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La symphonie « Leningrad » Yannick Nézet-Séguin

Un concert qui affiche complet

Crédit photo: Denis Germain Orchestre Métropolitain

Par Lynda Ouellet

Ce samedi 18 novembre l’Orchestre Métropolitain nous a offert le Concerto pour violon du compositeur norvégien Halvorsen et la symphonie nᵒ 7  « Leningrad » de Chostakovitch devant une salle comble. L’auditoire était remarquablement varié, comprenant des gens de tout âge.

Maria Dueña, une étoile montante

En première partie, le maestro Yannick Nézet-Séguin nous a présenté la violoniste qui interprétera le Concerto pour violon, Maria Dueña. Le maestro relate que l’œuvre, écrite en 1907, n’a été retrouvée qu’en 2016, il y a quelques années à peine à l’Université de Toronto. Il nous partage son admiration pour le talent de la soliste. Il confie : « Dans 5 ans, 30 ans ou 50 ans vous pourrez dire que vous étiez à Montréal pour l’entendre ».  Ce concerto aux limites du jouable demande une fine maîtrise de l’instrument avec ses doubles cordes et les enchainements acrobatiques.

On aime, et encore plus

Crédit photo: Denis Germain Orchestre Métropolitain

Dans une configuration où les cordes sont en évidence, le chef a mis l’Orchestre Métropolitain en appui au talent remarquable de la soliste.  Le jeu de l’orchestre, tout en retenue, a permis à l’auditoire recueilli d’apprécier l’œuvre de Halvorsen et d’apprécier l’interprétation de la jeune virtuose. Après une première ovation bien méritée, nous avons entendu la seconde pièce, La Jeune Fille Chante. C’est dans un registre doux et mélodieux que l’Orchestre Métropolitain et Maria Dueña nous ont entrainé dans l’écoute de cette musique touchante.

Un peu d’histoire

Pour la deuxième partie, le maestro présente le contexte de la symphonie nᵒ 7 « Leningrad » de Chostakovitch. Ils nous expliquent les codes pour que nous comprenions que cette musique séditieuse a été créée dans un contexte stalinien et nazi. Cette explication politique de Yannick Nézet-Séguin nous prépare à recevoir cette œuvre démesurée qui doit être interprétée par son contexte et non par son lyrisme.

Magnifiques vibrations

Crédit photo: Denis Germain Orchestre Métropolitain

L’auditoire attend manifestement le crescendo et la force de la musique annoncée par plusieurs critiques. L’orchestre commence donc à jouer. Le son occupe déjà l’espace dans cette salle magnifique qu’est la Maison symphonique. Au son de la caisse claire, insidieusement, il y a une montée graduelle de la puissance de l’orchestre., Nous attendons l’apothéose et lorsque nous croyons y arriver, le maestro et l’orchestre en rajoutent. Cette musique s’entend désormais par tout notre corps, la salle vibre et l’auditoire est sidéré. On a comparé cette ligne mélodique au Boléro de Ravel. En l’entendant, impossible de les confondre, l’un est une montée de sensualité, l’autre une montée brutale.

La trame musicale semble simple pour la Symphonie « Leningrad » de Chostakovitch. Elle n’illustre pas une histoire, elle demande plutôt un effort de compréhension du message crypté qui est transmis. Le deuxième mouvement est abordé tout en douceur, le thème musical est harmonieux. C’est dans ce mouvement, particulièrement, que l’on réalise vraiment comment cette musique communique le mouvement d’insurrection qui répond à l’oppression du totalitarisme de l’époque. Ensuite, le temps est suspendu et le troisième mouvement , un peu plus lugubre, demeure dans cette intemporalité.  On y trouve une cacophonie organisée et le tout se termine sur un éclat presque militaire.

Qu’est-ce qu’un grand chef?

Une ovation spontanée s’élève de l’auditoire pendant que le chef et l’orchestre demeurent immobiles, en communion après cette prouesse musicale. Yannick Nézet-Séguin prend le temps de reconnaitre ses musiciens, section par section. On sent l’affection de chacun dans cette reconnaissance.

Si parfois on se demande ce qu’est un grand chef, c’est un Yannick Nézet-Séguin. Il nous démontre qu’il rend chacun de ces musiciens meilleurs, ce qui a pour effet de former un ensemble musical exceptionnel.