arriver.
Sans notes devant lui, tout seul avec son piano (et l’orchestre), il a délivré une excellente rendition de l’oeuvre romantique du compositeur allemand.
Le fantastique Rafael Payare
Le moment tant attendu, l’opportunité d’écouter en direct la symphonie de Berlioz, est finalement arrivé. Rafael Payare, le directeur musical de l’OSM, a été l’étoile brillante de cette représentation.
Tout comme le pianiste avant l’entracte, le directeur vénézuélien a entamé la tâche de diriger son orchestre aux harmonies particulièrement impressionnantes sans les notes devant lui. De mémoire, il a guidé son armée musicale pendant une cinquantaine de minutes à travers les cinq scènes de l’oeuvre, où chacune possède une instrumentation propre et originale.
Sa passion pour l’oeuvre était évidente dans sa direction des musiciens. Les conversations musicales ont volé entre les instruments, navigant les émotions et les soubresauts composés par Berlioz. Engagé, Payare a délivré une performance qui a laissé bouche bée l’audience de la Place des Arts.
Au final, cette soirée où les compsiteurs français, l’amour et le romanticisme étaient mis de l’avant, c’est l’amour passionné qui s’est démarqué.
Et si vous vous demandiez si le jeune Berlioz a réussi à conquérir l’actrice par son oeuvre… la réponse est oui.
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