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Imagine Van Gogh à l’Arsenal

Bienvenue en Provence!

© Gabriel Talbot/MatTv.ca

Par Maxime D.-Pomerleau

 

Après un succès fulgurant en Europe, Montréal reçoit l’exposition immersive Imagine Van Gogh, qui rend hommage au plus Français des peintres hollandais. Réalisée par Annabelle Mauger et Julien Baron et produite par Tandem Expositions, c’est une occasion unique de contempler de près les œuvres de ce peintre précurseur au destin funeste.

Si la facture de l’exposition est plutôt traditionnelle; quatre murs et un bloc au centre qui reçoivent des projections, c’est dans la facture immersive qu’elle se démarque. Les toiles du peintre faisant généralement 50 cm par 80 cm, elles font ici parfois 15 mètres de large. Mieux encore, plusieurs œuvres sont décortiquées et présentées en morceaux qui prennent toute la salle, permettant de voir les détails de manière inégalée. On voit tous les traits de pinceaux, les couches de peinture superposées et leur formidable texture, les détails qui nous échappent à simple vue d’œil. On a même l’impression de distinguer le tissage rugueux de la toile sous les aplats de couleurs pâles.

Peintre engagé, Vincent van Gogh n’est pas connu pour représenter la royauté et la bourgeoisie, mais pour peindre la classe populaire, ses paysans et des natures mortes. Un pied dans l’impressionnisme et un orteil dans le fauvisme, il s’appuie sur ce qu’il voit pour créer, d’où les nombreuses séries de toiles sur un même sujet. On est ému lorsque Les tournesols prennent d’assaut l’espace, fasciné par La nuit étoilée (qui reste trop peu de temps!) et on se sent observé par tous ses regards d’autoportraits qui surgissent en même temps. On s’émerveille devant ses tableaux avec des bateaux voguant sur une mer bleu profond, lui qu’on connait davantage pour ses éclatants champs de blé, ses fleurs et ses ciels.

La musique offre un support intéressant; appuyant l’émotion qui se dégage déjà de certaines œuvres. On a choisi différentes pièces populaires du répertoire classique, on est donc en terrain connu. Ainsi, l’exposition s’ouvre sur la célèbre Danse des chevaliers du ballet de Roméo et Juliette de Prokofiev, créant un effet solennel. Les valses lentes impressionnistes Gymnopedie No. 1 et Gnossiennes I-II-II de Erik Satie nourrissent la mélancolie alors que l’étrange Carnaval des animaux – VII. Aquarium de Saint-Saëns dévoile un sentiment d’anxiété et d’oppression qu’il faut bien reconnaître, en filigrane de l’oeuvre de Van Gogh.

Quelques estampes sont mises en relation avec des œuvres de ce dernier, pour montrer l’influence du japonisme sur le milieu des arts dans la seconde moitié du XIXe siècle, d’abord en France puis dans le reste de l’Occident. Grand amateur de cet art qui valorise les lignes courbes et les éléments naturels comme composantes esthétiques centrales, Vincent collectionnera plusieurs ukiyo-e (l’ancêtre de la sérigraphie) au cours de sa vie. Dans ses correspondances avec son frère Théo, dont on voit quelques extraits dans l’antichambre de l’exposition, il révèle que les couleurs vives et l’exotisme de la Provence le font sentir comme au Japon, bien qu’il n’y soit jamais allé.

Vincent van Gogh était un peintre de joie autant qu’il était tourmenté. Aujourd’hui il est difficile de concevoir que de son vivant le prolifique artiste n’ait vendu qu’une seule toile confirmée à 400 francs, alors que les collectionneurs et les musées du monde entier s’arrachent ses tableaux à coups de dizaines de millions de dollars. Imagine Van Gogh est une opportunité inouïe de rencontrer le peintre et ses influences, de voyager avec lui et se laisser porter par ses coups de pinceaux impressionnants. Ne tardez pas, déjà 40 000 personnes ont réservé leur place!

#ImagineVanGogh

 

Imagine Van Gogh à l’Arsenal art contemporain Montréal
Jusqu’au 2 février
Accessible aux personnes à mobilité réduite

Crédit photo : Gabriel Talbot/MatTv.ca