Avec Lucinda Williams, The Mavericks et Justin Townes Earle
©Denis Alix/Équipe Spectra
Le gravier se frottait au chic vendredi soir à la Salle Wilfrid-Pelletier alors que Lucinda Williams, The Mavericks et Justin Townes Earle nous proposaient un voyage dans l’americana, celui des contrées du sud musical des États-Unis. Un beau cadeau que m’a offert sans le savoir le Festival international de jazz de Montréal.
Justin Townes Earle
Justin Townes Earle est arrivé tout de go en solo avec son folk-blues et sa guitare. Le gaillard avait le look d’un John Denver débraillé, mais doté de l’humour mordant d’un bluesman qui en a vu d’autres. « I hate happy songs. If Walking on Sunshine does anything but piss you off, there’s something wrong with you. Who wants to hear a song that feels better than they do? » (Je déteste les chansons heureuses. Si Walking on Sunshine ne vous fâche pas, il y a quelque chose qui cloche avec vous. Qui veut entendre des chansons de gens qui sont plus heureux que soi?)
L’auteur-compositeur-interprète encore sous les effets du décalage horaire (il arrivait d’un concert en Suède), marmonnait de tout et de rien entre ses chansons. Cela a pour effet de le rendre plus sympathique. Il annonce que le country est mort avant de se lancer dans un picking bien du genre. Sa voix sonnant comme si Dwight Yoakam et Roy Orbison avaient eu un enfant avec Bob Dylan. Il rend hommage à des grands comme George Jones, Billie Holiday. Il nous fait part de l’un de ses passe-temps préférés, celui de regarder le baseball. Il nous a offert 45 minutes bien rapides de chansons à propos de déchirures, d’abandon, de personnages tristes, mais grandioses, du vrai folk-blues quoi!
Earle baigne dans l’americana puisqu’il est tombé dedans dès sa naissance, à Nashville. Étant le fils de Steve Earle, on remarque que la pomme n’est pas tombée loin de l’arbre. Quoique cette pomme surette sait quand même s’en distancier. À revoir.
The Mavericks
J’ai appris que c’était la première fois que le groupe The Mavericks foulait le sol montréalais. Clairement, l’octuor de Miami était dû pour amener sa belle folie jusqu’ici, à voir l’enthousiasme que leur réservait le public.
The Mavericks, c’est comme si un groupe de mariachi avait décidé de faire du surf rock en s’établissant à Nashville. Du tex-mex délicieux! La mise en scène était à la fête et les musiciens étaient en feu. À noter l’excellente voix du chanteur Raul Malo qui retentissait dans la place sans même avoir à forcer la note. De la toune de party, on nous surprend ensuite avec un Rambling Rose émouvant. Le tout pour se terminer avec un rappel avec leur succès All You Ever Do Is Bring Me Down, là où tout le monde (ou presque) s’est levé pour danser.
Un bon moment, car l’americana, ce n’est pas juste à propos des désagréments du quotidien, c’est à propos de la vie en général et de l’importance de célébrer celle-ci.
Lucinda Williams
La tête d’affiche de la soirée a été accueillie chaudement par les gens présents. Certains l’ont reçue debout, comme on accueille une reine. Si l’heure était à la fiesta avec les Mavericks, un autre ton s’est installé avec Lucinda Williams. Sans flaflas, sans chichis, sans concessions, mais en toute humilité, elle nous a livré ses chansons à vif, droit au cœur. Le tout bien agrémenté d’un drawl du sud qui pimente sa voix et sa musique.
Le folk-rock de Williams est parfois si rude qu’il me semblait presque indécent de la regarder dans le poli Wilfrid-Pelletier, mais peu importe, la musique est là pour l’apprécier, peu importe le lieu. Avec une voix à la fois puissante et cassée, elle nous dévoile la vie ces bonnes personnes qui se sont perdues en cours de route (Lake Charles, Broken Angels). Elle parle de justice dans West Memphis. Elle nous raconte sa vision du monde When I Look at the World. En rappel, nous offre de l’espoir avec le gospel Get Right With God et sa reprise de Keep on Rocking in the Free World.
On écoute Lucinda Williams pour sa voix. On l’apprécie pour sa plume, elle qui est considérée comme l’une des meilleures auteures-compositrices américaines. On ressent une vie de vécu, une résilience malgré les intempéries. Elle nous offre une belle leçon de courage, comme on ne l’est pas près d’oublier.
©Denis Alix/Équipe Spectra