Chronique d’une tragédie annoncée
Par : Johanne Mathieu
Cette semaine, je me suis plongée dans le roman Nouveau système de Daniel Leblanc-Poirier, édité par Septentrion, la chronique d’une tragédie annoncée. Nouveau système relate l’histoire d’un jeune toxicomane dont l’ex-petite amie, Kikou, va mourir d’un cancer. Sa vie va en être complètement bouleversé.
Entre les allers-retours fréquents à l’hôpital, les visites du dealer, les petits incendies qu’il allume à la mémoire de celle qu’il aime et de celle qu’elle a été et les pulsions de violence et de culpabilité qu’il peine à contrôler, le narrateur remonte le cours de leur histoire d’amour, mais à l’envers : de la maladie et de la mort de Kikou, jusqu’au tout début, lorsqu’ils se rencontrent pour la première fois. Daniel Leblanc-Poirier explore ici les thèmes du deuil et de la violence.
Dans ce deuxième roman de l’auteur, la tragédie est bien présente, et ce, dès le début, à coup de citations douloureuses : « Elle avait le cancer! », « Elle tenait dans sa main un mouchoir maculé de sang. C’était terrible de voir ça. », « Il y avait tellement de souffrance dans ses yeux que j’ai pleuré. » Et même si une certaine poésie, poésie de l’ordinaire d’un quotidien, se pointe parfois (« On ne parlait pas, on faisait juste laisser couler le silence en versant du café. »), l’histoire ne décolle tout simplement pas.
Pourtant, une tragédie n’est jamais ordinaire. L’auteur réussit très bien à nommer la douleur de la perte et du deuil, il arrive à relater ce qui est, tout simplement, mais sans jamais creuser et aller en profondeur des choses. Il ne fait qu’effleurer les sujets qu’il aborde. Il a beau aligner les mots, décrire le tragique qu’un deuil implique, l’émotion ne perce pas et reste en surface. Et les questions taraudent le lecteur sans que le texte ne lui donne nécessairement de réponse. Par exemple, d’où provient la culpabilité dont parle Leblanc-Poirier tout au long du livre? Question peut-être de perception, mais le lecteur restera assurément sur sa faim.
J’aurais aimé ressentir la peine du narrateur, sa douleur, jusqu’à ses pulsions de violence. J’aurais aimé ressentir la montagne russe d’émotions qu’on me promettait. Je n’ai pas ressenti l’urgence de la perte et son intensité. L’émotion n’était simplement pas au rendez-vous.
Texte révisé par : Cloé Lavoie