… et autres suggestions
Par : Johanne Mathieu
Le vendredi 12 août aura lieu l’événement J’achète un livre québécois. On souligne donc cette journée un peu à l’avance avec quatre suggestions de livres. Des lectures bien estivales qui vous feront changer d’air à coup sûr!
Entre ville et campagne, le cœur qui balance…
Qui n’a pas songé à quitter le brouhaha de la ville, malgré son ambiance et sa diversité, pour choisir le calme et les grands espaces de la campagne? Mariloup Wolfe, animatrice et réalisatrice de la série Le grand move (Canal Vie), a dressé le portrait de familles qui ont fait ce choix. Le petit guide du grand move, publié chez les Éditions Cardinal, est le prolongement de cette série qui a présenté des gens qui ont tout laissé derrière eux pour s’établir en région. Cet ouvrage va cependant plus loin. Dans celui-ci, elle présente donc de nombreux trucs pour bien réussir son grand move et mettre le cap sur une nouvelle vie!
Une multitude de raisons peut pousser les gens à abandonner la ville pour déménager en région. Et tous ont en commun le désir de vivre autrement. De Montréal, Belœil et Terrebonne, à Rimouski, Lac-Brome ou Saint-Ulric, la campagne apporte beaucoup d’avantages : de l’espace, moins de trafic, un sentiment d’appartenance, la capacité de ralentir le rythme, la beauté de la nature et de ses paysages… Ils sont nombreux. Mais ne part pas qui veut, quand il veut, loin de là. Avant de franchir le pas, il faut bien réfléchir et prendre une décision éclairée, en pesant le pour et le contre. D’où l’utilité de ce guide.
L’auteure parle notamment de conseils pour mieux accueillir le changement, des obstacles qui risquent de se dresser en cours de route, de l’art de s’adapter et de quelques pistes pour y parvenir, des défis de la cohabitation ou encore de la revitalisation des espaces ruraux. Elle y fait un hymne à la forêt, l’eau, la montagne et la terre, en y ajoutant quelques informations pratiques, comme sur la question du zonage agricole, celle de se construire en terrain montagneux ou encore celle de s’équiper pour affronter le froid. Un tour de chaque région est également proposé afin de mieux connaître l’histoire, les attraits et les particularités de chacune d’elles. On a même droit à quelques recettes! Les photos magnifiques d’Alma Kismic complètent à merveille cet ouvrage.
Mariloup Wolfe offre avec Le petit guide du grand move une fenêtre sur un projet de vie qui peut devenir réalité, en posant les bonnes questions, en abordant des sujets pertinents et… en faisant rêver un peu, beaucoup!
Le petit guide du grand move, de Mariloup Wolfe (2022), Éditions Cardinal, Montréal, 192 pages.
Autres suggestions de livres
Guy Ménard a toujours fait du sport. Il n’en fait pas à l’image de l’athlète accompli, mais plutôt comme un militant. Après une pause provoquée par une blessure persistante et causée par un diagnostic de myélome multiple, le sport a repris sa place dans sa vie… jusqu’au 23 mars 2020, où le Québec a dû se mettre lui-même sur pause en raison de la pandémie de la COVID-19. Guy Ménard a alors ressorti ses souliers de course et il est parti courir. Ses courses sont devenues des observations, d’abord publiées sur Facebook et le site www.particourir.com, puis regroupées dans ce livre intitulé Parti courir – Chroniques pandémiques et publié aux Éditions Victor et Anaïs. Dans ces pages, le sport ne sert que de prétexte pour trouver et raconter des histoires.
