Ken Presse, entre la lumière et l’obscurité
Par : Auréa Gamboa
Le 17 janvier 2025, la scène du Ministère de Montréal accueillait un artiste à la personnalité aussi attachante que sa musique est émotive : Ken Presse, ancien membre du groupe Franklin Electric, venait lancer son deuxième album solo, Someday. Pour cette soirée de lancement, l’atmosphère était résolument intime: une petite salle, une scène modeste, des éclairages discrets… mais la musique, elle, était belle, douce et puissante, bien loin de la taille de l’endroit.
L’artiste a présenté les chansons du nouvel album en plus d’interpréter des chansons de l’ancien. Il voulait un spectacle complet et pas seulement un lancement d’album classique. Accompagné de son ami de longue date, Walid Moon à la batterie et de son guitariste et de son trompettiste invités, l’auteur-compositeur-interprète et réalisateur montréalais, a offert un concert d’une rare sincérité, un équilibre parfait entre la richesse de son répertoire et les émotions qu’il dégage. Dès les premières notes, on se laisse emporter par l’univers sonore de l’artiste, un subtil mélange d’indie, de folk, d’Americana et de country. Le son des guitares résonnait avec chaleur, soutenu par les percussions, tandis que la trompette ajoutait une touche de douceur mélancolique à des morceaux parfois sombres, parfois lumineux.
Ken Presse, d’une simplicité désarmante, a rapidement brisé la barrière entre la scène et la salle. Dès le début du concert, il s’est adressé à la foule, posant parfois des questions, créant une connexion immédiate. Il a admis vouloir mieux nous connaitre, nous, son public. Il a raconté sa vie des derniers mois, à la campagne près de son épouse, de son enfant et de ses poules. Il nous a raconté avec émotion sa vie de nouveau papa et des nuits blanches, de la fatigue des premiers mois. Pour introduire la chanson Someday il a raconté comment son travail l’empêchait souvent de partager son temps personnel avec amis et famille et comment il répondait…someday…un jour… (je serai disponible). Loin de chercher à se montrer inaccessible, il se confiait avec transparence. Parenthèse ici, pour parler de ce dernier album.
Sur Someday, Ken Presse nous raconte en mélodies sa propre vie. Il plonge, à travers ses chansons, dans l’univers complexe de la santé mentale et des luttes intérieures sous différentes formes. A travers ses paroles et sa musique, l’artiste cherche à toucher ceux qui traversent des épreuves similaires leur offrant de la solidarité mais surtout de l’espoir.
« Ce deuxième album me semble être la chose la plus personnelle que j’aie jamais faite. Ecrit alors que je me préparais à devenir père, il aborde l’anxiété, la maladie mentale, les luttes de la vie, la douleur et la solitude – mais rappelle aussi qu’on n’est jamais vraiment seul et que les moments difficiles finissent par passer. C’est une réflexion sur la connexion, trouver de la lumière dans l’obscurité et accepter le voyage, chaotique mais beau, qui nous attend » partage Ken Presse.
L’un des moments les plus marquants de la soirée s’est produit lorsque Ken Presse, guitare en main, et accompagné de ses musiciens s’est aventuré dans la foule. Il a pris place parmi les spectateurs, chantant au milieu d’eux, avec une proximité qui rendait l’expérience encore plus intime. L’artiste se veut proche de son public et il l’a bien prouvé. Il a réussi à captiver l’attention de chacun. La salle est restée suspendue à chaque parole, à chaque note et elle s’est finalement jointe aux artistes pour chanter en chœur. Beau moment de communion.
Au final, ce concert fut bien plus qu’une simple prestation musicale : c’était un moment de partage d’émotions, un témoignage de résilience et d’espoir. Ken Presse prouve qu’il est un artiste qui, à travers sa musique, cherche non seulement à toucher les cœurs, mais aussi à ouvrir des espaces de réflexion et de discussion sur des enjeux essentiels tel que la santé mentale. Un concert magnifique, humain et touchant, qui a su faire naître des étincelles de lumière dans les ombres du quotidien.
Crédit photos : Auréa Gamboa / Mattv