Des histoires, Guy Ménard en a plus d’une à raconter! Et les sujets sont variés. Ils vont des petits tracas du quotidien, à la politique américaine ou au hockey, en passant par la musique, les souvenirs, les joies (!) du bricolage, Ron Fournier, le racisme ou les « vieilles anglaises ». Il nous propose aussi sa vision sur la pandémie, la normalité qui semble loin, l’importance de l’interaction et de l’effort de civilité, « l’Après ». Les sujets légers, voire humoristiques, se mêlent aux sujets plus sérieux. Les liens parfois surprennent. Et on peut compter sur lui pour nous apprendre des choses. On sourit et on rit, on réfléchit ou on reste avec une boule au fond de la gorge. Ces histoires, ce sont celles des autres, celles qu’il invente, mais aussi beaucoup les siennes. Ce sont de solides anecdotes, des moments fugaces, des perles de vie. En toute humanité.
À la toute fin, comme ce livre est publié au profit de la Chaire Myélome Canada de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR), on en apprend plus sur ce qui entoure la maladie et la Chaire elle-même.
Parti courir – Chroniques pandémiques, de Guy Ménard (2022), Éditions Victor et Anaïs, Montréal, 282 pages.
Côté fiction
Si on regarde du côté de la fiction, la saison estivale, cette année, ne fait pas exception en matière de parutions qui captent l’attention. L’auteure Élise Lagacé a fait paraître le premier volet d’une nouvelle trilogie, Une chance qu’on s’aime T.1 : Chère Dolorès (Éditions Édito).
Dolorès vit un véritable conte de fées avec Franck, superstar du cinéma, et leurs trois beaux garçons. Mais la vie de rêve de la mère au foyer prend abruptement fin quand son amoureux lui annonce qu’il veut donner une nouvelle « orientation » à leur couple. Un malheur ne venant jamais seul, elle apprend que son père est décédé sans qu’elle l’ait revu. En héritage, il lui a laissé une cour à scrap et un garage en faillite, dans son très petit village natal. Dolorès fera donc un retour aux sources imprévu, mais rien ne se passera comme elle le souhaite. Cette virtuose de la mécanique devra faire face à la musique entre une famille qu’elle n’a pas vue depuis vingt ans, un amour de jeunesse déstabilisant et les magouilles pas très nettes de son frère cadet. Tout ça en plus de devoir s’occuper de trois fils plutôt turbulents! À l’aube de la quarantaine, Dolorès devra prendre les commandes de sa destinée, même de manière fougueuse, imparfaite, et parfois, imprudente!
Ce roman proposé par Élise Lagacé est complètement décapant. Aux yeux du monde, la vie de Dolorès est une vie de rêve, mais n’a rien de très glamour pour la principale intéressée. Alors que l’étoile de Franck a continué de monter, celle de la trentenaire s’est plutôt figée quelque part entre elle-même et l’arrivée de sa marmaille. Même si elle assume l’échec de son couple, elle a peine à comprendre tout de même ce qui lui arrive. Mais se laisser abattre n’est pas dans sa nature, celle-ci étant plutôt impulsive et incongrue. Et elle n’en aura d’ailleurs pas le temps. Tous ne voient pas d’un bon œil qu’elle reprenne les affaires de son père. Entre déboires sentimentaux, manigances criminelles et autres situations loufoques, les intrigues s’immiscent, s’imbriquent les unes dans les autres pour devenir… un tourbillon d’émotions. Renouer avec sa famille et ses amis d’antan ne sera par ailleurs pas une mince affaire, mais les liens demeurent forts malgré tout. Pour jeter les nouvelles bases de sa vie et aller de l’avant, Dolorès aura aussi plusieurs deuils à faire : celui d’une existence parfaite et dorée, de son père… et celui de sa mère, qu’elle n’est jamais parvenue à faire.
Une chance qu’on s’aime est peut-être une comédie romantique, mais pas du style long fleuve tranquille. L’auteure nous livre un roman flamboyant et imprévisible, qui pique notre curiosité de la première ligne à la toute dernière. Petit plus : chaque chapitre débute par un titre de chanson et son interprète. On peut retrouver tous les titres mentionnés sous forme de playlist éclectique, sur Spotify ou Deezer, comme il est mentionné à la toute fin.
Une chance qu’on s’aime T.1 : Chère Dolorès, d’Élise Lagacé (2022), Éditions Édito, Montréal, 336 pages.
Si vous cherchiez à dénicher LE roman par excellence cet été, n’allez pas plus loin, le voici! Samuel Côté a ainsi fait paraître Éloi Fortier, chasseur d’épaves T.1 – Les oubliés du fleuve, chez les Éditions Flammarion Québec.
Chauffeur de taxi à la retraite, Yves Dumoulin a un projet : celui de comprendre ce qui est arrivé à son arrière-arrière-grand-père Joseph, qui a été jadis mécanicien naval. Les récits familiaux des Dumoulin, de génération en génération, en ont fait une légende. Pour retracer la destinée de cet ancêtre, il fait appel à Éloi Fortier, enquêteur maritime de renom. Retrouver des épaves, reconstituer des scénarios, percer des mystères, tel est son métier. Malgré un horaire chargé, il accepte cette mission, qui prendra bientôt de l’ampleur. La découverte d’un carnet jauni mènera le duo tout d’abord jusqu’au cimetière de Pointe-Leggatt, à Métis-sur-Mer. Où cette piste les mènera? Les hauts-fonds du Saint-Laurent accepteront-ils de livrer leurs secrets? Samuel Côté nous convie à une périlleuse plongée sous-marine dans le passé.
À la lecture du premier tome de cette nouvelle série, l’âme d’aventurier qui dort en vous se réveillera! Grâce à Samuel Côté, le lecteur en apprendra davantage sur tout ce qui se cache derrière la découverte d’une épave, car ce qui se passe « en coulisses » est tout aussi important que l’excursion et la découverte elle-même. L’auteur possède une plume habile et maîtrise très bien son sujet. Il a un véritable don pour raconter. Cette intrigue part du souhait d’un homme qui veut en apprendre davantage sur l’historique de sa famille et lever le voile sur les secrets de celle-ci. Découvrir qui était son aïeul et ce qui lui est réellement arrivé pourrait, selon lui, changer à jamais le visage de sa lignée. Afin de mener à bien cette mission, Éloi Fortier se constitue une solide équipe de recherche. Mais déterrer le passé ne fait pas nécessairement l’affaire de tous, à Métis-sur-Mer, et Éloi, Yves et le reste de l’équipe rencontreront quelques obstacles sur leur chemin. Rebondissements à prévoir donc!
Dans ce roman, on s’intéresse autant à l’intrigue qu’aux personnages. L’auteur montre un côté très humain chez ceux-ci, ce qui les rend attachants. On aime d’abord la passion et la motivation que l’on ressent chez les personnages d’Éloi et d’Yves dans ce qui sera une chasse à l’épave et à la vérité. Puis l’auteur dépeint Yves comme quelqu’un qui a fait le choix d’une vie rangée, de l’ordinaire, de se tenir loin de l’inattendu. Cette aventure bouscule son quotidien, le sort de sa zone de confort et le rend émotif. Mais elle transformera sa vie à jamais. Quant à l’enquêteur maritime, on pourrait s’attendre à un intrépide aventurier pur et dur, mais comme d’autres protagonistes du roman, il démontrera une part de vulnérabilité à certains moments.
Pour ce qui est de Samuel Côté, on en apprend plus à la fin du livre sur ses accomplissements en tant qu’auteur, historien et… chasseur d’épaves! En ce qui concerne le premier tome mettant en vedette Éloi Fortier, l’auteur en fait un récit vivant, qui saura captiver même les lecteurs qui ne sont pas adeptes de ce type de romans.
Une nouvelle série littéraire à surveiller de près!
Éloi Fortier, chasseur d’épaves T. 1 – Les oubliés du fleuve, de Samuel Côté (2022), Montréal, 272 pages.